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Distribution

Altone remonte la Garonne

Publié le 4 avril 2023
Par Romain Baly
4 min de lecture
Grande figure de la pièce détachée à Toulouse (31), la société dirigée par Edmond Benchetrit et Laurent Wojtu s’est développée en 2022 en s’implantant à Bordeaux (33). Un choix guidé par la volonté de se rapprocher de la clientèle locale à laquelle Altone propose une offre différenciante, en bonne partie tournée vers la pièce technique.
Altone Aquitaine a ouvert ses portes en février 2022.

Malgré quelques péripéties, Altone a réussi à arriver là elle voulait être. À Bordeaux, en l’occurrence, même si l’opération aura pris plus de temps que prévu. Ce projet de développement, Edmond Benchetrit et Laurent Wojtu, dirigeants de la société toulousaine, ont commencé à y réfléchir dès 2019. À cette époque, sur un marché de l’immobilier professionnel déjà tendu, ils trouvent même leur bonheur et se positionnent sur un entrepôt à Floirac (Gironde). Mais 15 jours avant la signature, les deux hommes déchantent en apprenant que la municipalité a décidé de préempter le site. Retour à la case départ, avec un sentiment un peu amer.

Pour nous, c’était très important de nous implanter ici, relate Edmond Benchetrit. On était déjà plutôt bien installés sur et autour de Bordeaux, mais on voulait offrir un meilleur service à nos clients.” Comprendre par-là, passer d’un modèle de livraisons en J+1 à un autre en H+4, qui est devenu la norme dans la profession.

Toujours aussi motivés par leur projet, les dirigeants reprennent leur bâton de pèlerin, font jouer leur réseau et finissent, presque par hasard, par tomber sur un local bientôt vacant à Latresne, sur les rives de la Garonne, à 10 minutes au sud de Bordeaux. Bien placée et d’une superficie satisfaisante, la plateforme coche de nombreuses cases.

Après quelques aménagements, Altone Aquitaine est officiellement inaugurée par ses nouveaux occupants en février 2022. “C’est une belle opportunité, juge Laurent Wojtu. La configuration de la métropole bordelaise est un peu particulière. Le foncier est coûteux, et certains coins sont complètement saturés jusqu’à 10h du matin et à partir de 15h. Les clients sont très attentifs à ne pas perdre de temps dans les bouchons.”

Une vraie culture du stock

À Latresne, Altone s’appuie donc depuis un an sur une plateforme de 1 000 m² au sol, et 1 600 m² au total. Placée sous la responsabilité de Julien Airault, elle expédie 80 à 100 colis quotidiennement, avec l’appui d’un stock de 20 000 références. Dans un cas comme dans l’autre, c’est beaucoup moins qu’à Toulouse où la société prépare plus de 500 commandes chaque jour avec son stock XXL de 170 000 références (à fin 2022).

Mais les chiffres ne disent pas tout, et notamment qu’un élément essentiel rassemble les deux sites : en Haute-Garonne comme en Gironde, Edmond Benchetrit et Laurent Wojtu entendent servir coûte que coûte leurs clients et ne jamais dire non, tant que faire se peut. Un véritable leitmotiv.

Aujourd’hui, les grossistes stockent de moins en moins, parce que ça coûte cher, que ça prend de la place, etc., et ils attendent que leur plateforme leur offre cette profondeur de gamme”, souligne le second. Son alter ego apporte un autre éclairage : “Désormais, la moitié de notre business se fait sur du dépannage. Nous sommes reconnus pour ça, et cela nous convient très bien. En tant qu’indépendant, que ce soit à Toulouse ou à Bordeaux, on sert tout le monde, sans distinction.

Pour rester fidèle à cette stratégie tout en jonglant avec un site dont il sera difficile de pousser les murs, les dirigeants ont mis en place des navettes journalières entre leurs deux plateformes pour réajuster les stocks et ne pas louper une vente. L’une et l’autre sont interconnectées. Donc si un client bordelais cherche une pièce absente de sa plateforme mais présente dans la Ville rose, il pourra l’obtenir de façon totalement invisible et sans surcoût. Un process évidemment valable en sens inverse.

 

Edmond Benchetrit et Laurent Wojtu, dirigeants de la société, entourent Kévin Langlade, préparateur de commandes chez Altone Aquitaine.

 

Le potentiel de la pièce technique

Par ailleurs, ce qui différencie plus profondément ce nouveau site de l’historique tient dans la spécificité de son offre. Edmond Benchetrit et Laurent Wojtu ont voulu donner une identité beaucoup plus technique à Altone Aquitaine. Et ce, pour plusieurs raisons.

La première, c’est que, au-delà de les livrer plus rapidement, on voulait aussi apporter un nouveau service à nos clients, et la pièce technique en est vraiment un. La deuxième, c’est que c’est un marché en pleine expansion, même si des lacunes demeurent en bout de chaîne, chez les réparateurs, notamment sur le plan de la formation. La troisième, enfin, c’est qu’ici, à Bordeaux, ce sujet est étonnamment assez peu développé. C’était donc une opportunité de se positionner dessus”, détaille Laurent Wojtu.

Pour donner un ordre d’idées, près de la moitié des 19 cartes référencées concernent la pièce technique. Un choix payant puisque la plateforme réalise, rien que sur ce segment, 40 % de son chiffre d’affaires. Le résultat, flatteur, est cohérent avec le parti pris initial. Dernier point important, celui de la politique tarifaire.

Comme tous ses confrères du Groupement des plateformes indépendantes (GPI), Altone a construit sa réputation et son succès sur son stock, c’est indéniable, mais aussi sur une stratégie commerciale offensive, agressive d’après certains concurrents, quelques-uns – un peu jaloux, ou mauvais joueurs – qualifiant même les GPI de “shérifs” dégainant une remise à la moindre occasion. Les intéressés connaissent ce refrain, qui les laisse de marbre.

Notre idée, c’est d’appliquer le bon prix. Et un bon prix, c’est un prix juste, affirme Edmond Benchetrit. Il faut respecter les marché. Avant, celui de la pièce technique était moins développé, donc les clients ne cherchaient pas forcément des remises. Aujourd’hui, les choses évoluent et il est normal qu’Altone adapte son positionnement tarifaire.”

Déjà à l'étroit…

Sûr de ses forces et de ses idées, le distributeur toulousain semble avoir trouvé sa place sur les rives de la Garonne. Membre de GPI, Altone ne peut toutefois pas brandir le panneau de son groupement à Bordeaux, celui-ci étant déjà représenté par un adhérent, Béziat en l’occurrence, sans que cela pose le moindre souci.

Nous n’avons aucun problème avec ça. Sur l’ensemble des équipementiers référencés, seulement deux, avec lesquels nous n’avions pas d’autre choix, sont communs à nos structures. Altone n’est pas venu ici pour casser la concurrence, mais pour apporter un vrai service”, complète Edmond Benchetrit. Tout semble réuni pour que ce développement se confirme et perdure.

Seul hic : la société paraît déjà à l’étroit dans son entrepôt. Et si tous les rayonnages sont continuellement réajustés pour accueillir le plus de pièces possible, cette solution ne semble pas pérenne à moyen et long terme, alors que les deux dirigeants souhaitent faire grossir leur stock. Un casse-tête qui est peut-être le prix à payer lorsque l’on veut servir les clients sans relâche.

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