REPORTAGE VIDÉO - 150 ans d'innovation à la carrosserie Métiffiot
Moins de mille entreprises françaises âgées de plus d'un siècle sont encore gérées par la famille des fondateurs. La carrosserie Métiffiot de Valence (26) fait partie de ce club fermé. Fondée par Abel XX en 1874, elle fête donc cette année ses 150 ans. Pour célébrer cet anniversaire, ses actuels héritiers viennent de faire publier un ouvrage sur l'histoire de cette entreprise familiale. Mais sans rester figée dans le passé, cette carrosserie se focalise sur son avenir et celui de la profession.
Aujourd'hui, trois générations de carrossiers cohabitent encore dans l'entreprise. Celle-ci est dirigée par deux cousins Stéphane et Pierre-André Métiffiot depuis 2022. Ils sont secondés par leur cousine Marie Planta au service comptabilité. Tandis que les frères Pierre et Franck Métiffiot, des anciens dirigeants, sont toujours présents entre les murs de l'entreprise. Dans l'atelier, Émile Métiffiot (fils de Stéphane), exerce la tôlerie et le débosselage depuis huit ans. Tous n'ont cependant pas la carrosserie dans le sang. Chaque fratrie voit ses membres emprunter d'autres voies. Néanmoins, "à chaque génération il y a toujours eu un membre de la famille capable de reprendre l'entreprise", se félicite Pierre Métiffiot.
Amélioration continue
Lorsque cette famille jette un regard en arrière, elle en tire les leçons pour s'adapter aux évolutions en cours. Elle mesure l'ampleur des évolutions auxquelles ses ancêtres ont dû s'adapter. Les charrons du départ, fabricants et réparateurs des véhicules hippomobiles du parc de l'époque, ont d'abord dû s'adapter à l'automobile. La génération suivante a adopté le travail de la tôle et la construction de véhicules industriels. Cette dernière spécialité a été abandonnée par la carrosserie Métiffiot dans les années 1970, au profit de la seule réparation des véhicules légers et utilitaires. En 2008, elle a dû abandonner le centre-ville pour s'installer en périphérie dans des locaux modernes. Pierre et Franck Métiffiot ont fait partie des premiers membres de la "tribu" Carflex. Ce réseau atypique était alors déjà axé sur la réflexion autour de l'évolution des métiers de la réparation.
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Actuellement, la carrosserie étoffe en permanence ses savoir-faire étendus pour réparer les véhicules les plus récents et complexes. Son équipement et la formation de ses réparateurs l'autorisent ainsi à travailler sur les véhicules électriques, les matériaux spéciaux, etc. L'entreprise n'hésite pas à engager des investissements importants pour évoluer dans ses quatre métiers : la carrosserie, la mécanique, la vente (de VN et VO), ainsi que la location.
La carrosserie vient ainsi tout dernièrement de réaménager un garage mécanique au centre de Valence. Tandis que 900 000 euros sont investis dans un nouvel agrandissement de la carrosserie, avec de nouveaux aménagements. Raison pour laquelle, à l'arrière de son terrain une pelle mécanique enfouit un réservoir de recueil des eaux pluviales. Celles-ci seront destinées au lavage des véhicules. Ce chantier jouxte un tout nouveau parking couvert de 800 m² de panneaux photovoltaïques.
Le solaire, projet ancien
Les travaux en cours incluent une extension des ateliers de tôlerie et de peinture, ainsi que de l'espace de vie du personnel. À l'extérieur, l'agrandissement du parking est complété par la mise en place d'un espace paysager. Celui-ci comprendra un terrain de pétanque et des installations de pique-nique. L'ensemble de ce projet résume en grande partie la culture de l'entreprise : l'amélioration des savoir-faire, l'adaptation aux tendances (actuellement dans le domaine environnemental) et le bien-être au travail.
"Dès notre emménagement dans le village automobile, nous avions prévu d'installer des panneaux solaires sur notre toit. Nous nous intéressions déjà à cette problématique, raconte Stéphane Métiffiot. Mais à l'époque, nos investissements dans la construction d'une carrosserie moderne était déjà très élevés. Nous avions alors dû remettre ce projet à plus tard". Une illustration de la volonté de cette famille de faire partie des précurseurs de leur profession.
Bon sens et respect
Aujourd’hui, la carrosserie travaille également sur le recyclage. Parmi les membres de Carflex, elle expérimente plusieurs pratiques dans ce domaine. L’entreprise traite elle-même une partie de ses déchets plastiques et aérosols. Cela lui permet de vendre de la matière première prête à être revalorisée aux recycleurs, plutôt que de les payer pour s'en débarrasser.
La carrosserie s’adapte en permanence à son contexte. Au moment de la crise énergétique de 2022, elle a par exemple lancé un vaste plan d’action pour revoir sa consommation d’énergie. Ce qui l'a conduite à investir dans des équipements plus économiques (infrarouges en cabine, etc.). Mais, surtout "en revenant au bon sens dans nos méthodes de travail et en sensibilisant nos équipes, nous avons réduit notre consommation d'énergie de 30 à 40 % en quelques jours", explique Pierre-André Métiffiot.
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Au-delà des valeurs professionnelles, c'est l'état d'esprit général qui marque le visiteur. Les membres de la famille et les salariés rencontrés évoquent tous, directement ou indirectement, la bienveillance ambiante. Émile Métiffiot la résume en affirmant "qu'il faut toujours rester dans l'humain, toujours respecter son compagnon de travail, son client, son donneur d'ordre et les règles. Sur cette base, on peut faire beaucoup de choses"… Il s'agit peut-être là du véritable moteur de cette entreprise hors du commun.