Du rififi dans les rangs de la FFC
À quelques jours seulement de l’ouverture du salon Solutrans (du 21 au 25 novembre 2023), l’heure est au règlement de comptes à la FFC. Et pour cause, dans un communiqué publié le 13 novembre 2023, l’organisation professionnelle accuse sa branche des carrossiers-constructeurs de "trahison".
Patrick Cholton, qui présidait jusqu’ici le syndicat, dénonce la manœuvre de cette branche dissidente dans le but de "récupérer le pouvoir et les finances (notamment en vendant Solutrans)"…
Patrick Nardou, nouveau président de la FFC
Rapide rappel des faits : dans la foulée de la réélection de Patrick Cholton, le 17 mars 2022, à la présidence de la FFC pour un troisième mandat, la branche constructeurs (présidée par Guillaume Olivier et dirigée par son secrétaire général Benoît Daly) a décidé de saisir le tribunal judiciaire de Paris.
Celle-ci juge, en effet, ce vote contraire aux statuts de la fédération qui n’autorise pas de troisième mandat pour cette fonction. La justice lui donne finalement raison ce 8 novembre dans un jugement qui invalide l’élection, obligeant de fait Patrick Cholton à quitter son poste.
Convoqué d’urgence ce 13 novembre, le comité de direction de la FFC a élu un nouveau président à sa tête : Patrick Nardou. Œuvrant jusqu’ici en tant que président de la FFC réparateurs, il succède à son prédécesseur jusqu’à la fin du mandat en cours. Notons toutefois que Patrick Cholton ne disparaît pas du paysage de la FFC puisqu’il a été confirmé à la présidence de Solutrans et de Carpromo (la société commerciale de la fédération).
Un troisième mandat exécuté "à titre exceptionnel"
Pour Patrick Cholton, l’action en justice de la branche des constructeurs ne constitue qu’une tentative supplémentaire de ses opposants pour le déstabiliser. S’il reconnaît que son élection n’est pas conforme à la limitation statutaire des mandats du président, l’ancien dirigeant rappelle qu’il avait accepté, "à titre exceptionnel", de s’engager pour éviter une carence à la tête de la FFC.
En l’absence de candidat déclaré dans les trois branches adhérentes de la fédération, le président avait accepté de rempiler une troisième fois à la demande de la gouvernance. Le vote lui avait alors été favorable, mais il avait été contesté par une partie des dirigeants de la FFC constructeurs.
Des relations de plus en plus tendues entre les branches de la FFC
Derrière cette invalidation de l’élection de Patrick Cholton se dessine en réalité une bataille de pouvoir entre les adhérents carrossiers-constructeurs de la FFC et ceux des deux autres branches. Selon l’ancien président, la branche dissidente s’est progressivement isolée depuis une dizaine d’années, en développant un "complexe de supériorité".
"La FFC constructeurs […] renonce à utiliser les services de la fédération (en en privant ses adhérents), est très souvent absente, s’accapare le service de veille réglementaire mis en place pour l’ensemble des adhérents, conteste les décisions prises par le comité de direction de la fédération, s’oppose au processus d’élection du président de la FFC une première fois en 2018 […]", dénonce l’organisation professionnelle dans son communiqué.
Cette dernière va jusqu’à accuser les carrossiers-constructeurs d’avoir mis en péril sa pérennité financière en s’opposant à la représentativité de la branche des réparateurs au sein des services de l’automobile. Ce qui a privé la fédération de financements importants…
Patrick Cholton prêt à riposter
Outre ces manœuvres en coulisses, Patrick Cholton s’est dit "choqué, indigné et profondément écœuré par les attaques personnelles et mensongères" dont il fait l’objet. En effet, ce dernier est également contesté par ses détracteurs pour la gestion jugée défaillante de l’organisation professionnelle.
"Ces accusations sont fausses, honteuses et diffamatoires. Le soutien de Jean Jacques Merour, président de la FFC équipements et véhicules, ainsi que celui de Patrick Nardou, président de la FFC mobilité réparation et services, témoigne de ma loyauté envers la fédération et la filière depuis des années. Je souligne également que pour mon second mandat, j’ai été réélu avec 64 % des voix et non pas à une voix près, comme j’ai pu le lire. Je ne peux tolérer de tels accusations et agissements, et je me devais de porter ces informations à la connaissance de tous."
Pour répondre à ces accusations, Patrick Cholton a annoncé la tenue d’une conférence de presse ce mercredi 15 novembre au cours de laquelle il répondra à toutes les questions.