Stellantis : ce qui cloche avec les réservoirs AdBlue défaillants
Les anomalies des systèmes AdBlue, pourtant essentiels pour limiter les émissions polluantes des moteurs diesel, continuent d'alimenter les débats. Ces pannes, largement relayées par les médias et qualifiées de "problème massif" par l’UFC Que Choisir, concernent particulièrement les véhicules Peugeot et Citroën (208, 308, 2008, C3, C4, Jumper, etc.) du groupe Stellantis équipés des moteurs Diesel 1.5, 1.6, 2.0 et 2.2 BlueHDi produits jusqu’à fin 2022.
En 2023, l’association de consommateurs a d’ailleurs saisi la DGCCRF après avoir reçu plus de 5 000 témoignages d’automobilistes signalant ces dysfonctionnements. "En France, le problème touche surtout Peugeot et Citroën, mais d’autres marques sont également concernées dans des pays comme l’Italie ou l’Allemagne", explique Véronique Louis-Arcene, juriste pour l’UFC Que Choisir, à nos confrères de La Voix du Nord.
Ces pannes sont en grande partie liées à la sensibilité de l’AdBlue aux variations de températures. Sous les 10°C ou au-delà des 30°C, le liquide peut cristalliser, provoquant des pannes mécaniques et électroniques. Mais cette fragilité est exacerbée par des défauts de conception identifiés dans certains réservoirs AdBlue de modèles Peugeot et Citroën.
Des réservoirs AdBlue sous pression
En effet, selon Cotrolia, spécialiste de la réparation électronique, ces équipements fabriqués par l’équipementier Akwel souffrent de plusieurs défauts structurels. "Le module électronique, vissé directement sur le réservoir contenant le liquide AdBlue, est particulièrement vulnérable. À la moindre fuite, le liquide corrosif peut endommager les composants électroniques", précise Samuel Tschannen, directeur commercial de l’entreprise nantaise.
Si l’urée cristallise dans le réservoir, des dysfonctionnements peuvent également survenir dans la pompe ou dans les entrées et sorties du boîtier Adblue. Enfin, des problèmes de pompes et de jauge peuvent aussi provoquer des défauts de fonctionnement du système DeNox. Ces éléments, dotés d’un système électronique complexe, sont sujets à des pannes de capteur, de sonde ou de moteur.
Cotrolia a étudié ces défaillances et propose désormais des réservoirs remanufacturés et améliorés. Ces produits sont remis à neuf dans la Reman Factory, usine dédiée à l’échange standard, qui a ouvert ses portes en 2023. Grâce à ce site, le spécialiste du remanufacturing a renforcé l’architecture interne des réservoirs AdBlue et intégré de nouveaux points de contrôle, réduisant ainsi les taux de retour à 2 %.
Des réparations coûteuses
Pour répondre aux attentes des clients touchés, Stellantis a mis en place une politique de prise en charge progressive. Les véhicules de moins de cinq ans et 150 000 km bénéficient d’une couverture à 100 % sur la pièce, tandis que ceux âgés de cinq à sept ans (moins de 210 000 km) voient cette prise en charge osciller entre 30 % et 90 %. Le constructeur offre aussi une réduction de 30 euros sur la main-d’œuvre et a mis en place, depuis avril 2024, une politique couvrant les cas de récidive.
Mais ces efforts ne suffisent pas toujours à couvrir les frais engagés par les automobilistes. "Malheureusement, il y a souvent un reste à charge", déplore Véronique Louis-Arcene. Sur le terrain, les concessionnaires et agents agréés des deux marques reconnaissent que la situation n'est pas toujours simple à gérer. "Nous suivons les préconisations du constructeur, mais les réparations restent parfois insuffisantes. Les prises en charge sont souvent limitées en âge et en kilométrage", partage Sébastien Groisne, coordinateur pièces & services pour le groupe Vauban.
La désactivation de l’AdBlue prend de l’ampleur
Face aux coûts de réparation et aux limitations des garanties, une pratique illégale se développe dans les ateliers : la désactivation des systèmes AdBlue. Bien que contraire aux normes de dépollution, cette solution – non détectée par le contrôle technique – gagne du terrain.
"C’est un phénomène qu’on observe de plus en plus, reconnaît Sébastien Groisne. C’est exactement ce qui s’était passé pour les FAP ou les vannes EGR." Pour contrer ces dérives, Cotrolia propose des solutions légales et durables. "Nous offrons des réservoirs remanufacturés et optimisés, garantissant fiabilité et longévité. Nous avons mis plus d'un an et demi à mettre au point ce process qui compte plus de 40 points de contrôle", résume Samuel Tschannen.