Inflation : un décalage entre le chiffre d'affaires des ateliers et leur activité réelle ?
Une progression en trompe l'œil : c'est le principal enseignement qui semble se dégager de la dernière étude de conjoncture de la réparation automobile menée par Xerfi Spécific. Dévoilée au cours du dernier Club de la Distribution Automobile (CDA) de la Feda, le 8 décembre 2022, cette enquête affiche des résultats, de prime abord, assez encourageants.
Des MRA et centres autos plus dynamiques
De janvier à octobre 2022, l'activité des garages (toutes catégories confondues) a, en effet, bondi de 3,4 %. Sur les deux derniers mois analysés (septembre - octobre), le niveau de chiffre d'affaires a augmenté de 2,5 % par rapport à 2021 et de 4,5 % par rapport à 2019.
Toutefois, cette performance positive doit être relativisée selon la typologie de l'atelier. En effet, le taux d'évolution sur septembre - octobre est particulièrement favorable aux centres autos (+7,9 % par rapport à 2019) et aux MRA (+7,4 %). L'activité semble, en revanche, moins dynamique chez les réparateurs rapides / pneumaticiens (+4,4 %) et, surtout, chez les réparateurs agréés (+0,8 %).
Parmi les raisons qui peuvent justifier ces écarts, Laurent Frelat, vice-président de Xerfi Spécific, met en évidence le vieillissement du parc roulant – accéléré par l'écroulement du marché VN – et l'inflation, deux phénomènes favorables aux réparateurs indépendants et multimarques.
Pièces techniques : des ventes en recul
Par ailleurs, le cabinet appelle à une pondération plus globale de ces résultats, tirés vers le haut en partie par les augmentations tarifaires. "Depuis le début de l'année, nous estimons que cet effet prix est compris entre +6 et +7 %", précise Laurent Frelat. Autrement dit, si le chiffre d'affaires a effectivement progressé dans les ateliers, l'activité a probablement été beaucoup moins dynamique que ne laissent penser les chiffres du baromètre Xerfi.
L'inflation est aussi perceptible à travers les résultats de ventes de pièces. En effet, si les pièces de grande vente (PGV) affichent un bilan encore positif avec des ventes en hausse de 1 % de janvier à octobre, les produits techniques sont plus à la peine (-2,7 %). Un bilan qui laisse penser que les réparations lourdes et onéreuses sont retardées par les automobilistes.
Des garages fragilisés ?
Dans cet environnement de marché, Xerfi Spécific estime que la santé financière des MRA pourrait se dégrader dans les prochains mois, en raison de marges dégradées et de trésoreries exsangues pour les plus fragiles. A cette conjoncture, il faut ajouter, pour les entreprises concernées, les remboursements en cours des prêts garantis par l'Etat (PGE), qui ont démarré il y a environ six mois.
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Le cabinet appelle donc les distributeurs à la prudence, estimant que les risques de défaillances de paiement dans les garages pourraient s'accroître dans les prochains mois.