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Distribution

Stéphane Antiglio dévoile ses ambitions avec Oscaro

Publié le 14 novembre 2018
Par Mohamed Aredjal
3 min de lecture
Après avoir officialisé le rachat d’Oscaro, Parts Holding Europe (PHE) veut s’affirmer comme un leader de la distribution omnicanale de pièces de rechange. Président de la holding, Stéphane Antiglio met en lumière les enjeux stratégiques qu’il entend relever avec le leader de la vente de pièces sur internet.
Stéphane Antiglio voit dans le rachat d'Oscaro le symbole d'une réconciliation entre le e-commerce et la distribution traditionnelle.

 

Pourquoi avoir augmenté votre participation dans le capital d’Oscaro ?

Si on reprend la chronologie de cette opération, elle reflète finalement l’évolution de la situation d’Oscaro. Dans un premier temps, notre prise de participation a été très symbolique : il fallait répondre à un besoin ponctuel dans le cadre d’un partenariat entre les deux entreprises. Oscaro a été par la suite l’objet d’attaques très critiques, ont durement impacté l’entreprise. Les tensions se sont aggravées fin septembre avec la publication systématique de messages très négatifs qui ont déstabilisé l’entreprise. Nous sommes donc intervenus dans un second temps pour soutenir Oscaro en engageant des premières négociations avec Pierre-Noël Luiggi. Elles se sont finalisées hier et nous avons, dans la foulée, officialisé le rapprochement entre Oscaro et PHE, notre maison-mère. Pierre-Noël Luiggi siègera au conseil de la société et nous allons mettre en place une direction opérationnelle qui sera assurée par une équipe de transition avec une véritable expertise dans le digital. Directeur du cabinet de conseil Boston Consulting Group, Philippe Nobile sera à la tête de cette équipe qui assurera quelques mois la gestion d’Oscaro en attendant un recrutement.

Dans quelle situation se trouve Oscaro aujourd’hui ?

Les ventes ne sont pas à l’arrêt mais les messages négatifs dont l’entreprise a fait l’objet ont eu un gros impact sur son activité. Il y a plusieurs priorités. Oscaro a tout d’abord un problème d’assortiment restreint : il faut donc renouer avec certains partenaires pour élargir l’offre. Plusieurs clients ont également rencontré des problèmes de remboursement que nous devrons régler. Sur internet, contrairement à la distribution traditionnelle, les choses vont très vite, dans le bon sens comme dans le mauvais. La notion d’e-réputation est éminemment importante, c’est extrêmement sensible. Il s’agit désormais de regagner la confiance des clients.

Comment expliquez-vous les difficultés traversées par Oscaro ?

Oscaro, c’est surtout une belle réussite avec une entreprise qui a créé un segment de marché en France. Dix ans seulement après sa création, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires supérieur à 300 millions d’euros. Après avoir fait ce constat, on peut effectivement identifier plusieurs choses à améliorer, notamment dans l’exécution. Oscaro avait besoin de s’adosser à un groupe plus important financièrement. Ce n’était plus une start-up mais elle fonctionnait encore comme telle. Pierre-Noël Luiggi détenait l’intégralité du capital et n’avait pas souhaité jusqu’ici faire entrer de capitaux, ce qui a limité les capacités de développement de l’entreprise. Il fallait redonner un nouveau souffle à Oscaro. C’est quelque part le symbole de la réconciliation entre le e-commerce et la distribution traditionnelle.

Quelles synergies seront développées entre Autodis et Oscaro ?

Les synergies doivent être trouvées dans la complémentarité des savoir-faire des deux entités. Autodis apportera son savoir-faire en termes de logistique et de distribution, deux éléments très importants dans le modèle Oscaro. L’entreprise dispose déjà de son propre outil logistique avec parmi ses fournisseurs ACR et Doyen Auto, deux filiales de PHE. Elles resteront partenaires d’Oscaro mais nous n’avons pas vocation à devenir le seul fournisseur du site. D’ailleurs, je tiens à préciser qu’Oscaro restera indépendant dans sa gestion. Le site sera donc toujours un concurrent du réseau Autodistribution ! Même si nous ne nous adressons pas exactement aux mêmes segments de marché.

Comment comptez-vous harmoniser les stratégies tarifaires entre Autodis et Oscaro ?

Il faut rappeler qu’Oscaro n’est plus seul au monde : les niveaux de prix web sont désormais imposés par le marché et non par un seul acteur. Dans le prix d’une pièce, il y a un coût de service. Or ce service a une valeur différente pour des clientèles professionnelle et grand public. Les modèles n’impliquent pas les mêmes exigences et donc les mêmes investissements. Mais si vous me demandez mon avis sur le prix des pièces sur internet, je pense que les niveaux de tarification sont trop agressifs. Ce qui explique d’ailleurs que les acteurs du e-commerce ont du mal à dégager la rentabilité dont ils ont besoin. Ce qui était le cas d’Oscaro.

Ne craignez-vous pas de vous mettre à dos les distributeurs Autodistribution avec le rachat d’Oscaro ?

Il y a 8 ans, cette opération aurait été inenvisageable. Aujourd’hui, nos distributeurs ont pris conscience de l’existence de ce marché web. Avec ou sans Oscaro, c’est un canal de vente qui a désormais son importance mais qui a aussi ses limites. Je rappelle que la grande majorité des automobilistes consommateurs ne se tournent pas vers le web pour l’entretien de leur véhicule. C’est donc finalement une bonne chose qu’un même groupe couvre tous les segments de marché.

Depuis plusieurs mois, des rumeurs insistantes font état d’une vente imminente du groupe Autodis. Ces bruits de couloir sont-ils fondés ?

Je vais vous surprendre par ma réponse : non et oui. Bain Capital est un fonds d’investissement entré dans le capital d’Autodistribution avec l’ambition d’en ressortir un jour. Mais cette opération n’est pas à l’ordre du jour.

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