Un cursus pour la valorisation des VHU
A l’heure de la généralisation des pratiques “éco-friendly”, le métier de démonteur-recycleur automobile ne bénéficie étrangement d’aucune formation dédiée dans la branche. Une lacune de taille dans un pays comme la France qui compte 718 centres agréés au traitement des véhicules hors d’usage (VHU) et qui emploie quelque 5 750 personnes sur ce secteur. Avec l’appui de cet important contingent de professionnels, chaque année, entre 1,1 et 1,5 million de véhicules en fin de vie sont pris en charge pour être déconstruits, valorisés et recyclés. Or, aujourd’hui, comme le rappelle le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA), “la profession est affectée par une pénurie de main-d’œuvre”, conséquence d’une réglementation de plus en plus pointilleuse en matière environnementale, mais aussi d’une technicité accrue. Pour inverser la tendance, combler le vide existant et réussir à séduire de nouvelles recrues, le CNPA a travaillé pendant plusieurs mois avec l’Association nationale pour la formation automobile (ANFA) afin de créer une offre de formation (CQP) et de mettre au point la première licence “recyclage et valorisation des véhicules”. Rattaché à la licence professionnelle OMSA (organisation et management des services de l’automobile), ce cursus sera proposé dès la rentrée 2015 à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée (UPEM) aux étudiants ayant validé un Bac +2.
Une dizaine d’étudiants espérés
Selon un rythme d’alternance (quatre mois de cours et huit mois en entreprise), l’UPEM espère séduire une dizaine de pionniers de rejoindre cette licence et de bénéficier d’un enseignement articulé autour de cinq domaines de compétences. Organisation et gestion d’un centre de recyclage automobile, management et développement de l’activité commerciale, management des équipes, management de projets et communication professionnelle seront ainsi approfondis et permettront aux étudiants de multiplier leurs activités au sein de leur entreprise. Ils pourront ainsi participer à l’organisation et à la gestion d’un atelier de démontage et d’un magasin de pièces de réemploi, travailler sur l’identification des matières à recycler et sur leurs débouchés, et enfin prendre part à l’encadrement des équipes. Plus que cela, ce cursus entend également “faire connaître tout un secteur”, comme le souligne Jean-Paul Hubert, chef du service titres et diplômes de l’ANFA. “Il est important que nous communiquions là-dessus car de réelles opportunités existent pour les jeunes”, ajoute ce dernier, faisant référence aux nombreuses activités additionnelles gérées par les centres agréés VHU. Parmi elles se retrouvent la réparation de véhicules, la vente de modèles d’occasion, la vente de pièces neuves ou de réemploi, ou encore la vente de véhicules accidentés.
Un taux d’insertion de 90 %
“Au-delà de cette richesse, il faut aussi rappeler que les débouchés et les évolutions de carrière s’avèrent nombreux dans ce secteur”, étaye Jean-Paul Hubert. Alors que le taux d’insertion de la licence OMSA depuis 2004 s’élève à 90 %, le manque de personnel encadrant et la part significative de salariés non qualifiés devraient permettre aux diplômés de prétendre très rapidement à des postes à responsabilité au sein des centres VHU. “Voire même à des reprises d’entreprises”, lance Jean-Paul Hubert. A terme, ce dernier espère voir ce cursus dépasser l’unique cadre de l’Université de Marne-la-Vallée en profitant de l’appui de celles de Grenoble, de Bordeaux (à partir de la rentrée 2015) et de l’ISTA Saint-Brieuc où est également dispensée la licence OMSA. Pour limiter les difficultés à mettre en place un tel programme, l’ANFA réfléchit à la possibilité de réaliser un enseignement à distance autour d’un noyau dur basé en région parisienne. Pour l’heure, l’essentiel demeure de faire connaître cette licence “recyclage et valorisation des véhicules” et de permettre l’émergence d’une première promotion d’étudiants diplômés démonteur-recycleur.
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Qu’est-ce qu’un VHU ?
Selon le Code de l’environnement, est considéré comme hors d’usage un véhicule que son propriétaire remet à un tiers dans le but de le détruire, étant soit accidenté, soit irréparable, ayant un coût de réparation prohibitif ou se trouvant trop âgé pour être proposé sur le marché de l’occasion. En la matière, seuls les VP, les camionnettes avec un PTAC de moins de 3,5 tonnes et les véhicules à moteur à trois roues sont concernés par la réglementation, qui exclut de fait les PL, motos, voiturettes et autres camping-cars.