Loin du bruit et de la fureur
Fin 2013, l’annonce de Chevrolet de quitter l’Europe a fait l’effet d’une bombe dont les éclats s’émoussent aujourd’hui sur le paravent chinois de PSA Peugeot Citroën. Au-delà des effets médiatiques, on retiendra que nombre de familles auraient pu être préservées si le bon sens avait présidé à bien des décisions stratégiques ou encore à des querelles de chapelles, minées par des ego et des ambitions personnelles totalement déconnectées de la réalité. Toujours dans l’actualité, Goodyear Amiens Nord n’en finit pas de torturer ses carcasses en attendant qu’un repreneur à la morgue tenace lui fasse quelques promesses d’alliance, tandis qu’à Blois, chez Delphi, des employés doivent quitter ce qui était un fleuron de la technologie de l’injection Diesel. Du côté de la distribution, on assiste à un feu d’artifices en matière de fusions acquisitions dont les gagnants deviennent de moins en moins nombreux. Sur ce Monopoly, on achète des plates-formes à la place des hôtels et on n’hésite pas à les superposer pendant que des envahisseurs étrangers affûtent leurs cartes pour rendre le jeu bien plus européen. Pendant ce temps, FFC, FNAA et CNPA obtiennent, enfin, que soit gravé dans le marbre ou tout au moins dans le contrat de l’assuré, le libre choix du réparateur. A force de communiquer sur la question, et proches de la saturation, ils en sont arrivés – et c’est une bonne chose – à appeler à l’union sacrée afin de donner plus de poids à l’exécution de la décision d’Etat. Et pour se consacrer à d’autres sujets lourds comme la cession de créance. Ou, bien que cela n’ait pas été cité, à la fin du monopole des constructeurs sur la pièce de carrosserie : que l’on puisse choisir son carrossier est une belle avancée, mais si celui-là ne peut acheter ses pièces là où il veut, et faire fonctionner la concurrence, le gain sera forcément moins probant. Au final et sans parler des décisions gouvernementales portant sur le bonus-malus, la TVA ou autres éco-taxes, tant d’agitation et de bruit, de guerres intestines et de violences de pouvoir nous éloignent de ce qui est vraiment important. Un jeune manager qui avait su se remettre en question de façon permanente et faire bouger l’entreprise dans laquelle il travaillait par un esprit créatif et innovant, qui n’avait pas hésité à accepter des challenges le faisant aborder différents marchés et pays, tout en faisant adhérer son entourage à ses projets, ce jeune manager avait 46 ans, il s’appelait Yves Canaple et est décédé en ce début d’année. Nous lui rendons hommage, aujourd’hui.