Conflit à Toulouse : la FFC dénonce les pratiques de certains experts
La Fédération française de carrossrie (FFC) affiche son soutien à la carrosserie Barros de Toulouse (31). Cette dernière et l'agent Peugeot Richart de Quint-Fonsegrives (31) sont parvenus à attirer l'attention des médias généralistes sur le litige les opposant à des experts automobiles.
Les deux professionnels pointent les pratiques du cabinet Expertise et Concept qui aurait multiplié les pressions pour leur faire signer un accord visant à réduire drastiquement leurs tarifs de main-d’œuvre en contrepartie de nouveaux apports d'affaires. Mais face au refus des deux ateliers de remiser leurs prix, le cabinet a ralenti le traitement de leurs dossiers de sinistre. Il aurait aussi dénigré leur image auprès des automobilistes et des assureurs.
Les non-agréés dans le viseur ?
Mais plus grave encore, le cabinet aurait "minoré arbitrairement les taux horaires du carrossier de 92 euros à 60 euros, sans jamais apporter la preuve du taux régional moyen, comme l’y oblige pourtant la loi pour abaisser les tarifs", expose la FFC. C'est néanmoins sur la base de ce prix inscrit dans le rapport que les assureurs mandataires du cabinet ont remboursé les travaux des réparateurs.
"Alors que les prix de l'énergie, des ingrédients peinture et des pièces ont augmenté, ils nous obligent à travailler à perte", dénonce Yvon Richart, dirigeant du garage éponyme. Ce dernier est d'autant plus amer, qu'il constate que le cabinet ne s'attaque pas à tous les ateliers. Les non-agréés, dont il fait partie avec la carrosserie Barros, seraient particulièrement visés. "Ces mêmes experts ne discutent pas ainsi le taux horaire à 160 euros d'un constructeur pour lequel je sous-traite les chantiers de carrosserie", souligne-t-il.
A contrario, dans certains autres cas, les experts gonfleraient exagérément le chiffrage des réparations pour classer les véhicules économiquement irréparables. Ceux-ci sont ensuite indemnisés à moindre coût à leurs propriétaires. "J'ai encore tout récemment traité deux exemples de gros chocs, réparés à un prix inférieur à celui donné par l'expert et à la valeur des véhicules concernés", signale le réparateur.
Accords à sens unique
D'après la FFC, cette affaire illustre les abus de certains cabinets d'experts libéraux qui abuseraient de leur position dominante dans certaines régions. Il faut rappeler que ces derniers se sont fortement concentrés ces dernières années.
Parmi eux, certains cabinets pousseraient "les réparateurs à signer des accords sur le modèle de la charte des bonnes pratiques cosignée par BCA Expertise et les fédérations professionnelles, explique Christophe Bazin, secrétaire général de la FFC Mobilité, réparation et services. Mais ces textes énumèrent surtout des listes de contraintes pour le réparateurs".
Le responsable syndical illustre son propos avec la "charte qualité" de l'un d'entre eux. Dans ce document, six des sept articles dictent des obligations pour les carrossiers. Ils les contraignent notamment à la transparence, à l'utilisation de l'outil de gestion des sinistres, à une disponibilité vis-à-vis de l'expert, à l'accueil des clients, à leurs remises commerciales (non précisées), etc. En retour, le seul engagement du cabinet est de fournir le matériel de communication autour de la signature de cet accord.
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Mais en réalité, l'objectif de ces textes serait surtout de tirer le prix des réparations et services vers le bas. Les experts concernés feraient donc pression sur les carrossiers, pour satisfaire leurs clients assureurs en réduisant les coûts de la réparation-collision.
Préserver le débat contradictoire
Selon la FFC, des rapports d’expertise ne préciseraient même pas le détail des prestations (prix des pièces, de la main-d’œuvre, de la peinture, etc.), appliquant des forfaits de réparation globaux, sans justification. Cela, "au mépris total du contradictoire, un principe de base de la relation entre experts et réparateurs", souligne la fédération.
En raison de ce préjudice, la carrosserie Barros estime avoir perdu 150 000 euros de marge nette en trois ans… Raison pour laquelle les deux réparateurs ont dénoncé le cabinet à la DGCCRF. Ils le poursuivent désormais devant le tribunal de commerce.
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À rebours de ces pratiques, la FFC prône des relations apaisées avec les experts, dans le cadre de bonnes pratiques communes. Celles-ci visent à préserver le débat contradictoire entre professionnels, pour choisir les meilleures solutions de réparation, dans les règles de l'art. Une volonté récemment confirmée avec la mise à jour de la charte entre les organisations professionnelles de réparateurs (FFC, FNA et Mobilians) et la FFEA (Fédération française de l’expertise automobile)… Texte visant précisément à éviter et à résoudre tout litige important.