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Equipementiers

Jean-Philippe Moyet : "Distri Cash a une vraie marge de progression sur la pièce de rechange"

Publié le 27 février 2025
Par Romain Baly
5 min de lecture
En l'espace de huit ans, le numéro un de la distribution de pneumatiques en France a trouvé sa place dans l'écosystème de la pièce de rechange. Mieux, il en est devenu un acteur très important avec son réseau de plateformes DCA. Fort de ses bons résultats et avec le concours d'Alternative Autoparts, Jean-Philippe Moyet, dirigeant du groupe, voit encore plus grand.
Distri-Cash DCA pièces Jean Philippe Moyet
Après son expansion dans l'Hexagone, le groupe Distri Cash pourrait être tenté par une aventure à l'étranger d'ici deux à trois ans, comme le confirme son dirigeant. ©Distri Cash

L'exercice 2024 a été riche pour DCA avec le déménagement de votre plateforme de Gennevilliers et les premiers travaux de votre futur site de Toulouse. Le réseau poursuit ainsi sa structuration ?

Notre plateforme de Gennevilliers a en effet déménagé à Villeneuve-la-Garenne (92) juste avant l'été. Celle de Toulouse a ouvert ses portes fin janvier. Avec ces deux réalisations, nous poursuivons effectivement ce projet lancé en 2016 qui consistait à créer notre propre réseau de plateformes avec une couverture nous permettant d'apporter un service optimal partout en France. C'est ce que nous mettons en place au fur et à mesure.

Fort de huit plateformes, le réseau DCA va-t-il encore grandir ?

Nous sommes présents à Bordeaux, Lille, Lyon, Paris, Rennes, Rouen et Toulouse ainsi qu'à Marseille avec Logic System. Il ne nous manque plus qu'une implantation dans l'Est de la France. C'est vraiment notre dernier trou dans la raquette, mais nous allons y arriver. Nous n'y sommes pas encore parce qu'on ne peut pas tout faire en même temps. Nous avons pour principe de monter une plateforme et d'attendre qu'elle soit rentable avant de lancer un nouveau projet. C'est notre fonctionnement. Cela étant, il faut aussi trouver les terrains, les bâtiments, les équipes, etc. Ce qui explique que certains sites se sont concrétisés plus rapidement que d'autres. Nous devrions commencer à travailler sur ce sujet en 2026.

La plateforme de Gennevilliers, désormais localisée dans la ville voisine de Villeneuve-la-Garenne, est celle qui a lancé votre aventure dans la pièce de rechange. Quelles sont vos ambitions avec ce nouveau site ?

Aujourd'hui, nous avons une vision du marché qui nous semble bonne pour les années à venir. La croissance est plutôt forte et ce bâtiment DCA reste notre site principal. C'est celui qui stocke le plus de références, avec de l'ultra-profondeur de gamme qu'on ne peut pas avoir partout. Il nous fallait un outil logistique plus vaste pour améliorer notre stock et notre productivité. Avec ce nouveau bâtiment qui nous offre une surface 60 % plus importante que le précédent, nous pouvons voir venir.

Cette année, vous allez aussi déménager votre site de Rouen (76) qui est parti en fumée lors d'un incendie en 2023. Et pouvoir tourner la page…

Exactement, nous allons enfin pouvoir repartir sur de bonnes bases avec cette nouvelle plateforme à Rouen. C'est notre volonté. Il y a un an et demi, on avait ouvert un petit site de dépannage, d'environ 1 500 m², pour affirmer malgré tout notre présence. Mais en réalité, notre empreinte locale restait très limitée puisque nous avions perdu 80 à 90 % de notre activité.

On était donc à la recherche d'un terrain ou d'un bâtiment qui puisse nous permettre de relancer Rouen tel que la plateforme était à l'époque. À son ouverture, ce site avait connu une progression exceptionnelle qu'on voulait retrouver. Nous avons finalement trouvé notre bonheur, et la nouvelle plateforme ouvrira pendant la deuxième quinzaine de février 2025 avec une superficie de 11 000 m² portant le concept DCA ainsi qu'un très gros stock de pneus.

On imagine le soulagement des équipes après cet épisode…

Oui, absolument, ç'a été très dur pour les collaborateurs. Voir son outil de travail partir en fumée est un traumatisme. Heureusement, le groupe est suffisamment fort pour s'en sortir et nous avons su rapidement rebondir. On s'est battu, et aujourd'hui c'est un bonheur pour les équipes. Tout le monde est à pied d'œuvre depuis plusieurs semaines. Nous avons très envie de faire quelque chose de grand à Rouen et en Normandie.

Comment s'est comportée l'activité pièce de rechange en 2024 pour le groupe ?

Nous sommes très satisfaits de notre année avec une croissance de chiffre d'affaires de 18 %, après avoir fait +23 % un an plus tôt. Nous avons su garder un rythme fort, avec de nouveaux clients et des gammes qui ne cessent de s'enrichir.

Sur quels éléments repose votre stratégie ?

La force du réseau DCA, c'est déjà d'associer de la pièce de rechange et du pneumatique. Sur la distribution de pneus, nous bénéficions clairement d'une position de leader. Et nous avons décidé de développer la pièce depuis une dizaine d'années. Proposer l'intégralité de cette offre est un plus pour nos clients qui passent ainsi par un seul fournisseur. Pour le reste, nous n'avons rien réinventé. On mise toujours beaucoup sur notre équipe commerciale.

Le digital est une chose, c'est très bien, mais il faut préserver cet aspect traditionnel de notre métier. Nous avons 62 vendeurs qui parcourent toute la France. Cette force de vente est couplée à une stratégie alliant des longueurs de gamme, des profondeurs de stock et un service de proximité avec 95 % du territoire livré en H+4. Et je ne parle même pas du prix, qui est encore plus accessoire que dans le pneu.

Que pèse cette activité au sein du groupe Distri Cash ?

La pièce de rechange représente environ 100 millions d'euros, soit 16 % de notre chiffre d'affaires. Et nous disposons d'une vraie marge de progression dans les cinq prochaines années sur ce marché. Le poids de cette activité ne va pas forcément grossir chez nous, parce que nous avons de grandes ambitions sur le pneumatique. Nous comptons donc développer encore cette activité. Et désormais, nous connaissons les axes pour continuer de performer sur la pièce.

Sur ce marché de la distribution de pièces de rechange, vous avez d'ailleurs lancé fin 2023 le réseau de franchise Global Auto Pièces. Comment se porte-t-il ?

Aujourd'hui, nous découvrons ce métier de la franchise. Fin 2024, le réseau Global Auto Pièces comptait sept franchisés, ce qui est encore très faible. Mais nous n'avons pas la volonté d'annoncer un objectif de 60 ou 80 franchisés à telle ou telle échéance. En réalité, c'est un métier difficile, différent aussi. Il faut être proche du franchisé et le soutenir. C'est la raison pour laquelle nous préférons nous développer petit à petit, mais correctement. Atteindre les 20 à 25 sites d'ici à trois ans est un objectif qui nous va très bien.

Quel est le profil des adhérents ou candidats à cette franchise ?

Souvent, il s'agit d'un pneumaticien souhaitant se diversifier. Il compte déjà une activité pièces de rechange qu'il veut développer en ouvrant un magasin de proximité. Avec Global Auto Pièces, il peut concrétiser son projet avec une enseigne très accessible [l'investissement moyen est d'environ 150 000 euros, ndlr]. Ce type de profil correspond à notre candidat idéal. De plus, la franchise Global Auto Pièces peut éventuellement intéresser des professionnels de la pièce, des salariés qui, à 35, 40 ou 45 ans, souhaitent devenir entrepreneurs. Ils connaissent parfaitement leur métier et, encore une fois, vont pouvoir voler de leurs propres ailes avec un concept peu onéreux.

Il y a deux ans, le groupe Distri Cash/DCA s'est rapproché d'Alternative Autoparts. Que vous apporte ce groupement ?

Premièrement, comme je l'ai déjà dit, les deux groupes sont en phase dans leur approche du métier et de leur stratégie. On parle là de sociétés qui se ressemblent avec des actionnariats familiaux, une réactivité, une flexibilité et un sens du service client qui nous permettent d'être performants. C'est important de se retrouver autour de ces valeurs. En outre, et plus concrètement, ce partenariat nous a permis d'accéder à de nouvelles gammes, de nouveaux produits, avec des conditions plus avantageuses sur certaines marques.

De son côté, Alternative Autoparts s'y retrouve en pouvant compter sur un partenaire engagé, car nous avons toujours été très fidèles envers nos fournisseurs, et a également réussi à développer son offre de pneumatiques grâce à notre expertise. Tout cela se développe de mois en mois. On continue d'apprendre mutuellement et il y a un vrai échange gagnant-gagnant.

Plus globalement, quel bilan faites-vous de votre année 2024, tant sur la pièce que sur le pneu ?

2024 a été une très belle année pour le groupe. Grâce à notre service et à notre stock, qui nous coûtent très, très cher et demandent des investissements incessants, nous parvenons à conserver notre place de leader. Nous avons réalisé 600 millions d'euros de chiffre d'affaires, soit 20 % de plus qu'un an plus tôt. Nous visons pour 2025 entre 12 et 13 % de croissance avec de nouveaux contrats, l'ouverture des sites de Rouen et de Toulouse.

Nous pourrons aussi compter sur notre implantation à Rennes, dont la surface sera doublée. Tous ces efforts vont notamment nous permettre de renforcer notre offre de pièces et de pneus, et donc de mieux servir des clients qui ne veulent plus stocker et attendent de nous une grande réactivité.

Compte tenu de la taille et du poids de votre groupe, êtes-vous tenté par un développement extra-frontalier ?

Notre objectif initial était de mener à bien notre mission sur l'ensemble du territoire français. D'ici la fin de l'année, nous pourrons dire que ce travail est bien engagé. Il restera toujours des axes d'amélioration, mais on aura réalisé tous nos plus gros projets. Donc, cette question fera partie des pistes de réflexion pour 2026 ou 2027.

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