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Rétrofit : Lormauto stoppé net, faute de soutien

Publié le 22 mai 2025
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Par Mohamed Aredjal
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2 min de lecture
Malgré une vision prometteuse et un marché identifié, la start-up Lormauto, spécialiste du rétrofit, met fin à son activité. La jeune entreprise normande met directement en cause Bpifrance, accusée d’avoir freiné l’aboutissement de son projet industriel.
Lauréat de France 2030, Lormauto n’a pas réussi à lever les fonds nécessaires à l’industrialisation de son activité de rétrofit. ©Lormauto
Lauréat de France 2030, Lormauto n’a pas réussi à lever les fonds nécessaires à l’industrialisation de son activité de rétrofit. ©Lormauto

La start-up Lormauto, spécialisée dans la conversion électrique de Renault Twingo d’occasion, vient d’annoncer la cessation de ses activités. Le tribunal de commerce de Caen a prononcé sa liquidation judiciaire le 21 mai 2025, scellant le destin d’un projet industriel innovant, porté par une forte ambition écologique.

Un projet industriel jugé viable mais freiné

Créée en 2020 à Argences, près de Caen, Lormauto visait à proposer une alternative locale et sobre à la production de véhicules neufs. Son modèle : électrifier des Twingo thermiques en fin de vie, en y intégrant moteur et batteries pour les revendre à un prix de 20 000 euros, entretien inclus. Ce projet de rétrofit, tout autant écologique qu’économique, promettait une autonomie de 100 km, adaptée à l’usage urbain et périurbain.

En début d’année, l’entreprise normande avait livré un premier véhicule à la région Normandie. Elle revendiquait également un carnet de 900 intentions d’achat. L’usine était opérationnelle, les véhicules homologués, et plusieurs partenaires privés se disaient prêts à accompagner la montée en cadence.

Un financement bloqué dans sa dernière ligne droite

La bascule vers une production industrielle reposait sur l’obtention d’une seconde tranche de subvention publique, à hauteur de 1,9 million d’euros, dans le cadre de l’appel à projets France 2030. Cette aide, conditionnée à la levée de fonds privés, n’a pas été débloquée à temps. "On a fait sur fonds privés tout ce qu’il fallait pour arriver à l’industrialisation, on a livré les premiers clients", explique Sébastien Rolo, cofondateur de Lormauto, à l'AFP.

Lormauto affirme que les blocages ne sont pas venus d’un défaut de modèle, mais d’un manque de clarté et de réactivité dans l’instruction du dossier. "Nous n’avons pas échoué industriellement. Nous n’avons pas manqué de marché. Nous avons simplement été arrêtés", déplore l’entreprise dans un post publié sur LinkedIn.

Une mise en cause de Bpifrance

Dans son message, la PME de 10 salariés pointe directement la responsabilité de Bpifrance, à qui l’instruction du dossier avait été confiée. Elle déplore des "règles reformulées" et des délais qui se sont "étirés", jusqu’à rendre le projet irréalisable à court terme.

De son côté, la banque publique d’investissement rappelle qu’elle a soutenu Lormauto depuis sa création. Elle précise que le versement de la seconde tranche restait soumis à une levée de fonds, condition qui n’a pas été remplie. Bpifrance invoque aussi un avis défavorable du Fonds Automobile (FAA), financé par Stellantis, Renault et l’État, qui mettait en doute la viabilité économique du modèle proposé, notamment son positionnement prix.

Lormauto dénonce, de son côté, un choix politique sous couvert de prudence financière. "Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, mais aussi administrateur de Stellantis, […] vient de shooter la filière française du rétrofit automobile", écrit l’entreprise.

Si leur activité s’interrompt, les fondateurs de Lormauto estiment toutefois que leur démarche n’a pas été vaine. "Ce que nous avons construit ne disparaît pas totalement", écrivent-ils, en soulignant le travail réalisé pour lever les freins techniques, commerciaux et réglementaires au rétrofit.

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