Défaillances d’entreprises : le calme avant la tempête
Les effets de la crise tardent à se faire sentir sur les sociétés françaises si l’on en croit le dernier baromètre publié par Altares, spécialiste de la donnée d’entreprise. Couvrant le troisième trimestre 2020, l’étude révèle que le nombre des procédures est toujours à la baisse dans l’Hexagone, atteignant un niveau jamais vu depuis 1989 avec 6702 procédures comptabilisées (-35,4 %).
Le secteur du commerce et de la réparation de véhicules s’inscrit dans cette tendance globale avec 312 procédures ouvertes au cours des trois derniers mois, soit un repli de 21,6 % par rapport à la même période de 2019.
Mais cette situation n’en reste pas moins préoccupante selon Altares qui estime que ce bilan est biaisé par les mesures de soutien engagées par l’État (chômage partiel, PGE, report des cotisations et aménagement des règles de cessation de paiement, etc.) qui ont permis aux entreprises de tenir le choc, jusqu’à maintenant. "Plusieurs signaux nous alertent cependant, en particulier la proportion grandissante de liquidations directes, révélatrice d’entreprises qui ont sans doute trop attendu pour se déclarer en cessation", signale Thierry Millon, directeur des études d’Altares.
Un taux de liquidation judiciaires en nette hausse
En effet, la proportion de liquidations judiciaires a bondi significativement au cours de ces dernières semaines. Alors qu’elles représentent traditionnellement un peu plus de 2 procédures sur 3 (68,4 % à l’été 2019), celles-ci ont concerné au 3e trimestre 2020 plus de 3 entreprises sur 4 (75, 8 % des procédures), soit 5 081 sociétés au total. Dans l’automobile, le taux de liquidation judiciaire atteint même 77,2 %.
Une tendance qui laisse penser que les entreprises se présentent désormais devant le tribunal dans des conditions financières ne permettant plus d’envisager une poursuite d’activité. Résultat : une explosion des défaillances est attendue au cours des prochains mois pour Altares.
"Alors que l’économie n’aura pas encore pansé toutes ses plaies, c’est davantage sur le premier semestre 2021 - à la croisée des chemins de la reprise très gourmande en liquidités, et des premières échéances des prêts garantis par l’État à rembourser au printemps - que l’heure de vérité pourrait sonner", conclut Thierry Millon.