Christophe Boutemy (PHE) : "La France est le seul pays d'Europe à disposer d'un service comme le Golda"
J2R : Vous avez été élu, le 20 juin 2023, président du Golda en remplacement de Thierry Leblanc. Pourquoi avoir accepté cette mission ?
Christophe Boutemy : Premièrement, il fallait que ce soit un distributeur qui soit élu, selon le principe de l'alternance avec les fournisseurs. Deuxièmement, cela faisait un certain temps que nous discutions avec la présidence du Golda, avec Alliance et d'autres acteurs du marché. J'ai accepté car cette organisation me paraît très importante. Je pense pouvoir apporter ma pierre à l'édifice dans la mesure, notamment, où il y a encore beaucoup de fournisseurs qui n'adhèrent pas au Golda. Avec Parts Holding Europe (PHE), nous sommes le numéro un en France et probablement le distributeur le plus à même de motiver des fournisseurs qui n'y sont pas encore.
J2R : Que représente cette organisation à vos yeux ?
C.B. : Dès mon arrivée chez PHE, j'ai intégré le conseil d'administration du Golda, à l'instar de mon prédécesseur Christian Amirault. Aujourd'hui, après cinq ans, une chose me paraît importante : une partie des interlocuteurs du conseil de surveillance et des différentes parties prenantes de l'organisation ne maîtrisent pas suffisamment sa valeur ajoutée. Et si nous, nous ne le savons pas assez, les personnes qui n'y sont pas le savent encore moins ! C'est une vraie problématique. Avec Gildas du Cleuziou, le nouveau vice-président, et Patrick Petit, le directeur, nous voulons vraiment vulgariser la valeur ajoutée que le Golda peut apporter. Le marché relie souvent le groupement à la simple fourniture de tarifs. C'est vrai, mais ce n'est pas uniquement ça. Il y a quantité de services additionnels à valoriser.
J2R : Dans cet objectif de valorisation, vous aviez une formidable carte à jouer avec la dématérialisation des factures, prévue pour le 1er juillet 2024 et qui a été reportée sine die. Est-ce un souci pour vous ?
C.B. : C'est effectivement un vrai levier d'accélération et de développement. Malheureusement, l'État a annoncé cet été le décalage de la réforme à une date à définir. C'était pour le Golda une formidable occasion de devenir l'interface de référence de tous les fournisseurs, y compris les petits qui, s'ils n'utilisent pas le service de tarifs, auraient pu s'appuyer sur ce canal de communication, en qualité de partenaire reconnu par les autorités fiscales pour tout ce qui est réception et émission de factures. C'était une occasion de convaincre ces structures. Le décalage de la réforme atténue ce levier, et c'est forcément une déception. Mais cette réforme n'est pas annulée, elle est simplement ajournée.
J2R : Quelles sont les autres grandes lignes de votre feuille de route ?
C.B. : Il n'est pas question de révolutionner ce qu'ont fait mes prédécesseurs. C'est un travail qui s'inscrit dans la continuité. On veut poursuivre l'élargissement du nombre de fournisseurs. Pour cela, le groupement s'appuiera sur Solutrans, en novembre prochain, pour toucher la cible des acteurs du poids lourd. Nous souhaitons aussi compter sur des fournisseurs clés pour être des ambassadeurs auprès d'adhérents potentiels. Plus globalement, l'ambition est de faire comprendre au marché que plus nous serons nombreux à passer par le même système d'information, plus cela fluidifiera et fiabilisera nos échanges d'informations.
J2R : Eu égard à ses spécificités et sa singularité, le Golda a-t-il un avenir en dehors de nos frontières ?
C.B. : C'est une idée qu'avait lancée Thierry Leblanc et qui est très pertinente. La France est le seul pays en Europe à disposer d'un service de ce type et même s'il n'est pas parfait, plusieurs marchés peuvent nous l'envier. On y pense, on regarde les pays limitrophes, notamment le Benelux où les fournisseurs sont souvent communs et les interlocuteurs déjà sensibilisés. Ce n'est pas la priorité du Golda, mais ça fait sens.