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Carrosserie

Carflex : des outils et des combats

Publié le 22 mars 2023
Par Florent Le Marquis
5 min de lecture
Le groupement de carrossiers est prêt à franchir le cap des 100 adhérents. Carflex ne cesse d'innover pour faciliter leur activité et ne manque pas une occasion de se battre pour eux. La hausse des coûts de la peinture et la crise énergétique font partie des sujets majeurs.
Carflex compte franchir le cap des 100 adhérents carrossiers en 2023. ©Carflex
Carflex compte franchir le cap des 100 adhérents carrossiers en 2023. ©Carflex

Nom : Carflex. Raison d'être : "pérenniser les entreprises de carrosserie", selon les mots de son secrétaire général, Matthieu Rochegude. Le groupement "créé, dirigé et animé par des carrossiers", comme il le rappelle, a pour vocation d'accompagner la filière à gérer l'ensemble des problématiques auxquelles elle fait face. En tant que groupement, son rôle est aussi de négocier d'achats et tarifs avantageux auprès des fournisseurs. En ce début d'année 2023, il réunit quelque 90 ateliers de carrosserie. Avec l'objectif affiché d'atteindre la centaine dans les prochains mois. "Nous n'avons pas de limite sur la qualité des carrossiers qui nous rejoignent, avance Pierre Métiffiot, président du groupement. Plus nous sommes nombreux, plus nous pouvons peser face aux différents enjeux."

S'il est historiquement présent dans l'Est, le groupement a bien entamé son développement dans l'Ouest, avec une quinzaine de sites en Bretagne. Une accélération entreprise il y a quelques années, après avoir pris son temps (depuis la création de l'association Carflex en 2006) pour "enrichir [sa] boîte à outils", comme la nomme Matthieu Rochegude.

La boîte à outils iMov

Cette boîte à outils, Carflex l'a baptisée iMov (innover, massifier, organiser, valoriser). Le M majuscule est pour "massifier". "C'est ce pour quoi nous sommes le plus connus, reconnaît Matthieu Rochegude. Nous travaillons avec les fournisseurs pour apporter les meilleures conditions et services à toutes les entreprises de carrosserie : pièces de rechange, tarifs peinture, véhicules de remplacement, pare-brise, outillage, énergies, mutuelles, etc."

Toutes les informations sur ces conditions, les carrossiers peuvent les retrouver sur l'intranet MyCarflex, qui dispose aussi d'outils de suivi et de pilotage, ou de systèmes de non-conformité. Pour cet aspect technologique, le groupement peut compter sur ses trois développeurs, composant à eux seuls la moitié de l'effectif.

Objectif du groupement : "Trouver des solutions qui permettent aux carrossiers de gagner en temps et en productivité." ©Carflex

Objectif du groupement : "Trouver des solutions qui permettent aux carrossiers de gagner en temps et en productivité." ©Carflex

Autres supports proposés par Carflex : la chaîne vidéo Netflex, ou encore le salon Innovaflex, dont la 4e édition se tiendra en banlieue lyonnaise, les 20 et 21 juin 2023. "Les carrossiers y trouvent des solutions qui leur permettent de gagner en temps et en productivité", résume Pierre Métiffiot.

Enfin, on peut rajouter l'accompagnement que propose Carflex autour du lien entre le carrossier et ses clients. Cela concerne notamment la communication ou, plus récemment, le développement de l'application Auto Mobile pour faciliter la prise en charge à distance d'un véhicule. Cette dernière permet au client de photographier son sinistre. "Du fait de la multitude d'acteurs dans la réparation automobile (l'expert, l'assureur, etc.), les relations entre le carrossier et son client ont pu se distendre au fil du temps. Nous voulons favoriser ces échanges", insiste le président de Carflex.

L'ambition du centre de formation

Les ambitions du groupement ne s'arrêtent pas là. "Nous avons un très beau projet : faire sortir de terre un centre de formation, confie Matthieu Rochegude. Le but est d'apporter des solutions en formation initiale et continue. Les carrossiers doivent former leurs collaborateurs." S'il n'en est qu'aux prémices, ce projet a bien été validé. Le groupement compte bien le concrétiser, et en fait un de ses grands chantiers de 2023.

Avec la pénurie de main-d'œuvre qui touche autant la carrosserie que le reste de la filière automobile, donner envie aux nouvelles générations de se tourner vers ce métier est d'une importance majeure. "Ce sont des emplois facilement accessibles pour les jeunes, martèle Pierre Métiffiot. Ils peuvent entrer dans des entreprises à taille humaine, avec un salaire intéressant et de bonnes perspectives. Il faut redorer l'image de la mobilité." Un des nombreux combats menés par Carflex.

"Nous avons parlé des problématiques d'énergie dès début 2022, quand peu d'entreprises se sentaient concernées." ©Carflex

"Nous avons parlé des problématiques d'énergie dès début 2022, quand peu d'entreprises se sentaient concernées." ©Carflex

Depuis plus d'un an et demi, le groupement déplore par ailleurs l'augmentation du coût du poste peinture. "Sur les deux dernières années, la hausse moyenne des fournitures peinture se situe entre 25 et 30 %, quand les augmentations convenues avec nos donneurs d'ordres sont inférieures, regrette Pierre Métiffiot. Avec de telles conditions, les résultats des entreprises en pâtissent. D'autant qu'il faut accompagner les collaborateurs face à l'inflation en augmentant les salaires." Ayant déjà poussé plusieurs cris d'alarme, Carflex se dit toujours en discussions sur ce sujet.

Le groupement incite les carrossiers à échanger avec leurs distributeurs de peinture. Pour les accompagner, Carflex référence les marques de peinture, essaie de faire jouer la concurrence… "Le carrossier doit avoir plusieurs cordes à son arc", justifie Pierre Métiffiot. Surtout que la crise énergétique n'arrange pas la situation, le poste peinture étant très énergivore.

Contrer la crise énergétique

Sur cet aspect-là, Carflex s'est montré particulièrement prévoyant. "Nous avons parlé des problématiques d'énergie dès début 2022, quand peu d'entreprises se sentaient concernées", se souvient Matthieu Rochegude. Carflex a en effet réalisé des enquêtes pour connaître le ratio du coût de l'énergie par rapport à leur chiffre d'affaires.

L'idée était notamment de montrer aux pouvoirs publics les risques encourus par nombre de carrosseries. "Nous n'attendons pas l'État providence, assure cependant le secrétaire général. Nous réagissons en faisant des tests : mise en place de compteurs individuels sur les cabines de peinture pour étudier comment réduire leur impact, accompagnement des entreprises pour passer d'une cabine gaz à électrique, etc."

Les économies sont possibles, jusqu'à 20 % selon Pierre Métiffiot. "Nous sommes passés d'une énergie de confort à une énergie de contrainte, affirme-t-il. Il faut chercher les solutions et ne pas attendre qu'elles arrivent toutes faites." Parmi celles-ci, privilégier outils et produits plus techniques et moins énergivores. "Le curseur a bougé, reprend le président de Carflex. Les carrossiers trouvent désormais une légitimité dans leur surcoût, car celui-ci est contrebalancé par la consommation."

Par ailleurs, PME et TPE peuvent notamment bénéficier du dispositif amortisseur électricité, pour lequel 3 milliards d'euros ont été prévus par la loi de finances 2023. "Notre rôle est de mettre au courant les carrossiers de ce genre d'aides, pour qu'ils ne les ratent pas", appuie Pierre Métiffiot. Avant de conclure : "Nous apportons notre pierre à l'édifice, mais il y a encore tant de choses à faire ! Si une difficulté apparaît, Carflex est là pour l'identifier et trouver des solutions alternatives."

A lire aussi : Carflex adopte Sherwin-Williams

Rejoindre Carflex : mode d'emploi

Intégrer Carflex requiert une disposition majeure : "Être carrossier !" plaisante Pierre Métiffiot. Ensuite, si le chiffre d'affaires moyen des entrants avoisine le million d'euros, ne pas l'atteindre n'est pas rédhibitoire. "Nous n'allons pas fermer la porte à un carrossier en devenir qui respecte nos valeurs", poursuit Pierre Métiffiot. Elles sont au nombre de six : fierté, volonté, responsabilité, solidarité, respect et optimisme. Avant d'intégrer pleinement Carflex, un carrossier passe par sa "petite sœur" : Reflex. "Cela lui permet de tester nos solutions, de prendre son temps, et nous nous assurons que le chef d'entreprise répond à nos valeurs", résume Matthieu Rochegude.

Après cette première phase (un an environ), le carrossier peut entrer dans l'actionnariat de Reflex. "Après une nouvelle année réussie, nous lui rachetons ses parts Reflex et il entre dans l'actionnariat de Carflex", affirme Matthieu Rochegude. Dernier étage de la fusée : le chef d'entreprise peut par la suite devenir actionnaire de la holding Esprit Carrosserie, qui détient Carflex et Reflex.

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