Best of Belron ou la mise en lumière d'un métier toujours plus exigeant
Lisbonne, mercredi 12 juin, 9 h, un homme au regard avisé appuie sur un buzzer rouge. Un gong retentit et voici que 30 personnes se répartissent autour d'autant de Toyota C-HR. Le temps est compté et les minutes défilent. 120 minutes plus tard, un retentissement similaire marquera la fin de la première épreuve de ce championnat pas comme les autres.
Bienvenue au Best of Belron 2024, la finale mondiale qui récompense les meilleurs techniciens vitrage issus de centres Carglass des quatre coins du monde. Au terme d'un programme sans trêve, avec six épreuves réparties sur deux jours, seuls trois concurrents sur les 30 en lice ont la chance de pouvoir monter sur les marches du podium.
Avant d'en arriver à ce stade, ce sont en moyenne deux années d'entraînement que les techniciens doivent assumer. S'ajoutent à cela de nombreuses étapes à gravir et concurrents à éliminer : finales départementales, régionales et enfin nationales.
Pour cette douzième édition, la France s'est encore illustrée : la représentante de l'Hexagone, Marine Aguilar, est la première candidate féminine de l'histoire du Best of Belron. Avec sept années de maison, elle est dorénavant chef du centre Carglass de Tarbes (65). Pratiquante de rugby à haut niveau, elle semble avoir mis autant de ferveur à accroître sa technique du changement de vitrage pour accéder à cette finale mondiale au Portugal.
L'excellence à tout prix
Le Best of Belron rassemble les 30 meilleurs techniciens vitrages depuis douze éditions. Mais pour justifier ce niveau d'excellence, les règles sont strictes et les écarts à proscrire. Plus de 1 500 points sont vérifiés au cours des six épreuves. Lesquelles sont de niveaux différents.
La compétition commence fort avec le très technique changement des glaces latérales. Hormis la précision du geste, c'est aussi la sécurité qui est de mise lors de cette seule étape où des morceaux de verres brisés peuvent se répandre. La protection de la carrosserie et des sièges est inspectée au peigne fin par les deux juges qui examinent attentivement les faits et gestes de notre candidate. Celle-ci se doit d'échanger avec les deux Américains qui la notent lors de cette épreuve de la même manière qu'elle agirait avec un client. Chez Carglass, la relation avec le sinistré est cruciale et fait ici partie de la note.
Quelques minutes avant la fin de ces deux heures d'épreuve, chaque candidat s'affaire à aspirer chaque débris de verre restant au sol ou sur les moquettes, nettoie minutieusement les nouvelles glaces et la carrosserie. Ils peuvent alors signer le devis et remettre les clefs du véhicule aux juges avant de leur serrer la main.
La même assiduité doit être appliquée tout au long de la journée, tant pour le changement de l'encombrante lunette arrière en 1h30 que pour la moins exigeante préparation de l'espace de travail pour les épreuves du lendemain. La première journée de compétition se termine, mais le plus dur reste encore à venir… Perfectionniste, Marine Aguilar commente sa première journée : "Je ne pense pas être satisfaite à 100 %, puisqu'il y a toujours des améliorations possibles, ça fait partie du jeu. Mais je me sens bien et prête pour attaquer cette seconde journée."
Jour deux, décisif
Après une courte nuit de sommeil sous la chaleur de la péninsule ibérique, les candidats se retrouvent dès neuf heures du matin à la Meo Arena pour une épreuve… surprise ! Il s'agit alors d'appliquer du déperlant sur le pare-brise, de changer les essuie-glaces et autres services additionnels que propose le réseau Carglass. Une entrée en matière plutôt douce avant d'attaquer la réparation d'impact. Une épreuve de 90 minutes où l'efficacité du technicien vitrage dépend aussi de la durée nécessaire l'injection automatique de produit sur l'impact.
Le calcul final des points ne prend pas en compte la rapidité de l'intervention, mais si le technicien dépasse le temps imparti, un malus peut s'appliquer. D'autre part, les produits utilisés peuvent être très corrosifs pour la peau, mais aussi abîmer les balais d'essuie-glaces, et rapidement, certains concurrents perdent beaucoup de points en négligeant les EPI et autres protections de la carrosserie.
Les dernières heures de cette compétition approchent, de même que la dernière épreuve, décisive. Il est temps de tomber le pare-brise et les candidats vont pouvoir démontrer tout leur savoir-faire. D'autant que cette opération implique de nombreuses autres manœuvres sous-jacentes. Il faut interroger l'ordinateur de la voiture, débrancher la caméra, poser son plus beau filet triangulaire de colle… et régler les Adas !
En finale nationale, la Française joue de malchance. Son cordon se rompt, lui faisant perdre un temps précieux. La pression est donc à son comble, d'autant qu'au bout de 50 minutes, à peine la moitié de l'épreuve, le candidat allemand termine son opération sous les acclamations. Marine Aguilar s'en sort tout de même très bien et finit l'épreuve royale en avance.
Finalement, le Canadien David Chester remporte le titre de meilleur technicien du monde au terme de ce Best of Belron 2024, suivi par l'Anglais George Pim et le Slovène Andrej Zavsek. Pas mécontente de son expérience de finaliste, la française admet qu'elle attend avec impatience "le retour dans [son] centre, pour revoir [ses] équipes et reprendre un rythme de vie plus calme."
Un métier toujours plus exigeant
Le championnat mondial des techniciens vitrage Best of Belron est exigeant, mais il met surtout en lumière un métier qui ne tolère pas l'approximation. Chaque intervention est minutieusement normée et suit un processus millimétré. Il faut reconnaître que depuis quelques années, le métier a évolué avec la sophistication croissante de l'automobile.
La technologie a eu un impact sur le changement de pare-brise. Il y a près de dix ans, les Adas sont devenues la norme sur chaque véhicule neuf, et la plupart du temps, elles sont pilotées par une caméra située au niveau du pare-brise. S'il n'est pas difficile de l'extraire et de la remonter lors du changement de vitrage, cette aide intelligente nécessite d'être calibrée à chaque fin d'intervention. La jeune génération de techniciens vitrage est quasiment née avec les recalibrages et cet exercice est désormais bien intégré au sein du réseau Carglass, malgré les contraintes d'accès aux données de certains constructeurs.
Un autre facteur entre en jeu, celui de l'augmentation du gabarit des voitures modernes. Les pare-brises deviennent de plus en plus larges. Ainsi, de nombreuses interventions nécessitent dorénavant d'être deux pour pouvoir prendre en charge de telles surfaces vitrées. À l'instar des outils de recalibrage qui se fiabilisent, d'autres outils sont nés pour accompagner les techniciens dans leurs interventions. Puisque les ventouses ne suffisent plus, le système One Tek a été déployé dans le réseau. Il permet de manier le pare-brise depuis un seul côté du véhicule avec une grande aisance.
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Les outils se multiplient toujours plus pour répondre à l'augmentation des technologies et des innovations des véhicules. De même, les formations des collaborateurs suivent ce rythme. Marine Aguilar est bien placée pour le savoir : "Nous avons de la formation tout au long de notre carrière chez Carglass. Dès qu'une nouveauté apparaît dans le vitrage automobile, il y a un suivi dans les centres. On nous dispense les bonnes techniques avec les bons outils, ce qui simplifie grandement notre travail."  Quant à Marc Blankiet, directeur des opérations de Carglass France, il nous assure que "le métier de technicien vitrage ne risque pas de disparaître !"