Adas : les défis de l'après-vente selon les Ateliers du MAP
Les Adas ont été au cœur des trois heures de riches échanges vendredi 1er avril, lors des premiers ateliers du MAP depuis le début de la crise sanitaire. Cette conférence organisée par MPEA, filiale de la Fédération française de l'expertise automobile (FFEA), a réunit plusieurs experts de la question. Parmi eux, Antoine Lafay, directeur de la recherche assistance à la conduite chez l’équipementier Valeo, a ouvert les débats en rappelant que l'industrie automobile est entrée dans une "3e vague" des systèmes d’aides à la conduite : "Nous sommes à un point de bascule vers de la délégation de conduite : le conducteur n’est plus responsable, c’est le système."
La calibration d'Adas, bientôt incontournable dans les ateliers
Pour aller dans le sens de ces évolutions, de nouvelles règles entreront en application au 6 juillet 2022, conformément au règlement de sécurité générale UE 2019/2144. A compter de cette date, tous les véhicules neufs devront être équipés de nombreuses fonctionnalités (système d’adaptation intelligente de la vitesse, interface pour permettre le montage d’un éthylomètre antidémarrage, système d’alerte de somnolence du conducteur, etc.).
Et quid de l’après-vente ? "C’est un vrai challenge, a reconnu Patrick Cleris, président de la Fédération des réseaux de carrossiers indépendants (FRCI). Les réparateurs devront faire le bon choix de matériel, sachant que celui-ci évolue avec les systèmes Adas. Et beaucoup n’ont pas encore investi, car il faut avoir des retours pour bien choisir." Patrick Cleris a estimé qu’entre 10 et 20 % des 2 500 entreprises membres de la FRCI sont actuellement équipées de ces outils de calibration. Une part qui devrait néanmoins croître rapidement. "Qui dit matériel dit formation, a-t-il ajouté. Les réparateurs doivent être formés face aux différents incidents qu’ils peuvent rencontrer. Les formations doivent avoir lieu une à deux fois par an pour que le personnel soit bien au niveau."
Des coûts qui s’envolent
Le problème du coût se pose également. Une question a été soulevée lors de l’échange : peut-on vraiment forcer les consommateurs à payer quatre ou cinq fois plus cher une prestation à l'atelier sous couvert de sécurité ? Rodolphe Pouvreau, directeur de Sécurité et réparation automobile (SRA), a montré que le coût moyen des réparations avait augmenté de 21 % entre 2017 et 2021. S’il est impossible de mesurer avec précision l’impact des développements technologiques des véhicules sur cette hausse, celui-ci est indéniable.
L’exemple du phare, troisième pièce la plus remplacée dans les expertises, a été pris : son coût a augmenté de 47 % entre 2017 et 2021. Une des raisons : la généralisation des optiques LED. Ne représentant actuellement que 8 % du parc, cette technologie devrait atteindre 50 % d’ici 2030. "Très peu de constructeurs proposent des kits de réparation sur ces nouveaux optiques. Donc on va souvent remplacer un kit d’optique complet", a souligné Rodolphe Pouvreau. D’où les prix qui s’envolent, tant en première qu’en seconde monte. Et le directeur de SRA l’affirme : "L’éventuel gain en sécurité et baisse de la sinistralité ne compensera pas les fortes hausses de coûts."
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Beaucoup de questions en suspens
Le développement des Adas suscite d'autres questions : quid des contrôles périodiques ? De l’entretien des capteurs, des connectiques, des caméras ? Un recalibrage doit-il être systématisé en cas d’intervention de carrosserie, de vitrage ou de mécanique ? Quid des contrôles lors des ventes entre particuliers ? Quel accompagnement des conducteurs face à ces nouvelles technologies ? Quelles limites pour l'accès aux données ? Des sujets mis sur la table et qui alimenteront à coup sûr de nouveaux débats.