REPORTAGE VIDEO - La carrosserie Rabatel, pionnière européenne du robot de peinture
C'est donc une carrosserie innovante, membre de Carflex, qui a adopté le robot PaintGo en octobre 2024. En effet, la carrosserie Rabatel a acquis cette technologie de pointe inédite en Europe. "Nous voulions effectuer la première installation du robot dans un atelier qui ressemble à beaucoup d'autres, pour démontrer sa pertinence", explique l'un des responsables de l'entreprise d'importation souhaitant encore rester discret.
Surmonter la pénurie de main-d'œuvre
Ce dernier est un proche de Grégory Chave, dirigeant de l'entreprise de réparation. Ensemble, ils ont découvert l'existence de la technologie PaintGo, développée par la société chinoise Onew, sur internet. En effet, la Chine a pris une longueur d'avance dans le domaine de la robotisation de l'application de peinture en carrosserie. Aujourd'hui, une quarantaine d'ateliers – notamment ceux de concessionnaires Audi, BYD, Mercedes, Volkswagen et Tesla – ont déjà adopté des robots de peinture pour assister leurs peintres. Les premiers ont ainsi partiellement automatisé ce poste depuis deux ans.
Cependant, en Chine, les réparateurs ont adopté ce système pour résoudre une problématique de formation des peintres. De son côté, la carrosserie Rabatel l'a acquis pour surmonter la pénurie de main-d'œuvre. Précisons que Grégory Chave a repris la carrosserie en 2016. Il a ensuite fusionné cette entreprise fondée en 1933 avec un autre atelier local. Ce qui lui a permis de fusionner les deux équipes pour monter en puissance. Mais aujourd'hui, il est à nouveau confronté à des difficultés de recrutement et de fidélisation de ses peintres.
Des techniciens "geek"
"La machine vaut environ 120 000 euros TTC, plus 10 000 euros d'installation et de formation. Le calcul est vite fait dans mon cas : dans mon atelier, un salaire minimum s'élève à 2 500 euros net par mois, avec les charges, cela me coûte 60 000 euros par an, expose Grégory Chave. En réparant quotidiennement six éléments le matin et six autres l'après-midi, à 55 euros de l'heure, avec deux préparateurs entièrement dédiés à cette opération, on peut atteindre une rentabilité de 16 000 euros". Le dirigeant de la carrosserie Rabatel espère ainsi amortir son acquisition en environ un an.
Par ailleurs, alors que les peintres sont difficiles et coûteux à embaucher, il pense qu'un nouveau profil de techniciens "geek" devrait apparaître dans les ateliers. À côté des peintres chevronnés, des préparateurs de peinture-pilotes de machines pourraient également appliquer la peinture. C'est le cas de Raphaël Fritsch, premier technicien du genre en France.
Ancien militaire, sa conversion dans l'atelier l'épanouit. Mais il lui faudrait encore des années avant d'acquérir le savoir-faire d'un peintre productif. En prenant les commandes de la machine, il grille les étapes. "Son utilisation est vraiment simple, explique-t-il. On scanne d'abord les véhicules pour les faire entrer dans la base de données du robot. Puis, on sélectionne la partie à peindre". L'opérateur n'a plus qu'à charger le pistolet de la machine avec le produit à pulvériser et à régler sa pression d'air.
Adaptation optimisée
Le robot PaintGo 90E peut réaliser la majorité des opérations compliquées. Les équipes du fabricant sont redoutablement efficaces. Elles adaptent le robot aux besoins de ses utilisateurs en des temps très courts. Par exemple, ces ingénieurs programment actuellement la machine pour réaliser des raccords, opération couramment réalisée dans les ateliers chinois. Des réglages sont également en cours pour réduire le débord du bras sur les parties masquées du véhicule, lors de la pulvérisation. Tandis que toutes les nuits, il reçoit des mises à jour techniques du monde entier sur l'ensemble de sa base de données de véhicules.
Cette machine ne remplace donc pas encore l'humain. Mais elle reste néanmoins intéressante pour le réparateur. Ainsi, son mouvement précis et constant réduit sa consommation de peinture. Et même si elle est plus lente, elle ne compte pas ses heures supplémentaires. Des arguments qui semblent déjà intéresser de nombreux réparateurs français et étrangers venus la voir dans l'atelier. En l'employant avec un spectrophotomètre de dernière génération et une machine de mélange de teinte automatique, ses effets sur la productivité de l'atelier pourraient bientôt être démultipliés.
Dans tous les cas, Grégory Chave est convaincu de la pertinence de ce système. Raison pour laquelle il a investit, avec des associés, dans la création de PaintGo France afin d'importer le robot en France. Ensemble, ils comptent se reposer sur un partenaire bien connu des carrossiers français. Leur accord devrait être finalisé dans les prochains mois.