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Carrosserie

L'Eco Repair Score, le Nutri-Score de la réparation ?

Publié le 19 février 2024
Par Nicolas Girault
3 min de lecture
En Belgique, l'assureur Axa a adopté un outil d'évaluation environnementale des activités de réparation automobile. Baptisée Eco Repair Score, cette solution a été lancée par le cabinet d'expertise Vonck et l'institut de recherche Vito. Elle pourrait bientôt faire son apparition en France.
Eco Repair Score label
L'ambition d'Eco Repair Score est de devenir un label mesurant l'impact environnemental de chaque réparation automobile. ©Eco Repair Score

Mesurer l'impact environnemental de la réparation d'un véhicule en lui attribuant une note : telle est l'ambition d'Eco Repair Score. En effet, ce nouvel outil serait capable de déterminer la durabilité des activités de carrosserie en les notant de A à E – suivant le modèle du Nutri-Score pour l’alimentation. Il s'appuie sur une analyse du cycle de vie (ACV) de l'intervention de l'atelier. Celle-ci repose sur un calcul intégrant données de réparation et 18 catégories d'impact environnemental (dont les émissions de CO2).

Concrètement, cet outil distingue le recours aux pièces neuves, Piec (pièces issues de l'économie circulaire), réparations localisées, débosselage sans peinture, etc. Il évalue l'impact environnemental de la fabrication de pièces neuves, des ingrédients peinture, des emballages et de leur transport vers l’atelier. Ce n'est pas tout : le calcul d’Eco Repair Score intègre aussi la consommation d’énergie de l’atelier ainsi que le recyclage des pièces, des consommables et de leur emballage.

Adopté par Axa en Belgique

Cet outil a été mis au point par le cabinet d'expertise belge Vonck, associé à l'institut de recherche environnementale Vito (équivalent de l’Ademe). Son développement a nécessité deux ans de travail. Les concepteurs de l'outil précisent avoir notamment commandé plus de 1 000 pièces pour vérifier leurs informations et les modéliser. Ces recherches leur permettent aujourd'hui de s'appuyer sur une base de données de 3 600 modèles de véhicules.

Eco Repair Score logo

Le logo Eco Repair Score reprend en partie le principe du Nutri-Score pour les aliments. ©Eco Repair Score

Eco Repair Score a déjà séduit la filiale belge d’Axa, qui a annoncé en novembre 2023 son adoption pour évaluer tous ses dossiers de sinistre. Cette décision intervient après une expérimentation démarrée au début de cette même année. "Environ 14 000 dossiers en ont bénéficié lors de la phase pilote. Au total, ce sont maintenant plus de 100 000 réparations qui ont été évaluées", précise Kévin Le Blévennec, expert en économie circulaire et partenaire du projet. Grâce à cet outil, l'assurance vise à réduire de 25 % les émissions de CO2 de ses dossiers de réparation-collision d'ici à la fin 2026.

Promouvoir les bonnes pratiques

Parallèlement, la Fédération belge des carrossiers (Febelcar) approuve aussi cet outil. "L’introduction de l’Eco Repair Score répond à la nécessité de réduire l’impact environnemental des réparations de véhicules, en les mesurant sur la base du plus grand nombre possible de catégories d’impact", souligne Dirk Laenen, président de Febelcar (syndicat belge des carrossiers).

Plus de 100 000 réparations ont été évaluées en Belgique Kévin Le ­Blévennec, partenaire d'Eco Repair Score en France.

Ce dernier perçoit cet outil comme un moyen de valoriser les pratiques vertueuses dans les ateliers. Parmi elles, figurent la RSE (responsabilité sociale et environnementale), mise en avant auprès des apporteurs d'affaires. "Il reste aussi extrêmement important pour nous que les réparations soient correctement remboursées à chaque fois et que les directives des constructeurs sur la sécurité des réparations soient respectées", précise-t-il. De leur côté, le cabinet Vonck et l'institut Vito aimeraient aujourd'hui élever leur système au rang de label européen, pour favoriser l'essor des bonnes pratiques, sur les plans écologique et économique.

Données moyennes et spécifiques

Ses concepteurs prévoient d’affiner encore la précision de leur outil. Mais "il prend déjà en compte à la fois des données moyennes et spécifiques aux ateliers, comme le type de peinture utilisé", précise Kévin Le Blévennec. Les créateurs de l'outil ont engagé des discussions avec le groupe BASF – fabricant de peinture ayant adopté la protection de l'environnement pour cheval de bataille. Raison pour laquelle les méthodes de séchage à l'air sont, par exemple, favorisées. Les carrosseries les plus vertueuses – dotées de panneaux photovoltaïques, réduisant leurs déchets... – sont aussi mieux notées que leurs voisines. L'objectif final est d'encourager la généralisation des bonnes pratiques environnementales auprès de tous les réparateurs.

À lire aussi : Les pièces de réemploi confirment leur progression en 2023

Fort de son démarrage en Belgique, le label veut désormais s'exporter. Ses promoteurs ont ainsi notamment noué des contacts en Allemagne et en Espagne. Dans l'Hexagone, le sujet intéresse également plusieurs acteurs de la réparation-collision. "En France, nous avons engagé des discussions avec certaines assurances et flottes. Mais, nous avons du mal à susciter de l'intérêt chez les autres acteurs du marché", note Kévin Le Blévennec. Si ces derniers finissaient par juger cet outil pertinent pour promouvoir leurs efforts environnementaux (lire ici), ils pourraient s’en emparer avant de se le voir imposé par les apporteurs d’affaires.

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