Retour à la confiance pour les équipementiers automobiles
Alors qu’ils ont été durement touchés par la crise du coronavirus, les équipementiers se révèlent désormais optimistes, selon la dernière étude Pulse Check réalisée par le Clepa (Association européenne des équipementiers automobiles), avec l’aide du cabinet McKinsey.
En effet, interrogés de fin février à début mars 2021, 38 % d’entre eux affichent des prévisions positives contre seulement 8 % il y a six mois. Des perspectives plutôt dynamiques qui semblent liées à un rebond beaucoup plus rapide que prévu du marché automobile mondial.
Ainsi, 4 fournisseurs sur 5 prévoient une augmentation des volumes de commandes dans les douze prochains mois. Et la rentabilité devrait se stabiliser avec des résultats supérieurs à 5 % pour plus de quatre répondants sur dix. Toutefois, 31 % des répondants ont toujours une vision négative. "Ce qui est une proportion beaucoup plus élevée que dans la période pré-coronavirus", précise l’organisation.
Pas de retour à la normal avant 3 mois
"Le sentiment s'améliore malgré les inquiétudes persistantes liées à l'impact de la pandémie et aux difficultés actuelles de livraison de semi-conducteurs (composants électroniques) et d'autres matériaux critiques, comme l'acier et les plastiques, ainsi que les contraintes en matière de capacité de transport et de logistique, qui ont toutes un effet modérateur", a déclaré Sigrid de Vries, secrétaire générale du Clepa. Plus de 60 % des répondants indiquent en effet être touchés par ces difficultés, qui se traduisent par un retard ou une interruption de la production.
En effet, les équipementiers reconnaissent que la "crise des semi-conducteurs a révélé les failles de la gestion de la chaîne d'approvisionnement en flux tendu". Et une reprise à court terme semble impossible avant au minimum trois mois.
La situation sur le terrain diffère en fonction de l'exposition aux marchés mondiaux, de l'impact de la crise du Covid-19, du niveau d'avancement vers de nouvelles opportunités en matière de conduite connectée et automatisée et de solutions de motorisation alternatives, notamment les moteurs électriques, les essieux et les systèmes de gestion de la batterie, et de la nécessité de gérer le changement dans un marché en contraction.", analyse la secrétaire générale.
Actuellement, un rebond des volumes de commandes est principalement observé en Chine et aux États-Unis, l'Europe restant à la traîne.
Préparer demain en ajustant son portefeuille
Pour autant, selon l’association européenne, la pandémie n’a pas freiné la transformation structurelle du secteur automobile, qui est depuis plusieurs années sur la voie de la mobilité numérique et neutre en carbone.
La course à la compétitivité est lancée, et il y aura des gagnants et des perdants en conséquence. C'est d'ailleurs ce qui ressort du Pulse Check du Clepa. Seuls 4 % des répondants ne prévoient pas de changement radical dans leur entreprise au cours des cinq prochaines années. Ce chiffre n'a jamais été aussi bas", a-t-elle ajouté.
Pour 70 % des acteurs interrogés, le secteur va avant tout se consolider. La moitié d’entre eux soulignent l'importance croissante des activités impliquant des composants clés de haute technologie. "Pour ceux qui sont actifs dans les technologies liées aux moteurs à combustion, la demande croissante de solutions électrifiées exerce une pression importante sur leur modèle économique. Étant donné que les volumes automobiles mondiaux ne devraient pas dépasser les 100 millions d'unités de sitôt, le gâteau global se rétrécit également", souligne l’association.
En effet, même si la demande de véhicules électrifiés augmente, leurs ventes globales restent encore modestes, atteignant 11 % de part de marché en Europe en 2020. Même constat pour la mobilité intelligente et les services connectés. Ainsi 90 % des fournisseurs sont en train d’adapter leur portefeuille de produits pour mieux préparer l’avenir. Ce virage passe notamment par le développement en interne de nouvelles technologies (61 % des sondés), un changement d'orientation stratégique au sein du portefeuille existant (51 %), la consolidation (32 %) et les fusions et acquisitions (29 %).
A noter, de nombreux équipementiers (50 %) s’intéressent également à d’autres marchés pour leurs solutions technologiques (hors du domaine automobile), à l'instar de l'électroménager ou des systèmes de recharge.