IBIS France : un symposium pour préparer la carrosserie de demain
Pour suivre le mot d’ordre de la première édition de l’IBIS France, "Transformer demain ensemble", tous les acteurs de la réparation collision devront passer par la case RSE (Responsabilité sociale et environnementale). C’est du moins le message qu’ont dû retenir les 450 professionnels et 30 exposants réunis au Palais des congrès du Futuroscope de Poitiers (86), le 19 novembre 2024.
Réseautage entre professionnels
Pour cette grande première dans l’Hexagone (après l’Australie, l’Espagne, les États-Unis, etc.), l’IBIS (International bodyshop industry symposium), porté par le magazine britannique Bodyshop, s’est associé à Cesvi France, hôte de l’évènement.
Au cours de cette journée placée sous le signe de la carrosserie, réparateurs, réseaux, fournisseurs, assureurs et experts ont pu assister à six tables rondes. Au menu : réparation durable, évolutions techniques et économiques de la carrosserie… Sans oublier la problématique de la main-d’œuvre et les évolutions du parc (nouvelles technologies, arrivée des marques asiatiques, etc.). Autant de conférences entrecoupées de pauses consacrées au réseautage entre professionnels.
Coûts financiers et environnementaux
Le coup d’envoi a été donné par Stéphane Duroule, directeur général Assurances France de Covéa (actionnaire du Cesvi), qui a rappelé les enjeux économiques de la réparation collision : "Tout ce qui permet de maîtriser les coûts de réparation est le bienvenu : l’adoption des bonnes pratiques et la formation."
Même discours chez Christian Garrez, président de Darva, qui estime que la profession va changer de paradigme en intégrant les pratiques environnementales : "Il sera bientôt obligatoire de donner les coûts de réparation en euros et en CO2. Nous devons donc mesurer les émissions de carbone de la réparation d'un pare-brise ou d'un rétroviseur."
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Mais cette évolution du marché s’annonce complexe pour une partie de la profession, selon Laurent Oliveras, responsable marketing mondial de l’après-vente d’Axalta. "Nous démarrons une révolution où nous mesurerons d’abord de mieux en mieux l’impact environnemental de la réparation, avant d’améliorer ses performances. Cette révolution implique un coût pour les entreprises, et les plus petites ne pourront pas toutes prendre ce virage."
Structurer le marché de la PRE
La réparation durable repose sur quatre enjeux, résumés par Stéphane Duroule : "L’écologie, en recourant davantage à la pièce de réemploi, la réglementation, l’image vis-à-vis de nos clients et l’économie."
Raison pour laquelle la majorité des assureurs tendent à encourager la réparation plutôt que le remplacement, et à favoriser la PRE le cas échéant. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à accompagner la structuration de son écosystème (logistique, distribution…) "en favorisant un équilibre économique avec un recyclage indépendant". Ici, les participants comprennent l’allusion à la tentation des constructeurs de contrôler le recyclage de "leurs" véhicules.
"Sans les assureurs et leurs VHU (véhicules hors d’usage), nous ne pourrions pas produire de pièces", insiste Luc Fournier, dirigeant de Back2Car et directeur de l’activité Piec d’AAG. Ce contexte conduit aussi les équipementiers à développer le remanufacturing. À l’instar de Valeo qui a annoncé, lors de l’évènement, le lancement d’optiques reconditionnées pour contrer "la concurrence de pièces adaptables exotiques", par la voix de Grégory Planche, responsable du programme économie circulaire éclairage. "Cette activité apporte une forte valeur ajoutée, alors que le prix de certains phares neufs dépasse les 1 500 euros", précise-t-il.
Formation tous azimuts
Dans les ateliers, les attentes sont donc fortes. "Nous devons nous adapter à l’innovation technologique, adopter des pratiques RSE, tout en entretenant l’excellence de l’artisanat", résume Jessica Descoubes, dirigeante de la carrosserie Esthetic Auto.
Pour y parvenir, les réparateurs doivent se former dans tous les domaines. "Nous répercutons les résultats de notre veille technologique dans nos formations", explique Nadia Bestaoui, directrice technique du Cesvi. Chez 3M, Florent Gumery, responsable Europe de l’ingénierie des applications, affirme former les carrosseries aux "bonnes pratiques de RSE et aux indicateurs de performance".
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Cependant, les réparateurs ne seront pas seuls à devoir se convertir à la durabilité. Assurances et assurés devront aussi changer leurs habitudes. Alors que la main-d'œuvre manque, "il va falloir s’habituer à ne plus être aussi rapides et allouer davantage de temps de réparation aux carrossiers", prévient Fabien Guimard, directeur des réseaux de réparation Autodistribution.
D’autant que les carrossiers sont plus fragilisés que jamais par les agréments d’assurance… C’est dans ce contexte général que les spécialistes de l’IBIS observent un mouvement de concentration des carrosseries françaises, même si ce phénomène reste bien moins fort que dans les pays anglo-saxons et le nord de l’Europe. Jusqu’à quand ?