Emploi automobile : la pénurie de main-d'œuvre se confirme

Le baromètre ISM-MAAF 2025, publié début septembre, confirme une tendance bien connue des professionnels de l'automobile : si leur métier reste l'un des moteurs de l'artisanat français, ce dynamisme se heurte de plein fouet à la question du recrutement.
Depuis 2019, l’activité des services automobiles – qui regroupent entretien, réparation, carrosserie, contrôle technique et motocycles – progresse régulièrement. Le nombre d'établissements employeurs a augmenté de 10 %, pour dépasser 42 000 fin 2024. L'emploi salarié suit la même tendance, avec une hausse de 14 % en cinq ans, soit plus de 156 000 postes créés ou consolidés.
Cette progression traduit le rôle essentiel des ateliers dans les territoires. Dans des régions comme l'Occitanie (+17 % d’emplois entre 2019 et 2024) ou le Grand Est (+17 % également), la croissance dépasse même la moyenne nationale (+14 %). Fortes hausses en Corse, avec une progression de +16 %, ou en Guyane (+25 %). La Martinique recule de -8 % en nombre de demandeurs d’emploi mécaniciens.
Offres en hausse, candidats en baisse
Cette vitalité est perceptible dans le recrutement. En 2024, près de 39 000 offres d'emplois de mécaniciens ont été publiées, soit 45 % de plus qu'en 2019. Certaines régions connaissent une hausse spectaculaire : +88 % en Bretagne, +82 % à La Réunion.
Mais le vivier de main-d'œuvre se réduit. Sur la même période, le nombre de demandeurs d'emplois de mécaniciens est passé de 35 280 à 32 810, soit une baisse de 7 %. Plusieurs régions enregistrent des baisses plus marquées : -11 % en Bretagne, -12 % en Centre-Val de Loire et jusqu'à -18 % en Martinique. Seule l'Île-de-France maintient un niveau de candidats stable, tandis que l'Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine connaissent un léger regain depuis 2022.
Ce décalage entre besoins et candidats crée une tension durable sur le marché de l'emploi. Les entreprises multiplient les annonces mais peinent à trouver des profils qualifiés. Dans certains territoires, la pénurie devient structurelle et ralentit même l'activité des ateliers, incapables d'absorber toute la demande.
La carrosserie en première ligne
Les difficultés sont plus visibles dans la carrosserie. Plus de huit recrutements sur dix y sont jugés difficiles au niveau national. Si la tension recule légèrement en 2025 (80,8 % contre 85,8 % en 2024), certaines régions restent en extrême difficulté : 100 % de recrutements compliqués en Corse et à Mayotte, et plus de 95 % en Pays de la Loire.
Cette situation semble traduire un manque d'attractivité pour les métiers de la tôlerie, de la peinture ou du vitrage. En particulier auprès des jeunes, alors qu'ils offrent de vraies perspectives d'emploi et d'évolution. Faute de candidats, dans les ateliers, les délais de réparation s'allongent, ce qui accentue la pression sur les équipes déjà en place et peut parfois détériorer la relation client.
Le baromètre ISM-MAAF 2025 confirme un paradoxe : le secteur crée de l'emploi, mais ne parvient pas à le pourvoir. Le vieillissement du parc automobile et l'essor des motorisations hybrides et électriques multiplient les besoins techniques. L'emploi est là, les opportunités aussi, mais il manque encore trop de bras pour que le secteur fonctionne à plein régime. Ces tensions dépassent l’automobile et touchent l’ensemble des métiers de l’artisanat.
"Alors que l'emploi artisanal reste solide après le rebond post-Covid, les entreprises font face à des tensions croissantes pour recruter. Une situation marquée par une hausse de 46 % des offres d'emploi depuis 2019, et une baisse du nombre de candidats", rappelle Anne-Sophie Prissé, directrice marketing et communication de MAAF.