Nexus Automotive prépare sa mutation
Après Montreux (Suisse), Abu Dhabi (Émirats arabes unis), Amsterdam (Pays-Bas) et Vienne (Autriche), c’est à Montréal (Canada) que Nexus Automotive a tenu son Business Forum, du 21 au 23 mars. Une localisation choisie à dessein par le groupement qui, en janvier 2022, accueillait dans ses rangs Automotive Parts Services Group (APSG). Une recrue de taille puisque l’opérateur représente plus de 5 000 sites en Amérique du Nord, pour un chiffre d’affaires estimé à environ 7 milliards de dollars.
Grâce à ce renfort, les adhérents nord-américains (Advance Auto Parts, Vipar Heavy Duty, etc.) pèsent 48 % du volume d’affaires global généré par la communauté Nexus Automotive. Un rééquilibrage géographique pour l’ITG (international trading group) né sur le Vieux Continent, qui jouit désormais de positions renforcées sur l’ensemble des marchés internationaux. Quelques chiffres pour s’en convaincre : la communauté fédère 392 distributeurs issus de 140 pays, réalisant un CA consolidé de 39 milliards d’euros ainsi qu’un volume d’achat de 5,5 milliards d’euros.
Fort de cet ancrage international, Nexus Automotive peut offrir de nouvelles opportunités commerciales à sa centaine de partenaires équipementiers. "Nous voulons aider nos fournisseurs européens à développer leurs parts de marché en Amérique du Nord. Et, inversement, de nombreux fabricants américains souhaitent accélérer leur expansion géographique en Europe, en Asie…", confirme Gaël Escribe, patron du groupement.
Un nouveau modèle transactionnel
À l’aube de son 10e anniversaire, Nexus Automotive peut aborder l’avenir avec confiance. Malgré un contexte compliqué, marqué par une forte inflation et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, le groupe a enregistré l’an dernier une "forte croissance" de ses activités. Mais pas question de se reposer sur ses lauriers : l’heure est à la réorganisation pour faire face aux défis d’un marché sans cesse mouvant.
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Après avoir franchi chaque étape de son développement avec succès, malgré une ascension très rapide, l’ITG a prévu de réaménager ses équipes autour de groupes d’experts spécialisés. L’une de ces "focus teams" sera notamment dédiée au nouveau modèle commercial que Nexus veut adopter dès fin juin.
"Nous voulons passer à un modèle transactionnel. De nombreux équipementiers cherchent de nouvelles opportunités auxquelles nous voulons aujourd’hui répondre. C’est quelque chose qui n’aurait pas été possible il y a trois ans", confie Gaël Escribe.
C’est une vraie transformation que souhaite donc amorcer le groupement en s’émancipant de son rôle d’intermédiaire pour devenir un fournisseur à part entière de ses adhérents. Objectif : avoir une meilleure maîtrise de ses approvisionnements et ainsi mieux répondre aux besoins de ses différents membres.
En optant pour un modèle transactionnel, Nexus Automotive veut aussi améliorer ses conditions d’achat et se rapprocher des niveaux accordés aux géants de la distribution (LKQ, GPC, etc.). Pour mener à bien ce projet, l’ITG mettra à profit ses capacités financières et logistiques. La centrale compte déjà deux plateformes en Europe, situées en France et en Pologne. Entièrement automatisée, cette dernière s’étend sur une superficie de 10 000 m². "Si vous voulez prendre part au jeu, il faut en respecter les règles. Et la logistique en fait partie", insiste le PDG.
Une nouvelle approche autour de sa marque privée
Avec l’adoption de ce modèle transactionnel, le dirigeant espère aussi donner un nouvel élan à sa marque privée (Drive+) et développer ses activités sur un segment de marché en plein essor. "Le parc roulant est vieillissant, observe Gaël Escribe. Dans certains pays, il vieillit de plus de trois mois chaque année. Il faut apporter une solution aux propriétaires de ces véhicules âgés qui souhaitent les entretenir avec des produits de qualité."
Face à la progression de Napa sur le Vieux Continent mais aussi des MDD commercialisées par plusieurs pure players, Nexus Automotive va donc passer à l’offensive. Mais avec une approche qui lui est propre. "Nous voulons avancer différemment sur ce sujet, et notamment en nous déconnectant de l’Asie. Après avoir traversé la pandémie de Covid, il est bon de se pencher sur des solutions plus locales." L’enjeu autour des marques privées est d’autant plus important pour le groupement que ce dernier veut sécuriser son approvisionnement face à une industrie en pleine transformation.
Nous doutons sincèrement que le paysage industriel que nous connaissons aujourd’hui sera le même dans cinq à dix ans. […] Nous devons donc gérer ce risque et ne pas laisser des milliers de distributeurs subir la décision d’un groupe qui aurait décidé de fermer ses usines. Nous devons garder un certain nombre d’options sur la table pour anticiper tout ce qui pourrait arriveranalyse Gaël Escribe.
Nexus devient un acteur de la consolidation
Anticiper les risques : c’est justement le leitmotiv qui a conduit Nexus Automotive à fourbir ses armes pour faire face à la concentration à l’œuvre dans l’aftermarket. Devant la frénésie d’opérations de croissance externe réalisées ces dernières années par les géants du secteur, le groupe a réagi en créant une équipe dédiée aux projets de consolidation. Le groupement souhaite accompagner ses adhérents dans d’éventuelles acquisitions, en mettant son expertise à leur disposition, et se dit même prêt à réaliser lui-même ces opérations si nécessaire.
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Une stratégie mise en œuvre ces derniers jours avec le rachat du distributeur finlandais Örum (affilié jusqu’ici à Global One Automotive) par Autoparts United, société soutenue par Nexus Automotive. "C’est simple : nous sommes en mesure d’investir dans tous les pays où nous ne faisons pas aujourd’hui partie du top 3", explique Thierry Mugnier, directeur financier de Nexus Automotive. Autrement dit, là encore, l’ITG est prêt à outrepasser son rôle pour préserver son modèle collaboratif.