Daniel Rochefort (Delphi Technologies) : "La reprise est plus rapide que nous le pensions"
Comment avez-vous vécu cette période de confinement ?
Nous pouvons évidemment nous attarder sur les aspects négatifs de cette crise qui a sensiblement ralenti l’ensemble des activités du marché automobile. Mais je préfère, de mon côté, insister sur les éléments positifs de cette période. Elle a déjà permis de souder davantage nos équipes qui se sont entraidées lorsque certains de nos salariés ont été absents ou placés en activité partielle. Cette crise a également contribué à faire avancer notre vision sur le télétravail. Tous les collaborateurs ont su s’adapter à cette période inédite et ont trouvé une nouvelle organisation de travail efficace. D’ailleurs, j’ai trouvé que nos collaborateurs étaient globalement moins stressés dans leur quotidien pendant ces semaines de confinement. Beaucoup se sont épargnés plusieurs heures de transport quotidien qu’ils ont pu mettre à profit pour par exemple s’occuper davantage de leur famille. Il me parait indispensable de tirer des leçons de ce que nous avons vécu. De notre côté, nous nous sommes rapprochés de nos collaborateurs afin de savoir comment chacun avait traversé cette période de confinement et par conséquent réfléchir à notre future organisation du travail.
Comment l’activité a-t-elle été maintenue pendant ces quelques mois ?
La première priorité du groupe a été d’assurer la sécurité de ses salariés et de leur famille. Nous avons régulièrement organisé des réunions téléphoniques pour vérifier que toutes les équipes se portaient bien et qu’aucun collaborateur ne rencontrait de soucis fonctionnels pour assurer leurs tâches quotidiennes. Nous nous sommes d’ailleurs assez rapidement adaptés au télétravail puisque nous avions anticipé cette période lorsque nous avons pris connaissance de l’épidémie en Chine. Toutes les équipes ont été préalablement munies d’ordinateurs portables afin qu’elles restent opérationnelles dès le lendemain de l’annonce du confinement. Dans le même temps, j’ai demandé à nos équipes terrain de contacter leurs clients pour s’assurer que tout allait bien et leur apporter notre appui. Après ces premiers retours, nous nous sommes interrogés sur la façon dont nous allions suivre notre développement et l’activité commerciale. Comme toute entreprise, la gestion de la trésorerie était le facteur numéro 1 et l’un des éléments les plus importants pendant cette crise. Lorsqu’un maillon de notre chaîne de valeur n’a pas pu respecter ses engagements de paiement, nous nous sommes efforcés de trouver rapidement une solution. Nous avons, là encore, anticipé autant que possible cette situation, ce qui nous a permis d’éviter des problèmes d’impayés. Ne pouvant plus se rendre chez leurs clients, les commerciaux ont été mis en activité partielle et ont pu mettre à profit cette situation pour par exemple suivre des formations en ligne. Enfin, au-delà de la gestion de cette crise, nous avons pris le temps de préparer la reprise en nous attaquant à différents projets comme la préparation du lancement de notre nouvelle gamme de pompes à carburant, la qualité de nos bases clients ainsi que la revue de notre prospection. Des projets marketing européens ont également été déployés au cours de ces mois pour préparer l’avenir.
Quel est le premier bilan de la reprise ?
La reprise est là plus rapide que nous le pensions, en particulier depuis fin mai. Nous pensions que l’activité redémarrerait de manière moins soutenue, c’est donc une bonne nouvelle ! Mais nous restons prudents car personne n’est capable de prédire le niveau d’activité de ces prochains mois. Cette reprise est-elle le miroir réel du marché sell-out ou correspond-elle uniquement à un rattrapage du retard enregistré ces derniers mois ? Difficile de répondre à cette question pour le moment.
Au début du confinement, certains acteurs du marché prévoyaient une année à -20 %. Compte-tenu de la reprise, les plus optimistes envisagent un exercice en baisse de 5% à 10% voire même un exercice étale par rapport à 2019 pour les plus optimistes.
Quelles relations avez-vous entretenues avec les centrales tout au long de cette période ?
Nous avons gardé un lien constant avec nos partenaires avec lesquels nous veillons à entretenir des relations basées sur la communication, la confiance, la transparence et le professionnalisme. Dans cette situation inédite, nous avons mené des échanges très constructifs. Certains ont décidé de fermer leurs plateformes et d’autres les ont maintenues ouvertes partiellement. A l’inverse, quelques acteurs ont stocké avant le confinement pour tirer leur épingle du jeu pendant cette période. Depuis la reprise, nous échangeons régulièrement afin d’appréhender le futur et collaborer efficacement afin de relancer le marché.
Où en est le projet d’acquisition de Delphi Technologies par BorgWarner ? Des synergies commencent-elles à se mettre en place à l’aftermarket ?
Ce projet suit son cours et les actionnaires du groupe Delphi Technologies viennent d’ailleurs d’approuver la transaction qui devrait être finalisée, comme prévue, au deuxième semestre 2020. Les deux sociétés étudient désormais comment ce rapprochement va se concrétiser dans les prochains mois. Pour l’aftermarket, nous sommes impatients puisque Delphi Technologies est très présent sur ce marché. Nous devrions renforcer très sensiblement notre portefeuille de produits, en particulier dans le domaine de la propulsion. Nous avons donc hâte que ce rapprochement se fasse rapidement. Quant à nos clients, nous les tenons informés au fur et à mesure de l’évolution de l’actualité que nous avons en interne. Aujourd’hui, nous sommes concentrés sur la reprise de l’activité afin de trouver toutes les solutions nécessaires pour faire de cette seconde partie de l’année une réussite commerciale commune avec nos partenaires !