Réparation automobile : des leviers pour réduire les émissions de CO2
Assureurs et apporteurs d'affaires scrutent de plus en plus l’impact environnemental des réparations de véhicules. Ce qui incite même certains acteurs du marché à concevoir des labels en la matière.
Des initiatives qui permettent de répondre à la fois aux attentes des clients et surtout aux obligations imposées par la réglementation européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive, directive sur les rapports de développement durable des entreprises).
C’est dans ce contexte que le Crédit Agricole Assurances, Europ Assistance et BCA Expertise se sont associés à l’Institut Louis Bachelier pour publier un livre blanc intitulé : "Les émission de CO2 de la gestion des sinistres automobiles en France". Objectif : cartographier les émissions de polluants dans les ateliers, puis identifier et mesurer les pistes de réduction possibles.
Trois leviers pour réduire les émissions de CO2
"L'implication de multiples acteurs de la gestion des sinistres dans ce projet ambitieux a permis d'avoir accès à des données inédites, pour une meilleure compréhension de la réalité des émissions de cette filière, souligne Jean-Michel Beacco, délégué général de l’Institut Louis Bachelier. Cette publication est un jalon important qui va faciliter la mise en place d'actions de décarbonation ciblées et qui met en lumière les futurs travaux prioritaires".
En effet, la méthodologie de l'étude repose sur l’analyse de l’ensemble de la chaîne de valeur des réparations en carrosserie. Elle est basée sur les données représentatives fournies par AkzoNobel (pour la peinture), Back2Car (pour les pièces issues de l’économie circulaire), le réseau de garages Assercar et Valeo (pour les pièces remanufacturées).
L'étude porte sur un million de dossiers de sinistres expertisés en 2022 par BCA Expertise, 504 000 sinistres gérés par Pacifica et 650 000 opérations d’assistance réalisées par Europ Assistance. L'enquête exploite aussi les informations des 2 000 garages agréés d'Assercar.
Premier enseignement : les trois principaux postes émetteurs d'émissions sont le véhicule de courtoisie, la peinture et les réparations de tôlerie. En moyenne la gestion d'un sinistre automobile, à partir de l'assistance, émet l'équivalent de 146 kg de C02 (et 19 kg de C02 pour le bris de glace). Ramené à l'ensemble de la vie d'un véhicule, sa réparation représente moins de 1 % de ses émissions annuelles.
22 % d’économies de CO2 possibles
L'assistance concentre 10 % de ces rejets de C02. En très grande majorité, ce sont leurs véhicules de remplacement (dans 5 % des cas) qui les émettent.
Les voitures de courtoisie prêtées (sept fois sur dix) par les réparateurs représentent, quant à elles, 37 % des émissions totales.
A l'atelier, l'étude note que la réparation des pièces émet 90 % de moins gaz à effet de serre que le remplacement. Alors que le recours à la Piec les divise par cinq. Côté peinture, un sinistre moyen émet 39,3 kg CO2. Toutefois AkzoNobel démontre qu'une très grande disparité demeure d'un carrossier à l'autre, pour un même type de réparation. L'empreinte carbone peut varier selon les méthodes, produits et leur consommation, ainsi que l'optimisation de la cabine de peinture, etc.
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Face à ces constats, le livre blanc encourage donc le prêt de véhicules électriques (VE). Il plaide aussi en faveur de la Piec et des systèmes de peinture économes en énergie. "En activant simultanément l’ensemble des leviers décrits, une baisse de plus de 32 kgCO2e sur les émissions totales de gestion d’un sinistre dommage pourrait être réalisée, soit 22 % d’économies de CO2 par sinistre", affirment ses rédacteurs.
Accélérer la décarbonation de la filière
Mais ceux-ci soulèvent aussi quelques problématiques à venir. Parmi elles, figure la possible généralisation du "gigacasting" (blocs d'éléments de carrosserie réduisant la réparabilité) par les constructeurs.
En outre, le recyclage des batteries de VE va devenir un enjeu majeur de l'électrification du parc roulant. Enfin, la sinistralité accrue de ces mêmes VE et leur réparabilité pèsera aussi sur leurs émissions.
"Nous visons à contribuer à une mobilité accessible, sûre, et durable en promouvant notamment les pratiques de réparation et d’accompagnement des automobilistes les plus vertueuses, tant sur le plan social que sur le plan environnemental, affirme Jean Prévost, président de BCA Expertise. Notre implication au travers de cette démarche s’inscrit tout naturellement dans cette perspective d’alignement des acteurs dans le cadre d’une feuille de route partagée en faveur de la décarbonation de la filière".
Reste que ces efforts pourraient entraîner des coûts supplémentaires pour les automobilistes. Aussi, si la majorité d'entre eux sont sensibles à la protection de l'environnement, seront-ils capables d'en assumer le prix ?
Retrouvez le livre blanc sur les émissions de CO₂ de la gestion des sinistres automobiles.