Airbags Takata : le contrôle technique passe à l'offensive

24 mois. C'est le délai que s’est fixé le gouvernement pour passer au crible l'intégralité de son parc automobile et éliminer définitivement la menace des airbags Takata.
Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires franchit une nouvelle étape dans la gestion de cette crise en intégrant le contrôle technique comme outil de vérification systématique. Annoncé au cours du dernier été, ce dispositif entrera en vigueur dès le début de l'année prochaine, après publication du décret au Journal officiel.
Un système de détection automatisé
Désormais, lorsqu'un automobiliste se présentera dans l'un des 6 713 centres de contrôle technique français, le contrôleur consultera automatiquement, via son système d'information centralisé, une base de données actualisée recensant tous les véhicules porteurs d'airbags Takata. Cette interrogation s'effectuera à partir du numéro d'identification du véhicule (VIN), au moment même de l'enregistrement.
Si aucun rappel grave n'apparaît, l'examen se déroulera normalement. En présence d'un rappel grave constructeur, le propriétaire recevra une simple information mentionnée sur le procès-verbal, sans conséquence immédiate.
"C'est une nette amélioration par rapport au système précédent, puisque là, à chaque contrôle technique, le propriétaire du véhicule aura une visibilité sur le ou les rappels graves qui concernent son véhicule", a précisé Alexandre Dozières, directeur adjoint à la DGEC, lors d'un point presse organisé cette semaine.
Pour les véhicules équipés d'airbags Takata classés en "stop drive", la procédure sera plus contraignante. Dans ce cas, le véhicule sera d’emblée placé en contre-visite pour défaillance critique. Ce qui implique une interdiction de circuler dès le lendemain du contrôle et jusqu'au remplacement effectif de l'équipement défectueux.
Précisons que le coût de la contre-visite restera à la charge de l'automobiliste. Mais le ministère a lancé un appel clair aux centres de contrôle technique : faire preuve de "bienveillance et de modération" dans leur tarification pour ce type de contre-visite.
Encore 1,35 million de véhicules concernés
Avec cette mesure, le gouvernement entend donc accélérer le traitement de cette crise. Sur les 2,8 millions de véhicules rappelés depuis le début de cette affaire, 1,2 million ont été réparés depuis fin mars, dont 670 000 depuis juillet. Un rythme encourageant qui doit impérativement se poursuivre pour venir à bout des 1,35 million d'automobiles encore concernées par le "stop drive" – et des 450 000 autres soumises à un rappel "simple" d'ici fin 2026.
"Au rythme actuel, on peut se dire qu'en une année, c'est réglé. Mais il faut maintenir ce rythme", a insisté Alexandre Dozières.
Car les statistiques sont formelles : 46 accidents attribués à des éclatements d'airbags Takata ont été recensés sur le territoire français, causant 25 blessés et 20 décès. Début décembre, un homme d'une vingtaine d'années est d’ailleurs mort, à La Réunion, après l’explosion de son coussin gonflable. À noter que la majorité de ces drames s'est produite outre-mer, où les conditions climatiques aggravent la dégradation du nitrate d'ammonium contenu dans ces équipements.
Des obligations renforcées pour les constructeurs
Cette nouvelle mesure s'inscrit dans le prolongement des arrêtés du 9 avril et du 29 juillet derniers, qui ont déjà durci les contraintes pesant sur les constructeurs. Ces derniers doivent désormais répondre sous trois jours à tout conducteur qui s'enregistre pour programmer un rendez-vous de remplacement, lequel doit intervenir dans un délai maximum de deux mois.
Au-delà de 15 jours d'attente, la mise à disposition d'un véhicule de courtoisie ou d'une solution de mobilité gratuite devient obligatoire. Les réparations à domicile, le remorquage ou l'intervention dans un rayon de 50 kilomètres font également partie de l'arsenal d'accompagnement exigé.
Des sanctions financières pouvant s’élever à plusieurs centaines de milliers d’euros ont déjà frappé plusieurs marques qui n'ont pas respecté ces délais. Le ministère surveille ces indicateurs chaque semaine et n'hésite pas à infliger des astreintes aux constructeurs défaillants. Cette pression administrative s'accompagne d'un volet communication massif, incluant dans les départements et régions d'outre-mer des obligations de prospection en porte-à-porte.
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