LKQ France est enfin parisien !
Cette fois, c'est fait ! Pendant de nombreuses années, l'installation en région parisienne de LKQ France – future dénomination de Van Heck Interpieces France – a fait figure de vieux serpent de mer. Souvent sur les rangs mais jamais élu, le groupement néerlandais s'était ainsi positionné en 2017 pour la reprise de la plateforme AutoParts (ex-LumLux), à Gennevilliers (92), finalement reprise par l'Agra. Un an plus tard, des rumeurs lui prêtaient également des vues sur AFP, avant que la société de Serge Falco n'adhère à Alternative Autoparts. Plus proche de nous, il y a encore eu le projet de rachat de Parts Holding Europe, la maison mère d'Autodistribution, qui aurait permis à LKQ de prendre une tout autre dimension et, par ricochet, de concrétiser enfin son projet parisien.
Sur cet échec, Alex Gelbcke, PDG de LKQ Fource, dit n'avoir "aucun regret" . Pas plus que sur le reste. Pour comprendre le cheminement qui a abouti à l'ouverture au printemps de cet entrepôt des Ulis (91), le dirigeant invite à un petit flashback. "Entre 2011 et 2020, le groupe a beaucoup investi. Quand vous rachetez différentes sociétés, c'est autant de process, d'outils et de cultures qu'il faut réussir à faire converger. Et cela demande du temps", rappelle-t-il. Le tournant remonte à 18 mois lorsque, sur la feuille de route d'Alex Gelbcke, la France est érigée parmi les priorités.
Changement de stratégie
De là est né un changement stratégique, avec la volonté de communiquer davantage (une ambition soutenue notamment par la direction marketing, pilotée par Ludovic Montenot), de mieux s'intégrer dans le paysage de la rechange tricolore (d'où des adhésions à la Feda et à la FNA) et enfin, d'avoir un rayonnement national plus important. Sur le plan logistique, plutôt que de guetter les opportunités, LKQ a donc pris son destin en main en investissant dans de nouvelles plateformes. Aux trois sites de Chassieu (69), Noyelle-Godault (62) et Maxéville (54) sont venus s'ajouter celui de Castelnau-d'Estrétefonds (31), en périphérie toulousaine, qui est opérationnel depuis l'automne 2021, et donc, depuis le printemps, celui des Ulis.
Un choix quelque peu à rebours des logiques locales – dans la mesure où la majorité des principaux acteurs du marché ont historiquement fait le choix de s'installer à Gennevilliers, au nord de Paris – mais qui fait sens. L'entrepôt essonnien de LKQ est en effet situé à moins de 5 minutes de l'autoroute A10, débouché direct pour tout l'Ouest de l'Hexagone, et en bordure de la N118, lui offrant un accès rapide au périphérique francilien (A86) ainsi qu'à Paris et toutes ses "correspondances" routières.
En outre, en misant sur cet emplacement, l'organisation a pu trouver une perle rare sur un marché de l'immobilier toujours aussi tendu. Sa plateforme s'étend ainsi sur 8 000 m² entièrement refaits à neuf. Si l'investissement reste confidentiel, la qualité des installations et l'étendue de l'entrepôt donnent une idée de l'épaisseur de l'enveloppe…
De la pièce… et des services !
Celui-ci, comme le site de Lyon, est directement relié au hub européen de LKQ localisé à Vilvorde (Belgique), et aux équipementiers pour ses réapprovisionnements. À l'intérieur sont stockées 80 000 références (d'une valeur de 5 millions d'euros) comprenant à la fois des gammes premium, des MDD, de l'outillage ou des consommables. Pour répondre aux tendances du moment, des gammes de pièces pour véhicules électrifiés ainsi que de l'outillage dédié sont également proposés.
La plateforme constitue, en outre, le point de contact pour accéder à l'offre de services proposée en France par le groupement tels que la plateforme en ligne CarCat, la LKQ Academy ou, à compter du second semestre, l'offre Moobi. Déjà proposée aux Pays-Bas et en Belgique, celle-ci comprend un service d'audit, de livraison, d'installation et de maintenance de bornes de recharge grâce à des partenaires spécialisés. Si, lors de notre visite au mois de mai, la plateforme ne tournait pas encore à plein régime, tout semblait déjà prêt pour atteindre le rythme de croisière ; 40 employés animent l'entrepôt et naviguent dans ces longues allées où les pièces sont rangées par famille, par type et par marque.
Toutes sont rassemblées sur différentes zones de dispatch, ava nt que les commandes soient complétées pour leur expédition. De 4 au printemps, le nombre de tournées passera tout bientôt à 12, sur une zone de chalandise de 200 km². Contrairement à d'autres plateformes de la région, le poids du comptoir y restera volontairement assez faible, LKQ n'ayant pas pour ambition de servir, entre autres, les jobbers du coin.
Une sixième plateforme à Nantes
Cette nouvelle implantation va logiquement soutenir le développement de l'organisation dans la moitié nord de l'Hexagone, et va également accélérer la croissance de ses réseaux. Les quatre distributeurs BPN (Business Partner Network) franciliens – pour une centaine sur tout le territoire – seront vraisemblablement rapidement rejoints par de nouveaux. Même dynamique pour les réparateurs AutoFirst. Avec seulement 90 garages en France, essentiellement dans l'Est, le réseau présente de facto un potentiel de croissance indéniable. Un animateur a d'ailleurs été recruté pour amorcer ce nouveau départ.
La plateforme des Ulis viendra enfin en soutien du prochain site logistique de LKQ France. Un sixième sera prochainement inauguré à Nantes (44) afin d'optimiser le rayonnement dans l'Ouest. Une ouverture est espérée pour l'été ou, au plus tard, pour la rentrée. Une satisfaction pour Alex Gelbcke. "Jusqu'à peu, nous étions perçus comme une boîte hollandaise qui pilotait une filiale en France. Aujourd'hui, la perception du marché change progressivement. Preuve de cela : il y a encore deux ans, une petite ou moyenne entreprise qui était à vendre ne pensait pas à nous. Désormais, c'est le cas." Aujourd'hui, 24 ans après sa création et 14 ans après son arrivée en France, l'ex-Van Heck, désormais LKQ France, est en train de consolider sa place, une bonne fois pour toutes.