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Distribution

Guillaume Ramirez, Autopuzz : "Nous sommes tous des amoureux de la pièce"

Publié le 23 juillet 2025
Par Mohamed Aredjal
6 min de lecture
En seulement dix ans, Autopuzz est devenu un acteur clé du marché français de la distribution de pièces, grâce à des choix audacieux et bien affirmés. Son cofondateur et directeur, Guillaume Ramirez, revient sur les clés du succès d’une entreprise qui a su se faire une place singulière dans le paysage de l'aftermarket tricolore.
Pour Guillaume Ramirez, la croissance du groupe s’appuie avant tout sur une culture d’entreprise fondée sur la proximité et la réactivité. ©Autopuzz
Pour Guillaume Ramirez, la croissance du groupe s’appuie avant tout sur une culture d’entreprise fondée sur la proximité et la réactivité. ©Autopuzz

Le Journal de la rechange et de la Réparation : Autopuzz s’est rapidement imposé dans l’univers de la pièce de rechange. Pourtant, l’entreprise reste encore méconnue de certains acteurs du secteur. Pouvez-vous revenir sur sa genèse et les étapes clés de son développement ?

Guillaume Ramirez : L’histoire d’Autopuzz débute en réalité bien avant sa création officielle. J’étais alors salarié du groupe Hory, où nous avions lancé dès 2007 des sites de vente en ligne dédiés à la pièce automobile. L’activité a très vite pris de l’ampleur, mais nous étions confrontés à une limite physique et organisationnelle : faire tourner un site e-commerce dans un magasin de concession, ce n’est pas viable à long terme. Les flux augmentaient, les volumes aussi, et les locaux n’étaient plus adaptés.

À ce moment-là, j’ai ressenti le besoin de porter un projet plus structurant, plus ambitieux, avec l’envie de bâtir une activité pérenne autour de la pièce de rechange. J’ai présenté mes idées à Bernard Hory, président du groupe Midi Auto. L’échange a été décisif : nous avons décidé de nous associer, avec sa fille, Isabelle, pour fonder Autopuzz en 2014.

L’aventure a démarré à Caudan, dans le Morbihan. J’étais seul au début. Quinze jours plus tard, deux collègues m’ont rejoint. Nous étions trois, très motivés, avec une volonté farouche de faire notre place. Nous avons commencé par traiter les demandes que les autres délaissaient, les produits complexes ou peu rentables, les recherches spécifiques.

 

J2R : Votre développement s’est appuyé dès le départ sur une offre diversifiée et une proximité avec les réparateurs. Comment cette approche a-t-elle évolué dans le temps ?

G. R. : Nous avons toujours cherché à partir des besoins du terrain. Le réparateur est au cœur de notre réflexion. À chaque étape, nous nous sommes efforcés d’enrichir notre offre pour coller à ses attentes, tout en gardant une grande réactivité. Initialement centrés sur les marques Peugeot et Citroën, pour des raisons historiques et de compétences internes, nous avons rapidement élargi notre catalogue à toutes les marques, en pièce d’origine comme en pièce d’équipementier.

Notre gamme s’est ensuite étendue au matériel de garage, aux consommables, à l’outillage, bref, à tous les besoins quotidiens de l’atelier. Aujourd’hui, un garagiste peut s’équiper entièrement chez nous, y compris pour des demandes complexes ou très spécifiques. Cette capacité à répondre à tout, même à ce qui sort des standards, est restée une constante.

 

J2R : Quelles ont été les conséquences de cette croissance sur l’organisation d’Autopuzz ?

G. R. : Notre chiffre d’affaires a doublé plusieurs années de suite. Ce qui a évidemment entraîné une montée en puissance des effectifs. Mais au lieu d’aller chercher systématiquement des profils extérieurs, nous avons fait un choix fort : celui de la promotion interne. C’est un pilier de notre stratégie RH.

Notre premier vendeur est devenu responsable commercial. Mon premier magasinier est aujourd’hui mon directeur adjoint. La responsable marketing a débuté en alternance. Notre responsable d’exploitation est arrivé comme intérimaire. Nous avons bâti une culture d’entreprise solide, où chacun peut progresser s’il en a l’envie et les capacités. Ce modèle humain, fondé sur la fidélité et la montée en compétences, est un facteur clé de notre réussite.

 

J2R : Vous avez élargi votre activité à de nouveaux segments : clients particuliers, garages, puis vente de véhicules. Comment cette diversification s’est-elle opérée ?

G. R. : Cela s’est fait progressivement, mais toujours avec le même esprit d’observation du terrain. À force de voir des particuliers venir acheter leurs pièces chez nous et demander s’ils pouvaient aussi faire réparer leur voiture, l’idée d’ouvrir un atelier s’est imposée.

Quelques années plus tard, nous avons franchi un nouveau cap avec la vente de véhicules. Ce n’est pas courant pour un distributeur de pièces, mais nous avons vu là une opportunité.

Depuis septembre 2024, nous sommes distributeurs de la marque de pick-up Isuzu et de la marque de véhicules utilitaires Maxus, via un nouveau site à Lanester (56), qui intègre aussi une activité VO.

 

J2R : Quel est aujourd’hui votre maillage ?

G. R. : Ce point de vente complète notre réseau : la plateforme historique de Caudan (15 salariés), celle de Quéven, dotée d’un atelier, et la plateforme d’Évreux (27), ouverte en 2023, qui connaît un beau succès.

Plus récemment, en avril 2025, nous avons ouvert un garage à Cavaillon (84), dans une ancienne concession Citroën. Nous y développons les marques Maxus et Bosch Car Service, et c’est aussi notre premier site à arborer le label Distinxion pour la vente de voitures d’occasion. Dans la foulée, nous avons aussi repris un garage à Apt (84) où nous avons également pris le panneau Bosch Car Service. Plus récemment, début juin, nous avons ouvert un nouveau site Bosch Car Service à Caudan.

 

 

J2R : Quelle part représente chacune des activités dans votre chiffre d’affaires ?

G. R. : La pièce de rechange reste de très loin notre cœur de métier. Elle pèse 85 % de notre chiffre d’affaires. Le reste se répartit entre les ventes de véhicules neufs et d’occasion. C’est une activité complémentaire, qui nous permet de capter d’autres profils de clients et d’étendre notre maillage territorial.

 

J2R : Comment s’organise votre activité pièces de rechange ? Quels sont vos atouts sur ce marché ?

G. R. : Nous distribuons aussi bien la pièce constructeur que la pièce équipementier, avec un positionnement très complet. Ce qui nous distingue, c’est aussi notre capacité à développer des outils numériques sur mesure. Nous proposons à nos clients des sites de commande personnalisés, des plateformes en marque blanche, des services de logistique intégrée, un accompagnement téléphonique.

Par exemple, un réseau de garages qui souhaite commercialiser des pièces sous sa propre marque peut s’appuyer sur nous pour créer son site, assurer la livraison, le SAV, les conseils. C’est une offre clé en main qui séduit de plus en plus.

 

J2R : Et sur le plan logistique ?

G. R. : Nous avons aussi développé une vraie expertise logistique. Notre site principal tourne 24h/24, en 3×8, du lundi au samedi midi. Cela nous permet de traiter les commandes la nuit, d’optimiser les surfaces, et d’éviter les chevauchements d’équipes. Ce système, en place depuis trois ans, nous a permis de franchir un cap en termes de productivité.

 

J2R : Autopuzz est toujours lié au groupe Midi Auto. Quel est le détail de votre actionnariat ?

G. R. : Oui, nous restons étroitement liés. Midi Auto détient 55 %, Isabelle Hory en possède 30 %, et je détiens les 15 % restants.

 

J2R : D’après un classement publié par Les Échos, Autopuzz affiche une croissance annuelle moyenne de 42,65 % depuis 2020. Quels sont les moteurs de cette performance ?

G. R. : Il y a plusieurs facteurs. D’abord, notre proximité avec les clients. Nous sommes très présents sur le terrain. Chaque année, nous organisons un grand salon au stade de Lorient. Nous le transformons en un immense espace d’exposition, avec des stands fournisseurs, des animations et une soirée festive. En 2024, nous avons accueilli plus de 1100 personnes.

Nous organisons aussi des voyages clients : en juin, nous avons emmené les meilleurs d’entre eux au Portugal, à Lisbonne. Ces moments permettent de créer du lien, de recueillir des retours, d’ajuster notre offre. Ce sont des temps forts dans la relation client.

Ensuite, il y a notre logistique, pensée pour livrer vite et bien, et notre capacité à offrir un vrai service, au-delà du prix. Et puis, il y a notre culture d’entreprise. Chez Autopuzz, les gens aiment ce qu’ils font. Moi-même, je suis passionné par la pièce automobile depuis l’adolescence. Quand j’étais en 4e, je disais déjà que je voulais vendre des pièces ! Mes professeurs croyaient à une lubie, mais mes parents m’ont soutenu et je suis allé jusqu’au bout. Aujourd’hui, cette passion, je la retrouve dans mon équipe. Nous sommes tous des amoureux de la pièce.

 

J2R : Votre maillage territorial s’étend peu à peu. Peut-on parler d’un début de déploiement national ?

G. R. : Oui, c’est une dynamique qui se met en place naturellement. L’ouverture d’Évreux, il y a deux ans, a prouvé que nous pouvions réussir hors de notre base bretonne. Cavaillon vient confirmer cette capacité. Aujourd’hui, une grande partie du territoire est couverte à moins de 3 heures d’un de nos sites. C’est un avantage logistique important.

 

J2R : Vous avez opté pour l’enseigne Bosch Car Service. Pourquoi ce choix ? Et comptez-vous le développer ?

G. R. : Oui, c’est une orientation que nous assumons pleinement. Bosch Car Service permet de rester indépendant tout en bénéficiant d’un soutien technique solide, notamment sur les nouvelles technologies. Le réseau a aussi une belle image auprès du grand public, ce qui est précieux quand on développe des garages. Nous envisageons de multiplier les établissements sous cette enseigne.

 

 

J2R : Vous êtes également membre du groupement Alternative Autoparts. Qu’en attendez-vous pour la suite ?

G. R. : Nous avons rejoint le groupement en 2020. Ce qui nous plaît, c’est la souplesse. On vous propose, vous disposez. Le catalogue fournisseurs est très riche, les interlocuteurs compétents, les outils efficaces. Mais surtout, vous restez maître de vos décisions. Pas de quotas imposés, pas de contraintes. Cette liberté, paradoxalement, nous pousse à consommer plus dans le réseau.

 

J2R : Vous préparez votre prochain salon en novembre. Quelles sont vos ambitions pour cette édition ?

G. R. : Notre objectif est toujours de faire mieux. Plus de fournisseurs, plus d’ateliers, plus d’échanges. Ce salon est devenu un rendez-vous très attendu. Un réparateur m’a un jour confié : "Je ne vais même plus à Equip Auto, je viens chez vous et je trouve tout ce qu’il me faut." C’est une belle reconnaissance. Cela nous motive à élever encore le niveau.

 

J2R : Vous mentionniez des résultats prometteurs pour 2025. Quels sont vos objectifs chiffrés ?

G. R. : Nous ne nous mettons pas de pression excessive sur les chiffres, mais notre ambition de progresser reste évidemment très forte. En 2024, notre chiffre d’affaires a atteint 70 millions d’euros. En 2025, nous espérons encore une croissance de 30 %. À mi-parcours, les résultats sont très encourageants.

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