Clepa : la rechange se prépare à l’essor des données
Après deux ans d’absence, la conférence aftermarket du Clepa était de retour en "présentiel", à Bruxelles (Belgique), les 1er et 2 juin 2022. L’occasion d’abord pour Frank Schlehuber, senior consultant market affairs du Clepa, de dresser un état des lieux du marché, estimé à 241 milliards d’euros en Europe.
"Après les pénuries de semi-conducteurs et de matières premières, nous voici dans un contexte d’inflation et de hausse du coût des énergies, a-t-il déploré. De plus, avec l’électrification du parc, nous aurons moins de pièces à changer… Mais celles-ci auront une plus grande valeur. Cette tendance est irréversible et l’aftermarket devra s’adapter. J’ai bon espoir que nous maîtriserons cette situation."
Des données de plus en plus accessibles
Plus de 200 acteurs du secteur étaient réunis pour cette 13e édition de l’événement, dont les différentes interventions étaient centrées sur la gestion des données. Mark Nicklas, chef de l'unité Mobilité à la DG Grow de la Commission européenne, a débuté par un tour d’horizon des réglementations à venir, à commencer cette année par le Data Act de la Commission européenne, loi visant à un partage plus équitable des données tout en garantissant une sécurité juridique pour les entreprises et les consommateurs qui les produisent.
Selon Mark Nicklas, le secteur en tirera différents avantages. D’abord, des prix moins élevés pour les services et la réparation des objets connectés, car le fabricant ne sera plus le seul détenteur de la donnée, et l’automobiliste pourrait donc faire appel à un réparateur lui coûtant moins cher. Un professionnel équipé avec des produits de différents fabricants pourra aussi potentiellement recourir à un seul service pour l’ensemble d’entre eux, et non pas un par marque. Mark Nicklas a par ailleurs souligné que la complexité et les spécificités des services basés sur les données embarquées nécessiteront des définitions spécifiques et une approche sur-mesure complétant la loi européenne sur les données.
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Un échange entre données et services
L’expression "data monetization", soit la monétisation des données, est apparue à plusieurs reprises. Hasmeet Kaur, senior consultant pour Roland Berger, a explicité les trois moyens d’y parvenir : une rentabilité exacerbée par l’analyse des données ; revendre à des tiers les données récupérées sur les véhicules ; proposer des services client à partir des données collectées. Des bénéfices qui pourraient faciliter l’acceptation collective de cette ouverture de l'accès à la data.
Hasmeet Kaur a en effet présenté les résultats d’un sondage mené en mai 2022 auprès de 640 personnes : si seulement 15 % des répondants se disent prêts à donner accès à toutes leurs données automobiles à un tiers, le proportion monte à 29 % quand la question précise "en échange d’un vrai bénéfice". "Il faut que les raisons pour lesquelles on demande les données du client soient claires, lui expliquer en quoi c’est important pour lui, analyse cette dernière. N’attendez plus et soyez plus transparents dès maintenant avec les données que vous possédez."
Un besoin de transparence
Gwenael de Calan, chef des ventes de Caruso, a ensuite noté que ce nouveau marché des données prenait du temps à se constituer en raison d'un parc connecté encore relativement faible. Si la qualité des données s’améliore néanmoins avec le temps, Gwenael de Calan a appelé de ses vœux un règlement plus établi pour les acteurs de ce marché.
S’en est suivie une table-ronde regroupant constructeurs, distributeurs et réparateurs, qui a confirmé la volonté de l’ensemble de ces opérateurs d'accélérer le déploiement de services basés sur la data. Ces derniers ont aussi rappelé la nécessité d’une plus grande transparence sur les données disponibles.
La dernière partie de la journée de conférences était constituée d’exemples pratiques de services et produits liés à la mobilité et basés sur les données. Arval, Bridgestone, Michelin et Groupauto ont présenté leurs projets.
Vers une mobilité plus durable
Alors que le Clepa a déjà prévu sa 14e conférence aftermarket en 2023, Frank Schlehuber a conclu cette 13e édition :
"Il est essentiel que les consommateurs aient toujours le libre choix de choisir leur réparateur de confiance. Un cadre réglementaire solide est nécessaire pour maintenir un équilibre concurrentiel entre les différents canaux de réparation. Dans notre cheminement vers une mobilité durable, la rechange peut jouer un rôle clé en gardant les véhicules plus longtemps sur nos routes et en utilisant des pièces de rechange provenant de sources durables."