Rétrofit R-Fit : le futur de l'ancienne en ville est électrique
Depuis 2016, Stéphane Wimez s'est lancé dans un pari fou, celui d'électriser des modèles de véhicules anciens. L'homme à la tête du Méhari Club Cassis, spécialiste de la restauration des icônes de la marque aux chevrons et de la vente de pièces détachées dédiées, est un amoureux du bicylindre thermique les motorisant.
Pour autant, la montée en puissance de l'électrique, les législations qui l'accompagnent ou encore les zones à faibles émissions (ZFE) mettent en péril l'automobile ancienne et ses motorisations d'arrière-garde. Initiée sur la 2CV et 2CV camionnette en 2020, l'homologation des kits de rétrofit s'est ensuite étendue à la 4L en septembre 2022 et la R5 en 2023, avec le soutien de la branche The Originals de Renault.
Le Méhari Club Cassis est allé encore plus loin avec le projet Eden. D'apparence identique à la Méhari d'époque, Eden est entièrement construite dans leur usine de Cassis (13), conçue pour n'être qu'électrique et considérée comme un quadricycle lourd L7e.
La pertinence d'intégrer un moteur électrique dans une ancienne pour lui permettre de rouler à l'avenir est réelle, mais R-Fit fait encore grincer les dents des collectionneurs et autres aficionados de l'essence brûlée.
R-Fit, le meilleur allié des centres-villes
La fiche technique de ces anciennes rétrofitées par le club méditerranéen comporte beaucoup de similitudes avec le cahier des charges originel. Comme la législation l'oblige, la puissance est identique au moteur thermique d'usine, mais la batterie lithium-fer-phosphate couplée au moteur "Brushless Synchrone" offre un agrément de conduite supérieur caractérisé par un couple plus important et disponible à bas régime.
La transmission manuelle à quatre rapports, voire cinq sur la R5, est conservée, mais la première vitesse est condamnée et le démarrage en seconde n'est pas des plus efficients. L'embrayage ayant tendance, sur certains modèles, à refuser le couple instantané transmis par l'électricité.
La véritable ombre au tableau de la transformation R-Fit, c'est l'autonomie, réduite à moins d'une centaine de kilomètres après un chargement complet en 3h30. En thermique, ces Citroën et Renault peuvent facilement atteindre entre 250 et 500 km, selon le modèle, avec un plein d'essence. Le club de Cassis se rassure sur la donnée de l'automobiliste parcourant en moyenne seulement 13 km par jour en agglomération. Le statut de citadines, de voitures de week-end… et de plage se confirme pour ces anciennes électrisées.
Rétrofitée…
Bien que déroutante lorsque l'on est habitué à la version thermique, la conduite de ces anciennes rétrofitées est étonnamment simple. La prise en main est rapide, mais il faut se souvenir d'oublier le point de patinage de la pédale d'embrayage. Le freinage reste inchangé et il est absolument nécessaire d'anticiper ce moment dans la circulation moderne.
Sur les modèles essayés, l'impression de conduite est très différente. Quand la 2CV camionnette est bruyante et transmet un comportement sensible et saccadé, la 4L, plus insonorisée et plus confortable, mais aussi plus lourde, paraît poussive.
La R5 semble plus maniable. Elle est agile et procure une sensation de vitesse étonnante, attribuée au silence, à la suspension plus ferme et surtout à la boîte plus adaptée au fonctionnement à pile. Il ne faut pas oublier que sa puissance est supérieure aux autres modèles rétrofités par le club sudiste, puisque suivant la fiche technique d'époque.
Pour quiconque souhaite rouler décalé, rétro et écolo dans une ZFE, la R5 rétrofitée semble être une réelle alternative aux citadines modernes.
… ou réinterprétée
Fabriquée à l'instar d'une Méhari d'époque, l'Eden est tout de même plus propice à l'électrique. La technologie est entrée dans la conception, et ça se ressent. Les batteries sont implantées en lieu et place du réservoir d'essence, à l'arrière, offrant une meilleure répartition des masses. La boîte quatre vitesses n'est plus, et le levier d'origine au tableau de bord offre uniquement la possibilité d'avancer et de reculer, ce qui est très pratique.
In fine, l'Eden s'avère être une voiture très ludique avec un large choix de personnalisations. Le prix du quadricycle débute à 35 000 euros et les options peuvent facilement lui faire dépasser les 50 000 euros. Nul doute que l'objet de collection décliné aux couleurs des sorbets se destine à une minorité.
Rouler en ancienne électrofitée représente tout de même un investissement. Sur une 2cv dont la cote a vertigineusement grimpé ces dernières années et se trouve entre 12 et 14 000 euros, il faudra rajouter la coquette somme de 14 900 euros pour la transformation.
Les modèles Renault 4L et R5, dont la cote est plus intéressante que les Citroën, sont aussi plus rentables à rétrofiter. Elles se négocient entre 4 000 et 8 000 euros. Le rétrofitage de ces citadines au losange coûtera respectivement 17 900 et 21 900 euros.
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À noter que des aides de l'État peuvent alléger la facture finale. Mais les collectionneurs sont-ils vraiment préparés à dépenser le prix de leur ancienne, voire le double, pour la convertir à cette nouvelle technologie ? La question mérite réflexion, s'il s'agit d'assurer l'avenir de la collection !