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Qui mieux que Renault peut maltraiter ses fournisseurs ?

Publié le 18 octobre 2012
Par Hervé Daigueperce
2 min de lecture
Comme dans une mauvaise série américaine, Renault a fait effacer sa marque ou son nom des stands d’une trentaine d’exposants à Automechanika, dont certains de ses fournisseurs en première monte…
Comme dans une mauvaise série américaine, Renault a fait effacer sa marque ou son nom des stands d’une trentaine d’exposants à Automechanika, dont certains de ses fournisseurs en première monte…

Séquence émotion sur le salon Automechanika de Francfort : un envoyé anonyme du groupe Renault a débarqué dans les allées et fait enlever le nom du constructeur des stands des exposants. Encadré par des gendarmes allemands et convoquant l’organisateur Messe Frankfurt, l’émissaire de Renault, travaillant dans la division Pièces et Lutte contre la contrefaçon de la marque au losange, a sommé certains exposants de bomber, d’effacer ou d’enlever toutes les mentions du constructeur sur les panneaux ou les affiches. Le récalcitrant devait s’acquitter d’une amende de plusieurs centaines euros, et aller au poste s’il n’avait pas de moyen de paiement et s’il ne souhaitait pas obtempérer !

Accablés

Chez les équipementiers du hall 2, par exemple, l’accablement et l’incompréhension se faisaient sentir sur les visages des managers. Plus affectés encore devant cette agression manifeste, les employés avaient du mal à cacher leur colère. Dans ce hall, en effet, les trois stands concernés par la vindicte de Renault étaient Delphi, KYB et NTN-SNR, ce dernier étant encore pour partie propriété dudit constructeur ! Aucun équipementier n’a voulu s’exprimer. Ne serait-ce que par l’incompréhension qu’a suscitée la démarche que n’encadrait nulle lettre de mission. Le représentant de Renault, devant les questionnements, se retranchait derrière le droit : “Consultez vos juristes, ils vous expliqueront ce à quoi vous avez droit, (en matière d’utilisation du nom, N.D.L.R.). Vous n’avez pas le droit d’utiliser le nom d’autrui. C’est une captation de la clientèle Renault. Vous comprendrez qu’ils ne sont pas contents” a-t-il expliqué.

“Je fais mon métier, faites le vôtre”

C’est avec cette assertion (certes, prononcée avec le sourire) que l’émissaire de Renault (pris par certains pour un huissier !) a clos le débat. Du côté du Clepa et de la Feda, présents au moment du constat du grand nettoyage, pas de commentaires, mais, là aussi, un regret que cette opération nuise aux relations entre les acteurs de l’automobile, alors même que les “contrevenants” militent aux côtés des constructeurs pour promouvoir la pièce d’origine et lutter contre la contrefaçon. Bien que l’émissaire ait assuré avoir sillonné tous les stands sans a priori, les uns et les autres laissaient entendre qu’on se trompait de débat, de cible et de méthode. Fallait-il mettre “pièces pour les véhicules Renault” au lieu de citer simplement le client ? Les services juridiques sont à pied d’œuvre. Une chose est sûre, le constructeur français n’a pas bonne presse sur Automechanika où l’effet devant les clients n’était pas du meilleur goût. Face aux réactions, il semblerait que la direction de Renault soit un brin chafouine. A moins que ce ne soit la prochaine directive de l’Autorité de la concurrence qui attiserait les ressentiments ? Les ressources du Français doivent vraiment être au plus bas…

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