Bénédicte Bohbot, l'endroit et l'envers du décor
Et petit à petit, la passion a fait son nid. Il en faut parfois peu pour susciter de grandes vocations. Celle de Bénédicte Bohbot est née très tôt. Pour elle, l'automobile demeure une image d'Épinal. Celle véhiculée et partagée par un parrain, vendeur en concession, qui "venait toujours avec une belle voiture aux repas de famille", notamment cette 505 qui reste, encore aujourd'hui, gravée dans sa mémoire.
À la question de savoir ce qui l'attirait foncièrement dans cet objet iconique, Bénédicte Bohbot cite la panoplie complète de la parfaite mordue : le design, les formes, la vitesse, l'esprit de liberté, l'innovation…
Autant de centres d'intérêt qui vont progressivement construire ses envies et sa vie. À l'heure de choisir sa voie, elle opte pour des études de commerce, à Rennes (35), durant lesquelles elle réalise des stages en concession. Une confirmation, s'il en fallait une, que ce monde est bel et bien fait pour elle.
Paradoxalement, au moment d'entamer sa carrière, Bénédicte Bohbot prend le contrepied. Plutôt que l'univers de la vente, ses showrooms chauffés et ses nouveautés lustrées, elle s'oriente vers celui de l'après-vente, "un domaine très intéressant et en constante évolution", souligne-t-elle. Au milieu des années 90, Peugeot cherche de jeunes diplômés pour aller sur le terrain et soutenir son activité accessoires. Bénédicte Bohbot coche toutes les cases et la voilà recrutée pour travailler cette famille de produits dans la région lyonnaise.
À cette époque, nous étions peu de femmes dans cet univers et j'étais regardée avec de gros yeux lorsque j'arrivais dans les ateliers. Mais cela n'a jamais été un problème ; j'étais même un peu fière de ça.
Une révolution vécue de l'intérieur
Au bout de trois ans, elle fait un détour par le monde des logiciels, chez Sage, puis dans un cabinet de conseil. En 2007, la voilà de retour dans l'automobile, et pas n'importe où. Nommée responsable marketing et communication de Nissan West Europe, elle va vivre de l'intérieur une véritable révolution. Dans les rangs du constructeur nippon, elle participe au lancement de la Leaf et accompagne l'émergence de l'électrique.
"Une chance, sourit-elle. C'était une expérience très enrichissante car le sujet était tout nouveau. On avait un véhicule qui était extraordinaire, pour lequel tout avait été pensé et anticipé de A à Z, et qui ne cessait d'évoluer." Avait-elle conscience de ce qui était en train de se jouer ?
L'émulation dans les équipes et chez nos partenaires était très forte. On sentait qu'on commençait à bâtir le futur de la mobilité.
Promue par la suite responsable des partenariats VE, de l'innovation ou encore des nouveaux produits, elle quitte le constructeur au bout de dix ans pour rejoindre Jaguar-Land Rover en tant que… directrice marketing véhicules électriques ! Un sujet qui lui colle définitivement à la peau, elle qui se dit fascinée par la technologie de ces modèles.
À l'été 2023, après avoir déjà vécu de nombreuses aventures dans le monde de l'auto, sa nomination en tant que directrice marketing pour l'Europe de l'Ouest de Bridgestone EMIA est pour elle "un prolongement naturel" de son parcours. Le groupe japonais lui permet de nourrir son goût pour l'innovation et le développement durable, alors que Bridgestone consacre chaque année 600 millions d'euros à sa R&D et s'est fixé des engagements extrêmement ambitieux en matière de durabilité.
Cette année, un autre défi se présente à elle : la gestion du partenariat avec les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, dont le fabricant de pneumatiques est partenaire. "C'est un projet extraordinaire", conclut-elle.