La carrosserie face à la crise, entre craintes et espoirs
Un an après les débuts de la crise du Covid-19, le marché de la réparation - collision peine à retrouver son équilibre. Fortement perturbée par la conjoncture sanitaire et économique, l’activité reste fortement chahutée selon le baromètre de la FFC (réalisé par le cabinet Gipa), présenté en exclusivité lors de la dernière édition des Ateliers du J2R, le 18 mars dernier.
Au cours de cette visioconférence, Christophe Bazin, secrétaire de la branche carrossiers-réparateurs de la fédération, a confirmé la mauvaise passe traversée par les ateliers. En effet, après un exercice 2020 marqué par une baisse moyenne du chiffre d’affaires de 15 %, l’activité demeure très atone depuis janvier.
Début 2021, le secteur accuse une baisse de 20 à 25 %. Les mesures de télétravail impactent énormément notre activité. Les clients ne roulent plus et la sinistralité bris de glace est en baisse. Auparavant les carrossiers travaillaient avec 15 jours d’avance, et ce délai est passé à 2 ou 3 jours. Certains travaillent même au jour le jour", constate Christophe Bazin.
Si l’ensemble des prestations sont concernées par ce ralentissement, le segment bris de glace est tout particulièrement affecté par la crise. L’an dernier, l’activité a ainsi accusé un repli de 51 % ! Un recul attribué à l’érosion du kilométrage moyen parcouru selon la FFC.
Vers une baisse du nombre de carrosseries ?
Dans cet environnement morose, les professionnels de la filière s’interrogent de plus en plus sur la pérennité de leur activité. Le baromètre de la FFC révèle en effet que 54 % des réparateurs estiment que leur nombre va baisser en 201. Ils étaient 18 % en 2019 à le penser… Faut-il effectivement craindre une consolidation du marché dans les prochains mois ?
Pour Christophe Bazin, la situation est plus complexe. "Le nombre de sinistres ne baisse pas mais leur typologie évolue. Nous sommes passés de chocs nécessitant 36 heures de travail il y a 20 ans à 6/7 heures aujourd’hui. L’activité est donc en recul, ce qui laisse penser que le nombre de carrossiers va se réduire. Pour le moment, les chiffres ne le prouvent pas. Il va falloir attendre le remboursement des PGE pour savoir si cette crise a eu un fort impact sur le nombre d’ateliers. […] Les carrossiers sont aussi confrontés au départ à la retraite de nombreux collaborateurs et à des difficultés de recrutement. De plus en plus d’ateliers choisissent donc de réduire leur taille pour se concentrer sur des activités plus rentables, au détriment du volume."
La formation, une priorité pour les carrossiers
Face à ce marché complexe, les carrossiers ont fait de la formation un axe de développement prioritaire. En 2021, 40 % d’entre eux veulent ainsi investir dans des actions de formation sur les technologies hybride et électrique. Autre sujet stratégique : les Adas. En effet, 25 % des sondés ont prévu de se former sur la réparation de ces aides à la conduite dans les prochains mois.
"La formation, c’est le choix qu’il faut faire. Avec les politiques anti-gasoil menées aujourd’hui, il faut impérativement réagir en amont puisque les véhicules électrifiés sont de plus en plus vendus, en particulier dans les milieux urbains. Plus de 11 000 carrossiers se sont déjà formés en 2019, et il faut poursuivre ce mouvement. Ceux qui ne se forment pas disparaîtront", conclut Christophe Bazin.