Weinmann se penche sur les nouvelles générations de carrossiers
Les carrossiers d'aujourd'hui ne peuvent plus transmettre leurs savoir-faire de la même manière qu'ils les ont eux-mêmes appris. Weinmann Technologies se penche sur cette problématique. Le concepteur de cabines de peinture et d'ateliers milite pour l'adoption de pratique RSE (responsabilité sociale et environnementale) pour gérer les équipes de réparateurs. Le spécialiste estime qu'il s'agit de la principale solution pour résoudre la pénurie de main-d'œuvre dans les ateliers.
La population des réparateurs vieillit. Ainsi, les plus de 55 ans y sont actuellement en croissance de 12 %. Alors que les moins de 25 ans y sont en baisse de 17,5 %. Encore plus inquiétant : seuls 33 % des jeunes sortant de formation sont encore employés dans une carrosserie trois ans après la fin de leurs études…
Déclin à surmonter
C'est la raison pour laquelle le spécialiste s'est récemment rapproché de Mobilians pour mener une étude sur la perception des métiers de la carrosserie – dont les résultats seront publiés en 2024. À cette fin, il a embauché une docteure en sciences sociales spécialiste de la conduite du changement. Celle-ci doit aider les carrossiers à transformer le fonctionnement de leurs entreprises.
Car, ces derniers ne peuvent plus gérer une équipe de jeunes de manière traditionnelle. Pour pérenniser leur atelier en le rajeunissant, il est nécessaire de s'adapter aux évolutions des mentalités. Autrement, les incompréhensions entre générations resteront sources de tension dans l'atelier. Il sera alors de plus en plus difficile de fidéliser ses équipes dans le contexte de pénurie de main-d'œuvre. Facteur parfois aggravé par l'environnement d'un atelier vieillissant, équipé d'outils commençant à dater.
Or, "les premières observations de notre étude sont accablantes pour les carrossiers", prévient André Courtois, dirigeant de Weinmann Technologies. Celui-ci insiste notamment sur le retard pris dans la valorisation de la main-d'œuvre en dix ans. Alors que le coût des pièces (+44,7 %), des consommables et de la peinture (+38,2 %) ont bondit, le taux horaire n'a progressé que de 10,8 %. Pour lui, la pérennité de la profession des réparateurs passe à la fois par la rentabilité de leurs entreprise et la valorisation du travail de leurs techniciens.
Adapter le management aux nouvelles générations
L'enjeu ? S'adapter aux attentes des nouvelles générations Y, Z et bientôt Alpha. Les plus anciens dans l'atelier – les babyboomers – ont évolués dans des entreprises auxquelles ils sont restés fidèles. La génération X (aujourd'hui de 42 à 63 ans) est restée proche de ces valeurs malgré un accès à l'emploi plus difficile. Mais ce n'est plus du tout le cas de leurs successeurs.
La génération Y (29 à 42 ans) accorde autant d'importance à son emploi qu'à sa vie privée. Le bien-être au travail est essentiel pour ses membres. Son successeur de la génération Z (17 à 28 ans) n'a plus d'attache et est de plus en plus exigeant vis-à-vis de son employeur. Autodidacte grâce à internet, elle ne reconnaît pas la légitimité de ses parents. Elle réclame une proximité dans le mangement pour se développer et s'épanouir au travail. Cela, alors que les relations extraprofessionnelles occupent une place croissante.
À l'avenir, Weinmann prévoit que la génération Alpha (moins de 17 ans) va encore évoluer. Les questions liées à la RSE dans l'entreprise devraient encore occuper une place plus importante. Point important : en 2028, les seules générations Y et Z représenterons 61 % des actifs. La génération X occupera 30 % des emplois (contre 46 % aujourd'hui).
Autant dire que les carrossiers ont du pain sur la planche pour s'adapter à ces évolutions. Certains s'y mettent déjà, mais ils seraient minoritaires… Dans tous les cas, la profession doit faire prendre conscience de ces problématiques aux apporteurs d'affaires pour faire accepter la valorisation de leur taux horaire. Condition sine qua non pour moderniser leurs équipements, revaloriser les salaires et redonner de l'attractivité à leur métier.