Revolte se veut pionnier du e-garage
"Notre souhait est de nous développer en tant que réseau." L'objectif est clairement affiché par Alexis Marcadet, cofondateur et spécialiste marketing de Revolte. Le 18 octobre 2022, la start-up a inauguré à Carquefou (44) son premier e-garage. Comprenez un garage dédié à 100 % aux véhicules électrifiés. En attendant d'en ouvrir d'autres, Revolte se déplace en France avec des équipes mobiles. "Nous organisons des tournées pour effectuer des diagnostics de véhicules, avant de les faire venir, si nécessaire, au garage pour une réparation", explique Jérémie Noirot, expert batteries et diagnostic de Revolte.
Et le garage ne manque pas de sollicitations depuis son ouverture, compte tenu de la rareté des ateliers spécialisés dans les véhicules électrifiés. "Certains clients nous appellent parce que leur VE est dans leur jardin, à l'arrêt, depuis un an", raconte Alexis Marcadet. De fait, l'atelier Revolte croule sous les demandes et a déjà réparé plus de 200 véhicules depuis son ouverture, certains venant de très loin : Besançon, Lyon ou même le sud du pays. Et la dynamique s'accélère au fil des semaines.
Un coût de réparation moindre qu'en concession
Revolte s'adresse en premier lieu aux propriétaires d'un véhicule électrique ou hybride dont la garantie a expiré. "Nous accueillons donc très peu de voitures de moins de 5 ans", confirme Jérémie Noirot. Le plus gros défi de l'atelier concerne la charge et la batterie. Et là, l'atelier promet un tarif incomparable à celui d'un constructeur. "Leur politique de remplacement d'une pièce défectueuse par une neuve coûte extrêmement cher", pointe Alexis Marcadet.
Jeremie Noirot précise : "Nous descendons à un niveau plus bas en remplaçant des sous-composants : cellules, BMS, résistance, etc. Au lieu de changer tout un chargeur, nous préférons l'ouvrir et remplacer l'élément déficient. Si cela nous oblige à facturer 1 ou 2 heures de main-d'œuvre supplémentaires, le coût en composants est fortement réduit." Un tel procédé a déjà permis au garage de faire passer un devis de 17 000 à 1 500 euros, affirment les cofondateurs. De manière générale, Revolte se veut entre 20 et 30 % moins cher qu'un concessionnaire pour les réparations, selon les pannes et les pièces.
Parfois, ces dernières constituent le seul point de blocage pour le garage indépendant. "Nous disposons de quelques références en stock, notamment de batteries, mais nous ne sommes pas encore armés pour faire face à toutes les situations, concède Jérémie Noirot. Si nous n'avons pas la pièce, soit nous nous tournons vers les fabricants pour en obtenir une neuve, soit nous faisons du réemploi à partir d'un autre véhicule. Mais quand certains constructeurs vendent des composants seuls, d'autres ne vendent que des batteries entières."
Si les dirigeants de Revolte ont commencé à discuter de partenariats avec certains constructeurs pour se procurer la documentation technique nécessaire, les échanges ne sont pas toujours aisés. Ce qui peut provoquer quelques maux de tête lors du diagnostic… En revanche, pour l'entretien courant, l'expert batteries et diagnostic l'assure : "Tant qu'il n'y a pas de code défaut, il n'y a pas vraiment de difficulté. Hormis la nécessité d'avoir une habilitation électrique, remplacer filtres et plaquettes est simple. Quand on a les pièces, il n'y a pas de limite : on sait faire !"
Des mesures de sécurité indispensables
Seule la durée des interventions peut varier. "Certains véhicules prennent plusieurs semaines à réparer, d'autres beaucoup moins", résume Alexis Marcadet. Jeremie Noirot cite l'exemple d'une panne batterie : "Ce peut être très rapide. Une voiture nous est déjà arrivée un matin avec un problème de charge. Quand tout laissait croire qu'il s'agissait d'un problème de chargeur, ce n'était qu'un souci de BMS dans la batterie. Nous l'avons remplacé dans la journée et avons rendu la voiture le soir même."
Pour procéder à ces opérations, Revolte a dû s'équiper en conséquence. Car qui dit garage 100 % dédié aux électrifiés, dit matériel spécifique. "Comparé à un atelier classique qui est également habilité pour les VE, nous n'avons pas à nous scinder en deux, c'est plus simple sur le plan logistique", met en avant Alexis Marcadet.
Aménagé spécifiquement (tables élévatrices, outillage isolé, etc.) pour accueillir et entretenir des modèles électrifiés, le garage de Carquefou se distingue par sa superficie lui permettant de garder de plus grands espaces entre les véhicules. "C'est indispensable, car une voiture en réparation est consignée et balisée par une chaîne pour des raisons de sécurité", poursuit le cofondateur.
L'atelier dispose aussi d'un laboratoire de 100 m² pour les travaux sous tension. Fermé, il est notamment équipé de caméras thermiques et d'une surveillance des gaz. "Pour stocker des batteries ou modules en attente, nous avons des armoires sécurisées qui peuvent contenir un feu pendant 90 minutes", ajoute Jérémie Noirot.
Une académie déjà en place
Revolte compte une équipe d'une quinzaine de personnes, dont huit associés. Et les profils sont variés : directeur artistique, spécialiste batteries, électronicien, spécialiste diagnostics complexes, mécanicien, spécialiste des opérations, etc. Des expertises multiples qui devront s'étoffer pour s'affirmer comme réseau.
"En 2023, nous voulons ouvrir d'autres ateliers, confie Alexis Marcadet. Nous n'avons pas d'objectif défini, car cela dépendra de la demande et de la croissance du parc électrique." Pour se développer, passer par la case recrutement sera indispensable. Elle est même déjà d'actualité, la société recherchant activement mécaniciens et électroniciens. Une épreuve car "il n'y a pas d'endroit spécifique pour les recruter, ni d'école dédiée", regrette le cofondateur.
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Les dirigeants ont donc pris les devants et créé leur propre académie, mettant au point les outils de formation nécessaires. "C'était important pour nous d'avoir la capacité de former dès nos débuts, souligne Alexis Marcadet. Pour l'instant, ce sont 1 ou 2 personnes à la fois, mais entre habilitations, travaux dirigés et travaux pratiques, ils montent vite en compétences sur le diagnostic simple et complexe, puis sur la réparation simple et complexe." On n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Le projet a mué de constructeur à réparateur
Le concept de Revolte est né il y a moins de trois ans dans l'esprit de Raphaël Daguet, à l'époque directeur artistique au Puy du Fou. En mars 2020, alors qu'il vient de déposer son propre studio de scénographie, le confinement est décrété. Un coup dur qui pousse ce jeune papa à réfléchir à son impact écologique. Amoureux de la voiture, il commence à écrire un projet de société, pour lequel le nom Revolte a vite émergé, avec pour vocation de décarboner l'automobile. À l'été 2020, il se retrouve autour d'une table avec Lucas Mesquita, un ami investisseur, et Alexis Marcadet. "Dans un premier temps, le projet Revolte a pris la forme d'un constructeur, retrace ce dernier. Nous voulions fabriquer des véhicules qui durent cent ans, en « pérennité programmée."
Les trois hommes recrutent associés et investisseurs, mais revoient rapidement leur plan. "Nous avons constaté que les pionniers de l'électrique, ceux qui avaient acheté leur véhicule avant 2015, se sentaient un peu abandonnés par l'écosystème, reprend Alexis Marcadet. Se retrouver avec un devis de réparation de 15 000 euros pour une voiture valorisée à 5 000 euros n'est pas viable, et cela se termine souvent à la casse." Revolte change alors de modèle économique et se tourne vers la réparation de VE. "Nous avons perdu quelques investisseurs, mais en avons trouvé d'autres", rassure le cofondateur. Et le projet s'est développé pour déboucher sur cette première ouverture en Loire-Atlantique.