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Equipements

Analyse des gaz : le diagnostic mécanique

Publié le 19 août 2013
Par Jean-Marc Felten
4 min de lecture
Le diagnostic électronique a amené les réparateurs à oublier les vertus du diagnostic mécanique. L’analyseur de gaz qui dort au fond de l’atelier peut pourtant encore être utile. Mode d’emploi.
Le contrôle des émissions polluantes est un outil de diagnostic qui complète le diagnostic électronique.

L’électronique galopante dans tous les systèmes automobiles relègue le diagnostic mécanique à une époque révolue. Pourtant, l’utilisation des équipements d’analyse traditionnels donne accès à des informations sur les dysfonctionnements qui échappent à l’électronique.

L'analyse 5 gaz

L’analyseur de gaz, qui ne servait qu’au réglage du carburateur pour les taux de CO et CO2, est remis au goût du jour en affichant désormais 5 gaz, suivis par la réglementation : O2, CO, CO2, HC et NOx. Le système de dépollution est là pour ramener les valeurs aux normes d’homologation, mais celles-ci sont mesurées avec des équipements de laboratoire qui diffèrent totalement des appareils de mesure. En condition d’utilisation normale du véhicule et avec les appareils de mesure de l’atelier, les chiffres affichés nécessitent une interprétation.

Dans le contrôle technique, la mesure des polluants qui est réalisée, contrôle l’efficacité du pot catalytique et la valeur “Lambda”. Cette dernière indique le taux d’oxygène dans les gaz d’échappement. C’est une indication symptomatique de l’équilibre de la combustion.

Théoriquement, le taux d’oxygène à l’échappement est au minimum de 0,5 %, qui permet au catalyseur 3 voies de fonctionner.

En fonctionnement normal, les émissions à l’échappement se situent aux valeurs suivantes :

(au ralenti) (à puissance maxi)
CO : 100 à 450 ppm 350 à 2 000 ppm
CO2 : env. 3,5 % en volume 12 à 16 % en volume
O2 : 18 % en volume 2 à 11 % en volume
HC : 50 à 500 ppm - de 50 ppm
NOx : 50 à 200 ppm 600 à 2 500 ppm

L’équilibre parfait entre oxygène et carburant dans la combustion est d’un rapport de 14,7 g d’air pour 1 g de carburant. Cette valeur est dite stœchiométrique, et le “Lambda” qui établit le rapport air/essence réel divisé par le rapport stœchiométrique est de 1 dans le cas idéal, supérieur à 1 si le mélange est trop pauvre, inférieur s’il est trop riche (excès de carburant). En réalité, la valeur normale se situe entre 14,6 et 14,8 à 1. Pour ces valeurs normales, le “Lambda” est situé entre 0,90 et 1,10. Pour moins de 0,97, le mélange est riche, pour 1,04, le mélange est pauvre.

Sur les véhicules catalysés, une sonde mesure le volume d’oxygène présent dans les gaz en amont du catalyseur, pour permettre au calculateur de corriger la richesse du mélange et permettre le bon fonctionnement du convertisseur catalytique. Sur les modèles les plus récents, deux sondes sont placées, la seconde étant après le catalyseur et servant à contrôler l’efficacité du pot catalytique. Ces sondes ont une tension de courant à leurs bornes, qui varie en fonction de la teneur en oxygène. De 400 mV pour un lambda de 1, la tension monte à 800 mV par appauvrissement en oxygène (mélange riche) et descend à 50 mV par appauvrissement en carburant.

Utilisation

Des résultats fournis par l’analyseur de gaz, (bien que modifiés par la présence du catalyseur) le réparateur peut tirer des conclusions le menant vers des dysfonctionnements. On prendra soin de noter les valeurs au fil de la recherche de panne, voire de les imprimer si l’appareil le permet. Les mesures se font à température de fonctionnement.

Tableau de diagnostic :

Si une injection d’air secondaire est présente (moteur essence), il faut la neutraliser pour ces mesures.

Valeurs caractéristiques

Gaz Ralenti 1 500 tr/min 2 500 tr/min Problème et cause
HC (ppm) 0 à 150 0 à 135 0 à 75 Lecture normale
CO (%) 0,1 à 1,5 0 à 1,1 0 à 0,5
CO2 (%) 10 à 12 11 à 13 Valeurs stables
O2 (%) 0,5 à 2,0 0,5 à 2,0 0,5 à 1,25
HC (ppm) 0 à 150 0 à 135 0 à 75 Mélange riche
CO (%) 3,0 (+) 3,0 (+) 3,0 (+) - système carburant
CO2 (%) 8 à 10 8 à 10 9 à 11 - alim en air
O2 (%) 0 à 0,5 0 à 0,5 0 à 0,5 - conso huile
HC (ppm) 0 à 150 0 à 135 0 à 75 Mélange pauvre
CO (%) 0 à 1,0 0 à 0,8 0 à 0,25 - système carburant
CO2 (%) 8 à 10 10 11 - alim en air
O2 (%) 1,5 à 3,0 1,0 à 2,5 1,0 à 2,0 - prise d’air
HC (ppm) 50 à 850 50 à 850 50 à 750 Mélange pauvre
CO (%) 0 à 0,3 0 à 0,3 0 à 0,30 et ratés
CO2 (%) 5 à 9 5 à 9 6 à 10 - alimentation
O2 (%) 4 à 9 4 à 9 2 à 7 - allumage
HC (ppm) 50 à 850 50 à 850 50 à 750 Raté d’allumage
CO (%) 0,1 à 1,5 0 à 1,1 0 à 0,8 - EGR
CO2 (%) 6 à 8 6 à 8 8 à 10 - allumage
O2 (%) 4 à 12 4 à 12 4 à 12 - gestion

Utilisation des résultats

Les mesures réalisées mettent en avant des excès ou un défaut d’un gaz par rapport aux valeurs régulièrement préconisées. De chaque type de défaut, il est possible de suspecter un contrôle mécanique à réaliser. Quelques exemples, dans les tableaux qui suivent.

- CO trop élevé : (supérieur à 1,5 %)
Système d’injection – injecteurs, régulation de pression d’alimentation, sonde de température (trop basse, commande l’enrichissement), capteurs de pression absolue et débitmètre ;
Système d’alimentation d’air, filtre ;
Sonde à oxygène (sonde Lambda) ;
Allumage.
- O2 trop bas et CO élevé :
Alimentation de carburant (trop riche) ;
Filtre à air et circuit d’air.
- O2 trop haut et CO bas :
Alimentation en carburant
(filtre et injecteurs) ;
EGR ;
Allumage ;
Compression.
- NOx trop élevés :
Système EGR bloqué ou dysfonctionnant ou circuit de recirculation ;
Système d’allumage ;
Température moteur, refroidissement, thermostat, ventilation ;
Circuit de dépression, fuite au servofrein, capteur.
- CO2 trop bas : (inférieur à 10 %)
Etanchéité de l’échappement ;
Mise en place ou état de la sonde ;
Réglage de la richesse, filtre à air, circuit d’enrichissement au démarrage.
- CO et HC trop élevés : (supérieur à 150 ppm)
Injection (injecteurs, régulateur de pression) ;
Circuit d’air (filtre) ;
Contamination de l’huile ;
Système d’allumage ;
Compression.
- HC et NOx trop élevés :
EGR, fonctionnement global ;
Remontées d’huile (segments ou joints de queues de soupapes).
- CO, HC et NOx trop élevés :
Catalyseur endommagé ;
Gestion électronique, circuit électrique et capteurs.

Conclusion

Confirmée par l’examen des valeurs et des codes défauts éventuellement présents dans la mémoire des calculateurs, l’interprétation des valeurs d’émissions de gaz d’échappement permet de déterminer des défaillances sans démontage et d’éliminer des causes simples avant de faire des recherches coûteuses. La réutilisation de l’analyseur de gaz est donc très intéressante, d’autant plus que les analyseurs 5 gaz sont désormais proposés par plusieurs fabricants.

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Notre avis

TOP
+++ Un appareil fiable
+++ Multiplier les sources d’information
++ Une preuve de compétence

FLOP
-- Entretien de l’appareil à surveiller
-- L’interprétation parfois contestable
-- Pistes, mais diagnostics à confirmer

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Les fabricants et fournisseurs

Actia Muller www.actiamuller.com
AVL Ditest www.nussbaum-france.com
Capelec www.capelec.fr
Maha www.maha.de
Fog www.fog-automotive.com
SPX Europe www.spxeurope.com
Logiciel d’interprétation
Spheretech www.spheretech-europe.com
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