Rétromobile, joindre l’utilitaire à l’agréable
Installer un camion sur un stand à Rétromobile, exposition à la fois mondaine et populaire de l’automobile de collection, tient du défi, car le mètre carré d’exposition se courtise à prix d’or. Outre la présence traditionnelle de la Fondation Berliet, on a pu admirer un très beau OM 150 utilisé par la “Scuderia Ferrari” pendant les années 60, peut-être pas de quoi satisfaire les amoureux des utilitaires. Où trouver les collectionneurs de ces modèles ?
Présente depuis toujours sur Rétromobile, la Fondation Berliet a initié la collection des utilitaires. “Elle est née de la volonté de Marius Berliet de sauvegarder l’esprit de tradition et de modernité de la marque, explique Monique Chapelle, vice-présidente de la Fondation. La collection de la Fondation compte 300 véhicules et, actuellement, 350 000 documents représentant environ 30 marques. La Fondation couvre l’industrie des utilitaires de 1884 jusqu’à 2015. L’ensemble de la collection vient de dons et du travail de bénévoles.” La collection automobile, selon les recensements de la FFVE, compte plus d’un million de véhicules, que leurs propriétaires utilisent régulièrement à l’occasion de rassemblements, rallyes ou promenades individuelles.
Pour les poids lourds, “ils sont souvent dans des musées, reconnaît Jean-Claude Accio, président du Musée du poids lourd de Montrichard, et responsable de la commission Utilitaires de la Fédération française des véhicules d’époque (FFVE).
1 000 à 2000 camions de collection
Si la Fondation Berliet en regroupe près de 300, le Musée de Montrichard en compte 150. La contrainte de la collection poids lourds est l’espace nécessairement très important pour loger de gros véhicules. Les collectionneurs se regroupent donc souvent en association, ce qui permet à la fois de mettre les véhicules à l’abri et de réaliser des projets de restauration. On peut ainsi compter 1 000 à 2 000 véhicules utilitaires de collection. Les amateurs peuvent avoir jusqu’à 10 véhicules.” La difficulté vient de l’usage de ces camions, qui nécessitent de posséder le permis poids lourd, des locaux nécessaires à leur entretien, et de disposer des pièces détachées, introuvables après la vie normale de ces véhicules. Selon la FFVE, une restauration peut coûter entre 10 000 et 60 000 euros. Ensuite, les modèles effectuent un kilométrage moyen de 600 à 1 000 kilomètres chaque année. La FFVE prépare actuellement une grande manifestation pour 2016. “Au sein de la FFVE, la commission poids lourds et utilitaires prépare une commémoration des 100 ans de la Voie sacrée, annonce Jean-Claude Accio. Le projet prévoit d’accueillir plus de 20 camions de l’époque, et des camionnettes. Le trajet doit joindre Bar-le-Duc à Verdun, du 6 au 18 juin 2016.”
Le principal enjeu, pour les collectionneurs de poids lourds anciens, vient de la possibilité de continuer à faire rouler ces véhicules. “Il faut obtenir le passage du contrôle technique des utilitaires à 5 ans, qui prend en compte les faibles distances parcourues, note Jean-Claude Accio, et faire sauter la limitation de transport de deux passagers seulement pour les autocars anciens.”