L'ANFA fête ses 70 ans sous le signe de la reconversion professionnelle
70 ans, et une première révolution. Pas la sienne, mais celle de la filière automobile, qu'elle accompagne depuis plusieurs années. Lundi 21 novembre 2022, l'ANFA (Association nationale pour la formation automobile), créée en 1952, a fêté son anniversaire à Paris. Invité pour l'occasion, l'économiste Bernard Jullien a insisté sur cette révolution, qui est une première depuis plus d'un siècle et les débuts de la voiture thermique :
Les mutations n'ont pas toujours eu la forme ni le rythme qu'ont leur prédisait. Ce sera pareil pour celle-ci. Nous ne savons pas exactement ce que seront les véhicules, à quel rythme les parcs se renouvèleront… La situation ne sera pas identique à Paris, dans la Creuse ou en Bulgarie.
Face à l'inéluctabilité de la transformation du parc roulant, l'économiste a ajouté : "Il me paraît essentiel de bien comprendre que les mutations sont des réalités que les acteurs doivent s'approprier, pour leur donner les contours qui seront bons pour les clients, et pour qu'ils puissent savoir ce qu'ils doivent faire en vue d'ajuster leur compétences, plutôt que de se faire balayer." Bernard Jullien a conclu en saluant le travail de l'ANFA, qui "évite que cette révolution soit liée à une terreur", rappelant que "le parc met du temps à se renouveler". "Il y a la possibilité de maîtriser l'horloge et la formation est un outil", a-t-il ajouté.
Le gouvernement mise sur la reconversion professionnelle
Présente pour ce 70e anniversaire, Carole Grandjean, ministre déléguée à l’Enseignement et la Formation professionnels, a également insisté sur ce point. Elle a affirmé que les enjeux de transformation de l'automobile de demain font pleinement partie du plan France 2030, dans lequel l'État investit 54 milliards d'euros. "La formation est essentielle, et notamment la reconversion, a-t-elle martelé. Cette adaptation des compétences est cruciale pour la branche. Ces transitions professionnelles doivent pouvoir mieux exister et de manière plus volontaire, car seuls 0,3% des salariés les sollicitent aujourd'hui."
La ministre a annoncé la mise en place future de passerelles de transition, pour changer la "culture française du diplôme et de la formation initiale". "Nous avons réussi avec l'apprentissage, le secteur automobile y a d'ailleurs recouru en masse avec plus 35 000 apprentis dans la branche, soit 9 % des effectifs", s'est réjoui Carole Grandjean. Des concertations sont en cours, et "nous ferons bientôt des annonces sur les aides, car nous continuerons de soutenir les entreprises pour qu'elles recrutent des jeunes", a promis la ministre.
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Elle a annoncé viser rapidement les 100 000 personnes réalisant des VAE (validation des acquis d'expérience), pour lesquelles elle souhaite "moins de charges administratives" et réduire la durée de validation de 18 à 4 mois. Par ailleurs, Carole Grandjean espère que tous les collèges proposeront bientôt des stages découvertes des métiers dès la classe de 5e. "Ouvrez vos portes et travaillez avec nous à l'attractivité de vos métiers et à la découverte des possibles pour les jeunes", a-t-elle appelé de ses vœux.
Des passerelles interbranches
Des discours en accord avec ceux des dirigeants de l'ANFA. "Avec près de 70 000 jeunes en formation initiale, nous sommes très attachés à la formation et à la professionnalisation, s'est félicité Bernard Guyot, président de l'association. Pour faire face aux besoins des métiers sous tension, l'ANFA participe à des passerelles intrabranches, chacune se voyant attribuer des blocs de formation existants. Son président a pris l'exemple de la distribution de carburant vers la maintenance automobile. "Nous souhaitons poursuivre un dialogue constructif sur ces sujets. Notre responsabilité est de renforcer ces actions pour pérenniser emploi. Une nouvelle ère nous attend", a-t-il conclu.