Les stations-service se meurent !
“La bataille des prix, ça se termine sur des ruines”, dixit Georges Plassat, P-dg de Carrefour. Ces dires reflètent une réalité économique qui frappe de plein fouet des pompistes ruraux accablés par la concurrence des grands distributeurs. René Carbonnel, président de la branche Carburants de la Fnaa, souligne cette concurrence déloyale en rappelant “qu’à partir de 1985 et la liberté des prix, la course aux centimes a fait énormément de mal aux stations-service”. L’homme, gérant d’une station à Roquefort-des-Corbières (11), pointe du doigt les MGS (moyennes et grandes surfaces), qu’il qualifie de “prédateurs” pour les petits pompistes. Pour ne rien arranger au malheur des stations-service, les grands pétroliers commencent à céder aux sirènes du discount. A l’instar de Total et de son offre Access, les autres pétroliers pourraient adopter l’offre à prix réduits créant “un effet boule de neige” fatal pour les indépendants.
“Coup de poignard”
Depuis 1994 et le boom des MGS, la Fnaa se bat pour que le maillage des stations-service ne se désagrège pas. Seulement, l’Etat, à travers la loi Bachelot de 2009, a indirectement pris parti pour la grande distribution en prohibant la vente d’alcool dans les stations-service. “En achetant de l’alcool sur place, les clients en profitaient pour faire le plein. Aujourd’hui, ils achètent en grande surface, et font le plein là-bas. C’est un coup de poignard contre les détaillants de carburants”, accuse René Carbonnel. Les petits détaillants doivent aussi faire face à la montée en puissance de la grande distribution à l’échelle locale, à travers des enseignes type Carrefour Market. Le “crime parfait”, selon le président de la branche Carburants de la Fnaa. Gérard Polo, président de la fédération, souligne quant à lui “le risque d’une situation de monopole dans le domaine”, à moyen terme. S’ils veulent subsister, les indépendants sont dans l’obligation de diversifier leurs activités (lavage, alimentation, service postal).
La Datar (Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale) recense 871 “stations clés” en France. Parmi elles, 629 sont des stations dites traditionnelles, à faibles filtrages (250 à 500 m3 par an), et ce sont justement celles-ci les plus menacées. Si jamais elles venaient à disparaître, la situation de désertification serait avérée.
Anthony Schwing