Tolv, du "proof of concept" à l'industrialisation
Si l'aventure s’est terminée plus tôt que prévue pour Transition-One, Tolv poursuit son développement sur le marché du rétrofit. La start-up grenobloise, fondée en 2018, a remis les clés d’un nouveau véhicule rétrofité, le 16 mars dernier, à la municipalité de Montreuil (93). Une étape supplémentaire franchie par la jeune pousse, qui avait engagé ses premières discussions avec la ville francilienne un an auparavant.
"Montreuil a été une des premières collectivités à nous faire confiance", confie Antoine Desferet, cofondateur de Tolv. L’utilitaire (un Renault Trafic) a été remis aux agents de la ville qui vont pouvoir l’utiliser dans le cadre de leurs fonctions, liées notamment à l’entretien de la voierie. Des interventions auxquelles l’usage d’un véhicule rétrofité répond parfaitement selon Tolv. "Les véhicules des collectivités ont l’avantage d’être adaptés au rétrofit car leurs trajets dépassent rarement le périmètre de la ville", indique Antoine Desferet.
Un avis visiblement partagé par la mairie de Montreuil, qui rappelle que cette livraison contribue à la conformité de la ville vis-à-vis des exigences réglementaires portées par la loi d’orientation des mobilités (LOM), qui impose un verdissement des flottes publiques. Coût du rétrofit pour la collectivité : 23 000 euros. "Soit deux moins cher qu’un véhicule neuf électrique", précise Antoine Desferet. Tolv espère désormais transformer l’essai et convertir une plus large partie de la flotte montreuilloise. Au total, une cinquantaine de véhicules pourrait être concernée.
Tolv passe la vitesse supérieure avec Renault
Montreuil n’est pas la seule ville qui bénéficiera des services de la start-up. Cette dernière a déjà converti des véhicules pour diverses collectivités (Pantin, Rouen, Strasbourg, Grenoble, etc.) ces dernières semaines. Plusieurs PME l’ont également sollicitée pour convertir tout ou partie de leur flotte. Au total, l’entreprise grenobloise a rétrofité une quinzaine d’utilitaires depuis sa création et espère en livrer une trentaine supplémentaire d’ici à la fin de l’année.
Et ce rythme devrait s’accélérer puisque, rappelons-le, elle a obtenu l’homologation de ses deux premiers kits de rétrofit pour les Renault Trafic produits entre 2000 et 2006 puis entre 2006 et 2014. Un autre projet d’homologation est également en cours pour un autre modèle au losange : le Renault Master. "Nous devrions obtenir cette homologation au cours du 2e semestre", ajoute le dirigeant de Tolv.
Si la jeune pousse avance désormais à grands pas, c’est en partie grâce à son partenariat noué depuis l’été dernier avec la marque au losange. Des investissements ont d’ailleurs été engagés par les deux partenaires pour installer la production de Tolv dans la Re-Factory de Flins (78). Objectif : atteindre le cap des 1000 véhicules rétrofités en février 2024. "C’est un timing assez serré mais qui démontre une volonté de mettre en place des véhicules électriques sur le marché et notre capacité à accélérer notre stratégie", argue Antoine Desferet.
Une levée de fonds bientôt finalisée
Cette phase industrielle ne constitue, là encore, qu’une étape dans la feuille de route de l’entreprise iséroise. Si cette dernière atteint les objectifs qu’elle s’est fixés avec Renault, elle espère passer à une seconde phase de ce partenariat en développant notamment des kits de rétrofit pour de nouveaux modèles.
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A cette fin, elle pourra s’appuyer sur les fonds levés avec son dernier tour de table, initié le 31 janvier. Cette opération menée auprès d’investisseurs et de banques a été couplée à une campagne lancée sur une plateforme de financement participatif. Au total, Tolv vise un objectif de 7,5 millions d’euros. "Nous devrions atteindre notre objectif mais ce n’est pas une fin en soi. Ces fonds nous permettront de poursuivre notre développement", conclut Antoine Desferet.