Le gouvernement se plie au contrĂ´le technique des deux-roues
"Illégale." C'est le terme employé par le Conseil d'État pour qualifier la décision du gouvernement, le 25 juillet 2022, d'abandonner l'idée d'un contrôle technique des deux-roues, et plus largement des véhicules de catégorie L. Un élément à comprendre : ce contrôle technique devrait prochainement devenir une réalité. L'incertitude tourne autour du calendrier et des modalités.
Retraçons la chronologie depuis 15 mois : le 9 août 2021, le gouvernement prévoyait, via un décret, la mise en place de ce contrôle technique au 1er janvier 2023, soit au-delà de la limite prévue par la directive européenne de 2014 (1er janvier 2022). Suspendu dans la foulée, ce décret avait été remis sur le devant de la scène par le Conseil d'État en mai dernier, ce dernier voulant l'avancer à octobre 2022. Avant donc que le gouvernement ne l'abroge en juillet. Cette décision du 31 octobre 2022 du Conseil d'État annule donc cette abrogation.
Le ministre des Transports s'y prépare
L'instance s'appuie sur deux motifs pour rĂ©instaurer le dĂ©cret : la suppression du contrĂ´le technique des deux-roues aurait dĂ» Ăªtre soumise Ă consultation du public "compte tenu de son incidence directe et significative sur l’environnement" et, surtout, les mesures alternatives prises par le gouvernement ne sont "pas suffisamment efficaces pour amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© routière des motards".
Sur France 2, Clément Beaune, ministre des Transports, a justifié le choix des mesures alternatives : "Nous pensions que c'était mieux, moins contraignants et moins coûteux", a-t-il expliqué. Mais a fini par admettre qu'il "faudrait très probablement mettre en place un contrôle technique" pour les deux-roues.
Le ministre a annoncĂ©, appuyĂ© mercredi 2 novembre par un communiquĂ© du ministère de la Transition Ă©nergĂ©tique, qu'une concertation serait lancĂ©e Ă la fin de cette première semaine de novembre, avec les associations de motards, de sĂ©curitĂ© routière et l’ensemble des parties concernĂ©es. "Il y aura des modalitĂ©s Ă dĂ©finir : rĂ©gularitĂ©, coĂ»ts, normes…, a-t-il listĂ©. Tout cela peut Ăªtre discutĂ© car il y a une marge de manÅ“uvre importante laissĂ©e au gouvernement par la règle europĂ©enne."
J'espère que nous allons trouver un consensus qui soit le moins pénalisant possible. Chacun est attaché à la sécurité et à la qualité de son véhicule, a conclu Clément Beaune.
1,5 million de motos bientôt contrôlées ?
Difficile aujourd'hui d'imaginer une mise en place du contrĂ´le technique des deux-roues dès le 1er janvier 2023. Entre la formation des effectifs (alors mĂªme que 1 000 contrĂ´leurs manqueraient dĂ©jĂ selon les rĂ©seaux) et les Ă©quipements Ă dĂ©finir, recevoir et installer, les centres ne pourront pas Ăªtre prĂªts Ă accueillir dans deux mois les deux-roues immatriculĂ©s avant le 1er janvier 2016, comme le voudrait le calendrier du dĂ©cret.
Rappelons que, selon l’Observatoire national interministĂ©riel de la sĂ©curitĂ© routière, le parc français serait composĂ© de quelque 2,7 millions de deux-roues, dont près d'1,5 million de plus de 125 cm³, prochainement soumis au contrĂ´le technique, donc... À moins d'un Ă©nième retournement de situation.