Data : les équipementiers automobiles demandent des règles claires et équitables

La dernière conférence annuelle de Clepa, qui s’est tenue les 2 et 3 avril à Bruxelles, a mis en lumière les tensions croissantes autour de l’accès aux données automobiles. Plus de 200 professionnels du secteur, décideurs politiques et experts, ont débattu à cette occasion de l’innovation logicielle et de la gestion de la data, devenues des enjeux prioritaires pour les acteurs de la rechange et de la réparation.
En effet, si l’écosystème européen de l’après-vente montre une capacité d’adaptation face aux défis technologiques et environnementaux, il reste confronté à un obstacle de taille : l’absence de législation pleinement opérationnelle pour garantir un accès équitable aux informations générées par les véhicules.
"Le plein potentiel des services de mobilité numérique en Europe ne peut être atteint qu’avec un cadre clair et facilitateur garantissant l’accès aux données critiques des véhicules et assurant la connectivité avec les diagnostics embarqués", a confirmé Benjamin Krieger, secrétaire général du Clepa, dans son allocution d’ouverture.
Innovation : un écosystème en effervescence
Pour illustrer ces mutations à l'œuvre, cette 16e conférence de la fédération européenne des équipementiers automobiles a donné la parole à dix jeunes entreprises venues présenter leurs solutions dans les domaines de l’électrification, de la maintenance prédictive ou encore de l’intelligence artificielle.
Paula Schwertzler, de Volytica Diagnostics, a d'ailleurs remporté le prix du "meilleur pitch" pour sa présentation sur les travaux de l'entreprise sur le suivi de l’état des batteries.
Ces innovations témoignent du dynamisme du secteur, mais soulignent aussi l’importance d’un environnement réglementaire adapté pour favoriser leur déploiement. À ce titre, la mise en œuvre prochaine du Data Act européen est scrutée de près.
Un cadre législatif encore incomplet
Lors d’une présentation dédiée, Antonio Biason (DG CNECT) a confirmé que les lignes directrices du Data Act seront publiées en septembre. Mais les représentants du secteur s’inquiètent de ses limites : plusieurs cas d’usage spécifiques à l’automobile – comme la maintenance préventive ou l’analyse comportementale – en sont exclus. Une réglementation complémentaire semble donc indispensable.
Les débats ont aussi porté sur la cybersécurité et la manière d’assurer la protection des véhicules sans compromettre la concurrence. Pour Franck Schlehuber, consultant pour le Clepa, l’équilibre est délicat : "La cybersécurité ne doit pas se faire au détriment de la concurrence. Empêcher l’accès aux diagnostics ou à l’installation de pièces de rechange risque de restreindre le choix des consommateurs et d’augmenter les coûts d’entretien."
Face à ce constat, le Clepa a rappelé la nécessité d'élaborer un texte spécifique sur les données automobiles. L'organisation plaide pour une révision en profondeur de l’Annexe X du règlement 858/2018, afin de mieux prendre en compte les avancées technologiques et les besoins des réparateurs indépendants.