TRIBUNE - Quand un assureur met en danger un métier
Récemment, l’un des leaders de l’assurance, la Macif, a racheté l’un des leaders agréés du monde du vitrage automobile, Mondial Pare-Brise. Il s'agit d'une première dans ce secteur : un assureur prend possession d'un réseau de réparation agréé… Par agréé, on entend prescrit par les assureurs. Quand le donneur d’ordre devient le payeur, cela devient malsain !
En effet, la liberté de choix du consommateur est largement remise en question. Car, l’assureur prescripteur met tout en œuvre pour que son client aille chez son partenaire agréé en lui faisant croire par exemple, qu’il devra avancer les frais et payer un reste à charge s’il va ailleurs. C’est faux ! Pourtant, s’il a légalement la liberté de choisir le prestataire qu’il veut faire intervenir, le consommateur reste toujours très influencé par les prescriptions de l’assureur et cède souvent à ses arguments. Pourquoi aller ailleurs que chez l'opérateur de l'assureur même si le cadre réglementaire impose le libre choix du réparateur ?
Sauver la qualité des services
Par ailleurs, lorsqu'une assurance agrée un prestataire, elle exige de lui des négociations tarifaires très basses. Les conditions d’agrément vont sans aucun doute changer pour les réparateurs et devenir plus strictes. Conséquence directe : pour survivre, l’entreprise agréée va devoir réduire ses coûts et sa qualité de service s’en ressentira…
Il est essentiel de mettre le client au centre de l’équation, plutôt que de faire des remises à des compagnies d’assurance !
Aujourd’hui, si les non-agréés sont plus nombreux que les agréés, ce rachat par un assureur est un moyen de pression supplémentaire sur les indépendants. Ne pas être agréé, c’est ne pas subir la pression des assurances qui tirent les prix de nos prestations vers le bas, par le biais d’experts automobiles mandatés et payés par elles… Et là encore – comme rappelé plus haut – chacun sait que la baisse des tarifs entraine très souvent une remise en cause de la qualité des services proposés.
Personnellement, je préfère privilégier mes clients plutôt qu'offrir des "cadeaux" financiers aux assureurs. Par exemple, nous leur offrons la franchise. Car, il est essentiel de mettre le client au centre de l’équation, plutôt que de faire des remises à des compagnies d’assurance !
Ne pas se laisser menacer
Les assureurs, au mépris de la loi Consommation votée en 2014 – dite loi Hamon – nous font payer notre indépendance, en ralentissant le remboursement de nos factures et en n'en respectant souvent pas les montants. Ces pratiques sont plus que pénalisantes pour l’ensemble des indépendants. Il faut maintenant être assez solide financièrement pour garder sa liberté ! Ce qui n’est pas donné à tout le monde.
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Aujourd’hui, si nous laissons faire, non seulement le consommateur sera manipulé, mais notre métier sera également en danger. Le savoir-faire va laisser place à des poseurs de vitrage à la petite semaine. Les assureurs pourront se targuer d’être assez puissants pour non seulement tuer notre métier, mais aussi toutes les professions dépendant de l’assurance, à l’instar des carrossiers, en maîtrisant peu à peu toute la chaîne de réparation automobile.
Il est temps que les spécialistes indépendants de la réparation du bris de glace montent au créneau, défendent leur filière et montrent qu’ils peuvent tenir le rôle du pot de fer !
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