Pièces d’occasion : les réparateurs peinent à respecter leurs obligations
Pièce de réemploi et réparation automobile font toujours mauvais ménage selon une étude réalisée entre mi-septembre et mi-octobre 2019 par nos confrères de 60 millions de consommateurs. Dans leur numéro de janvier, ces derniers dévoilent en effet les résultats d'une enquête réalisée auprès de 309 professionnels qui témoigne des difficultés d'application de l'arrêté favorisant l'usage de pièces de réemploi.
Pour cette étude, plusieurs clients mystères se sont rendus auprès de différents réparateurs, déroulant trois scénarios différents. Ils recherchaient, selon les cas, un alternateur pour une Renault Clio III 1,5 DCi (2012), un rétroviseur gauche pour VW Golf V 1,9 TDi (2007) ou un phare droit pour une Peugeot 207 1,4 HDi (2010). Résultat : moins d’un réparateur sur 10 propose spontanément un phare ou un rétroviseur d’occasion.
10 % des ateliers refusent la PIEC
Pour les demandes d'alternateur, les retours sont plus encourageants : 68 % des réparateurs ont proposé spontanément une pièce en échange standard mais seulement 2 % une pièce d’occasion. Or les pièces en échange standard, c’est-à-dire remises à neuf selon les spécifications du fabricant, ont un coût plus élevé (prix moyen alternateur neuf : 532 €, échange standard : 485 €, occasion : 161 €). Après relance spécifique des clients mystères, seuls 9 % des ateliers ont accepté la pose d'un alternateur d'occasion.
60 millions de consommateurs précise d'ailleurs que, tous produits confondus et "après relance et demande d’une pièce spécifique d’occasion", un professionnel sur trois finit par obtempérer. Le bilan n'en reste pas moins "mauvais" selon nos confrères qui pointent également du doigt un autre comportement en totale infraction avec la loi : un réparateur sur dix refuse de poser autre chose que du neuf...
Les MRA "à la peine"
Autre information notable : les professionnels les plus enclins à proposer des pièces de réemploi sont les agents de marque. A l’inverse, les concessionnaires sont portés vers le neuf tout comme les ateliers sans enseigne qui restent, selon l'étude, les plus "à la peine". Et parmi les motifs de refus, pour l’alternateur, ils portent majoritairement sur la qualité de la pièce tandis que pour le phare et le rétroviseur, les professionnels invoquent la difficulté à trouver ces éléments.
Pour mémoire, depuis janvier 2017, tous les réparateurs sont obligés d’informer et de proposer à leurs clients des pièces de réemploi, désormais nommées pièces issues de l’économie circulaire (PIEC). Un arrêté publié en octobre 2018 et entré en vigueur le 1er avril 2019 précise notamment les situations dans lesquelles le réparateur n’est pas tenu à cette obligation.
C’est par exemple le cas lorsque le véhicule "fait l'objet de prestations réalisées à titre gratuit ou sous garanties contractuelles" ou lorsque les pièces ne sont pas disponibles "dans un délai compatible avec le délai d'immobilisation du véhicule" ou, enfin, si le professionnel estime que les pièces d'occasion sont "susceptibles de présenter un risque important pour l'environnement, la santé publique ou la sécurité routière". Un flou sur les modalités d’application dont semblent profiter aujourd'hui certains réparateurs...