Le nouveau challenge d'Audrey Bidart (Nexus Automotive France)
"Le téléphone sonne beaucoup plus depuis quelques mois…", sourit Audrey Bidart. C'est qu'en prenant la direction générale de Nexus Automotive France, puis la présidence en octobre, elle a rejoint un groupe de premier plan, tout en devenant l'une des rares femmes à assumer de telles responsabilités dans le secteur de la rechange. Ce qu'elle déplore. "À titre personnel, même si je suis quelqu'un de discret, je trouve ça forcément gratifiant qu'on s'intéresse à moi. Après, de manière plus générale, si ma nomination fait parler, c'est aussi parce que les femmes sont trop peu nombreuses dans notre profession."
Un état de fait qui lui a valu quelques désagréments dans le passé. Originaire d'Ile-de-France, diplômée d'une école de commerce, Audrey Bidart n'est pas tombée tout à fait par hasard dans la marmite de l'après-vente. "Je voulais évoluer dans un univers empreint de techno logie, d'innovation et de R&D", retrace-t-elle. C'est ainsi qu'elle intègre les rangs du groupe Bosch en octobre 1998, dans le cadre d'un stage et avec une mission ardue pour une néophyte.
Du jour au lendemain, en étant seulement la deuxième femme au sein du service commercial, elle se voit confier le test grandeur nature du concept Bosch Car Service, d'abord sur la moitié sud de la France, puis sur l'ensemble du territoire. Et si elle prend plaisir à confronter les cultures d'un jour à l'autre, échangeant le lundi avec des Ch'tis, le mardi avec des Catalans ou le mercredi avec des Alsaciens, elle se frotte aussi à la dure réalité de ce métier.
Main dans la main avec les constructeurs
"Dans le cadre de cette mission, je collaborais avec des distributeurs et des garagistes. Et se retrouver, à 24 ans, face à eux, n'était vraiment pas un cadeau", souligne-telle. Les remarques plus ou moins bien senties, tendance misogyne et machiste, sont difficiles à avaler mais forgent aussi le caractère. Audrey Bidart en convient et trouve peu à peu sa place. Stage terminé, elle est embauchée par l'équipementier pour gérer le déploiement de l'enseigne dans le Nord-Ouest. Une belle occasion d'apprendre "la vraie vie des garagistes" à une époque où ces derniers assimilaient seulement les notions d'entretien et de mécanique complète.
Au bout de trois ans, on lui propose de passer du service à la pièce, ce qu'elle accepte bien volontiers, ravie de se rapprocher du "core business" de son groupe. L'expérience est enrichissante mais, fin 2004, Audrey Bidart décide d'ouvrir un nouveau chapitre.
La voilà qui débarque chez Valeo, autre institution du secteur, en tant que responsable grand compte pour Renault-Nissan. Une facette inédite de son métier. "C'était nouveau pour moi de travailler avec un constructeur. On évolue vraiment main dans la main avec les industriels, on est en lien direct avec leurs problématiques. C'est une mission qui est très exigeante." Après les deux forces vives de l'Alliance, elle s'occupera de PSA, pas encore Stellantis mais déjà très international, une dimension qui compte beaucoup pour elle.
Ne retenir que le meilleur
Dans un cas comme dans l'autre, elle est en interaction avec des équipes évoluant au Japon, aux USA, en Chine ou encore au Brésil, de quoi la ravir. "Le management interculturel est quelque chose de très captivant et très enrichissant." L'aventure Valeo conduira Audrey Bidart à mener un grand chantier, avec l'idée de faire converger les intérêts et le langage de deux mondes proches sur le papier et pourtant si éloignés dans les faits, à savoir ceux de l'OE et de l'IAM.
Cette tâche l'occupera un an et lui vaudra d'être promue à la direction commerciale de l'équipementier, avec une autre mission, non moins importante mais bien différente : "Il fallait réorganiser l'équipe, redéfinir le cadre global, fédérer des gens habitués à travailler chacun de leur côté, détaille-telle. Il y avait une grande dimension humaine dans ce rôle."
En 2022, après dix-sept ans de bons et loyaux services, elle choisit de quitter la maison de la rue Bayen et de n'en garder que le meilleur. "J'ai beaucoup apprécié ces années chez Valeo. Contrairement à l'image qu'on peut en avoir, le mode managérial sous Jacques Aschenbroich était très bienveillant. Et puis Valeo est une boîte très rigoureuse mais qui innove, au sein de laquelle on peut porter des projets."
Chez Nexus Automotive, son nom a fait l'unanimité
En quête de changement et désormais bien identifiée dans la rechange, elle reçoit plusieurs sollicitations, dont celle de Gaël Escribe, dirigeant fondateur de Nexus Automotive International, qui l'appelle un beau jour pour lui proposer de prendre la tête du bureau tricolore et lui explique, en prime, que son nom fait l'unanimité auprès des actionnaires, parmi lesquels on retrouve la famille Godefroy (IDLP/Alternative Autoparts), Claudie Cahart (patronne d'ID Rechange), les membres du réseau Apprau ou la société Aniel Marketplace…
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Autant de personnalités "que je connaissais bien et que je respecte énormément", confie-t-elle. Tout était réuni pour dire "oui", d'autant qu'Audrey Bidart lorgne alors sérieusement la distribution pour ajouter une corde supplémentaire à son arc. Nexus se pose ainsi comme un terrain d'expérimentation idoine pour ouvrir ce nouveau chapitre.
J'avais l'image d'une organisation sortie de nulle part qui a su prouver sa crédibilité avec une dynamique et une proposition de services que je trouve disruptive, le tout dans une forme de grande bienveillance. C'est exactement ce que j'ai retrouvé en arrivant. Ce qui est fantastique avec Nexus, c'est que tout est possible. C'est un grand groupe qui a su préserver un esprit très entrepreneurial.
Désormais, sa feuille de route est toute tracée. Y figurent le développement de nouveaux partenariats avec les équipementiers, le recrutement d'adhérents dans l'Hexagone ou encore le déploiement, toujours en France, de services déjà proposés à l'international (comme ceux liés à la formation, par exemple). "Heureuse à ce poste", Audrey Bidart sait aussi pouvoir compter sur sa riche expérience pour relever ses prochains défis.