PLATEFORME - La crise ne freine pas les ambitions de Flauraud
C’est sûr, Olivier Guillaume aurait pu rêver meilleur scénario pour ses premiers mois à la tête de Flauraud (Aurilis Group). Quelques semaines seulement après sa prise de fonctions, en décembre dernier, le nouvel homme fort du distributeur clermontois a affronté l’une des plus graves crises financières de l'époque contemporaine. Pour faire face à ce contexte inédit, la filiale du groupe Emil Frey a d’ailleurs dû mettre en place dispositif hors norme.
Flauraud face à la crise
"A l’annonce du confinement, nous avons mis à la quasi-totalité de nos 500 salariés au chômage partiel. L’objectif étant évidemment la protection des équipes. Dès le 18 mars, nous avons repris le travail avec le comité de la direction. Nous avions des réunions quotidiennes en visioconférence pour aborder différents sujets, notamment la préparation de la réouverture", rappelle Olivier Guillaume. Dans un premier temps, Flauraud se penche sur son offre produits. Un kit anti-Covid-19, comprenant tous les produits sanitaires nécessaires à la reprise d’activité chez les réparateurs, voit ainsi le jour. En parallèle, le distributeur renforce, dans son stock, toutes les gammes de produits susceptibles d’être très sollicités à l’issue de ces longues semaines d’arrêt pour le parc roulant.
Grâce à ces dispositions, Flauraud a été, dès la levée du confinement, l’un des premiers acteurs du marché à livrer ses clients, y compris des grandes enseignes nationales. Progressivement, les ventes ont ainsi pu reprendre dans la plateforme du groupe et dans ses différents magasins. Un "fil rouge" réservé aux professionnels en première ligne face à la crise sanitaire a d’abord été mis en place dans la semaine qui a suivi le confinement avant une réouverture successive des points au plus grand nombre.
Mais, en dépit de ces nombreuses mesures, Flauraud a évidemment dû faire face à une perte de chiffre d’affaires importante entre mars et avril. "Moins de 20 % du chiffre d’affaires a été réalisé pendant le mois d’avril par exemple", confie Olivier Guillaume.
Une crise aux effets durables
Depuis mai, la fin du confinement et la progression d’activité dans les garages ont néanmoins pu aider le groupe clermontois de redresser la barre. "A la reprise, nous nous attendions à une activité forte pendant les deux premières semaines puisqu’il fallait intervenir sur ces véhicules n’ayant pas pu être entretenu pendant le confinement. Ce qui s’est confirmé puisque nos chiffres sont très positifs en mai. En moyenne, le niveau de chiffre d’affaires est supérieur à 80 %", constate le directeur général. Ce dernier reste toutefois prudent, conscient que la crise a fragilisé une partie de la filière.
"Quand on se penche sur la situation de nos clients, on s’aperçoit que le problème qu’ils rencontrent aujourd’hui, c’est le cash, confirme Olivier Guillaume. Les entreprises sont très vigilantes sur leur niveau de trésorerie et n’achètent donc pas pour faire du stock. Les ateliers commandent exclusivement ce dont ils ont besoin. Nous avons aussi constaté une certaine appétence pour les prix : la compétitivité tarifaire est devenue très importante et nous avons répondu à cette attente sur certaines familles de produits."
Selon le dirigeant de Flauraud, les conséquences de la crise devraient d’ailleurs être perceptibles durant de longs mois… "Lorsque les prêts et facilités de paiement commenceront à être remboursés, je crains que toutes les entreprises ne puissent y faire face. Les répercussions de cette crise se feront ressentir encore longtemps", ajoute-t-il.
Un concept de distribution "phygital"
Malgré cette conjoncture défavorable, Flauraud veut se montrer optimiste et n’entend pas ranger dans les cartons ses projets de développement. Après avoir consenti d’importants investissements pour mécaniser sa plateforme centrale, le groupe veut aujourd’hui parfaire sa couverture du territoire. Conscient que ses 21 magasins ne lui garantissent pas un maillage national, la filiale d’Emile Frey envisage d’étendre sa présence en privilégiant une approche plus "novatrice"…
"Pour adresser un marché local, il n’est pas nécessaire de disposer d’une implantation propre : nous pouvons passer des accords, nous appuyer sur des relais, etc. Le modèle de la distribution physique tel que nous le connaissons aujourd’hui, nous n’y croyons pas nécessairement dans l’avenir. Nous privilégions un concept plus « phygital », associant les atouts du web et de la distribution traditionnelle", indique Olivier Guillaume. S’il préfère rester discret pour le moment sur le déploiement de ce nouveau projet, le dirigeant assure qu’il verra le jour prochainement.
Retrouvez la totalité de notre dossier consacré aux plateformes de distribution dans le J2R n°105 de juillet - août 2020.