Sopartex cultive sa différence
La rechange tricolore recèle des représentants tous plus différents les uns que les autres. Entre tous, Sopartex demeure toutefois un cas encore plus à part. Son modèle ne ressemble en effet à aucun autre, et cette singularité est âprement cultivée au quotidien par son équipe dirigeante. Bien consciente de ce qui peut se passer ailleurs sur son marché, elle n'en reste pas moins fidèle à une philosophie portée depuis près de 70 ans. Sopartex a en effet vu le jour en 1954.
Initialement spécialisée dans les éléments électroniques, la société s'est rapidement réorientée vers les pièces détachées pour le monde de l'automobile et celui de la motoculture. Deux piliers qui pèsent respectivement deux et un tiers de son activité, pour un total de 15 000 clients actifs, et qui contribuent à sa singularité. Mais celle-ci va bien plus loin. Acteur discret de la distribution, Sopartex a fait le choix d'une stratégie qui va à l'essentiel, minimaliste pour certains, optimisée pour d'autres.
Aucun marketing, aucune communication, des coûts logistiques moins importants qu'ailleurs, pas de remise ni de plan promotionnel… Un pragmatisme que la plateforme suit également dans sa stratégie de distribution puisqu'elle commercialise ses produits en direct aux réparateurs, en sautant ainsi le maillon du distributeur. Pour la société, tout doit aller dans le sens de la pièce et du service client, étant entendu que le rapport qualité-prix demeure un élément non négociable entre les deux.
L'importance de la technique et du commerce
Son créneau est ainsi de ne traiter qu'avec des clients professionnels et de ne leur proposer quasi uniquement que des marques propres (plus de 90 %). Un parti pris qui dénote, mais sur lequel Sopartex excelle. "Notre ambition est de proposer tout ce dont les ateliers ont besoin", pose en préambule Laurent Benveniste, président et par le passé directeur marketing de Bricorama ou encore cadre dirigeant chez PPG.
La société s'appuie ainsi sur les marques Auto Contact en freinage, Supra en essuyage, Normeca en distribution et en filtration, Techmeca en transmission ou encore Sopartex pour les produits d'atelier. Sur le plan industriel, toutes ces références proviennent des usines livrant les principaux équipementiers mondiaux, avec lesquels Sopartex traite en direct. "On a un profil atypique car on peut être à la fois sourceur, assembleur et même designer", ajoute Laurent Benveniste.
Pour assurer la bonne marche de son modèle, la société s'appuie, sur le plan humain, sur deux métiers majeurs. Des techniciens tout d'abord, avec notamment deux personnes dédiées au sourcing, et d'autres qui montent puis essaient les références proposées. Des commerciaux ensuite, avec une véritable armada de 80 personnes (sur un effectif total de 150 collaborateurs !) qui rayonnent sur l'ensemble du territoire. Dans un schéma usine-Sopartex-clients, on comprend l'importance des uns et des autres.
10 à 30 % moins cher que les équipementiers
C'est aussi grâce à ce modèle réduit à son plus simple appareil que la société parisienne est en mesure d'afficher des tarifs ultra-compétitifs, de 10 à 30 % inférieurs à ceux pratiqués par les équipementiers. "En faisant appel à nous, les clients cherchent avant tout le rapport qualité-prix." Et pour que l'histoire perdure, Laurent Benveniste, soutenu par le principal actionnaire de la société, Stéphane de Billy, un entrepreneur indépendant qui a intégré le tour de table en 2004 avant de monter progressivement au capital, a acté un développement majeur.
Basé au départ à Levallois puis pendant longtemps à Gennevilliers, le distributeur a quitté les Hauts-de-Seine début 2023 pour s'implanter quelques minutes plus au nord, à Frépillon, dans le Val-d'Oise. "Nous manquions de place depuis plusieurs années. Sous « l'effet Distrigo », les prix ont reculé et nous avons dû augmenter nos stocks pour maintenir notre croissance", détaille Laurent Benveniste. Adieu donc les 3 500 m² de l'ancien entrepôt, bonjour aux 8 500 m² du nouveau, flambant neuf au demeurant. Installée au confluent de l'A115 et de la N184, dans une zone industrielle récemment bâtie, la plateforme dispose d'un outil au design soigné et au potentiel indéniable.
Le stock avant tout
À l'intérieur, 4 000 palettes d'une valeur de 5 à 6 millions d'euros sont stockées. Autre particularité : elles sont concentrées sur des assortiments courts pour plus de volumes, et de gros volumes, parfois plus importants que les leaders du marché sur certaines références. “Notre métier n'est pas de faire de la commande urgente. Notre métier est de faire du stock !", martèle le dirigeant. Et de pousser le raisonnement : "On est aujourd'hui dans un métier irrationnel. Le garage ne doit pas dépendre d'une plateforme régionale pour une vidange. Ce sont des opérations qui s'anticipent. Et puis, c'est un non-sens écologique."
Ici, les notions de H+4 ou H+2 n'existent pas. Une commande passée avant 16h30 sera livrée dès le lendemain matin partout en France. Porté par sa nouvelle plateforme et son succès croissant (son chiffre d'affaires devrait atteindre 24 ou 25 millions d'euros en fin d'exercice), Sopartex voit d'ores et déjà plus grand. La réserve foncière de 1 800 m² attenante à l'entrepôt sera aménagée dès 2025. Cet agrandissement permettra d'assumer aussi les prochains développements espérés. Sur sa feuille de route, Laurent Benveniste envisage de renforcer les gammes d'outillage et de consommable d'atelier. "Cela viendrait aussi renforcer l'idée d'être un « one stop shop » pour nos clients."
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Sur un tout autre plan, le dirigeant souhaite aussi aller plus loin dans sa logique de volume en récompensant ses partenaires qui passeront de plus grosses commandes. Enfin, il ambitionne d'améliorer un taux de rupture déjà respectable (5 %) en l'abaissant à 3 %. Une manière de renforcer la position d'incontournable de Sopartex et de redonner de la valeur aux clients.