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Le marché noir des gaz réfrigérants toujours florissant

Publié le 15 avril 2020
Par Mohamed Aredjal
3 min de lecture
Face à l’augmentation du commerce illicite de fluides frigorigènes, les industriels de la filière tirent la sonnette d’alarme. Ces derniers invitent notamment les professionnels de l’automobile à contrôler plus strictement leur approvisionnement en R134a.
L'EFCTC dénonce le commerce illégal des hydrofluorocarbures (HFC).

Du gaz illégal dans les systèmes de climatisation ? Le message peut sembler alarmant mais le Comité technique européen sur le fluorocarbone (EFCTC) s'inquiète de la hausse significative du commerce illégal de HFC nocifs en Europe. Produits essentiellement en Chine et importés illégalement sur le Vieux Continent, ces réfrigérants semblent désormais y prospérer. "Le marché a été fortement chamboulé depuis plus d’un an avec l’arrivée de quantités importantes de gaz HFC illégaux. […] Des organismes se sont penchés sur le sujet, en particulier l’ONG EIA, qui évalue à 16 % la part de marché de ces gaz illégaux", confirme Mélanie Jourdain, représentante de l’EFCTC.

Selon une étude du cabinet Kroll, mandaté par l'EFCTC, 228 cas de fraude ont été dévoilés entre mars et décembre 2019. L’essentiel du trafic identifié concerne des bonbonnes à usage unique (interdites sur le marché européen) qui ont été essentiellement vendues sur des plateformes en ligne, comme eBay, OLX et MarktPlaats.

L’inflation des HFC

La hausse de ces importations doit être liée à la nouvelle réglementation F-Gas II, qui introduit un mécanisme de réduction progressive de la consommation de HFC via la mise en place de quotas alloués aux producteurs et importateurs. Objectif : inciter les professionnels à se tourner vers des gaz de substitution plus propres, les HFO. Mais pour l’automobile, aucune alternative n’est disponible pour entretenir le parc roulant.

"Il y a effectivement la problématique du parc roulant qui ne peut pas être converti même si les véhicules vieillissants vont être progressivement remplacés par des voitures neuves", reconnaît Mélanie Jourdain. Du fait de leur raréfaction, les fluides HFC ont vu leurs cours grimper à la hausse ces dernières années, avec des progressions atteignant jusqu’à 1300 % selon des données du cabinet allemand Öko-Recherche (voir graphique, ndlr). Du côté du gaz R134a, qui équipe encore 60 % du parc roulant, le pic du cours n’a atteint "que" 600 % et tend, depuis fin 2018, à décroître. Ce contexte a évidemment favorisé l’éclosion d’un circuit parallèle.

Les prix des HFC ont baissé en 2019 après avoir connu un pic en 2018.

D’autant que les contrôles à l’entrée des marchés européens sont jugés insuffisants par l’EFCTC qui reconnaît que ces produits empruntent des filières d’approvisionnement difficile à tracer. C’est pourquoi le conseil recommande un renforcement des contrôles par les Etats membres.

Se méfier des prix trop attractifs

Il faut ajouter que ces gaz illégaux ne sont pas sans risque pour leurs utilisateurs. "Ces produits présentent un vrai danger pour la sécurité des utilisateurs car ces gaz ne sont pas contrôlés et leur qualité n’est pas assurée. Des saisies opérées par les douanes ont mis en évidence que le contenu réel des bouteilles ne correspondait pas au produit affiché... […] Les garagistes doivent prendre conscience qu’ils sont confrontés à un potentiel risque en utilisant ces produits. Toutes les parties doivent s’engager et nous voulons sensibiliser toute la chaîne de valeur", insiste Mélanie Jourdain.

Pour les aider à identifier ces produits non autorisés, l’EFCTC travaille sur une solution de "track and trace" pour un meilleur suivi des emballages et essayer de mettre en place un circuit d’approvisionnement fiable et certifié. En parallèle, le conseil a mis en place le programme Action Line qui permet à chacun de transmettre, de façon anonyme, des informations concernant l’utilisation de produits illégaux. L’organisation appelle également tous les professionnels au bon sens en les incitant à se méfier des offres trop alléchantes… "Ils doivent privilégier leurs fournisseurs habituels et écarter les propositions issues de nouveaux acteurs avec une offre décorrélée des prix du marché", conclut la porte-parole de l’EFCTC.

 

 

 

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