Decharenton, incontournable et atypique

Dans toute la galaxie Autodistribution, Decharenton est loin d'être le représentant le plus connu du groupement. Une question de culture, du genre discrète pour le distributeur normand, et d'histoire, riche et singulière au demeurant. Si le groupe s'inscrit dans la lignée des Rembaud, Talbot, Fichou, Thomé, LVR, APA, Fradis ou Loire Dia, autres distributeurs Autodistribution ayant eu les honneurs des Grands Prix de la Rechange, celui-ci se démarque.

En effet, en arrivant sur le site spectaculaire de Saint-Hilaire-du-Harcouët (50), on cherche les panneaux bleu et rouge… En vain : aucun des 14 sites Decharenton n'arbore les couleurs du groupement.

C'est le poids de l'histoirerésume Richard Alleaume, directeur général.

Une histoire cultivée depuis près de 90 ans. C'est en 1933 que M. Decharenton crée à Saint-Hilaire-du-Harcouët son entreprise spécialisée dans l'électricité automobile. L'affaire trouve son public avec l'essor de la voiture, se fait un nom, se duplique à Flers (61), tant et si bien qu'en 1968, le fondateur demande à son beau-fils, Jacques Pellevet, de l'épauler dans le développement. Les deux hommes vont progressivement constituer, par croissance externe, un petit groupe au savoir-faire reconnu.

Un adhérent hybride

En quelques années, les sociétés Leroux-Brochard, Desert et Sodiama intègrent Decharenton. Elles-mêmes ayant chacune une histoire, des spécificités, un fort ancrage local et une image professionnelle, Jacques Pellevet ne souhaite pas dénaturer leur identité. Pas question donc de changer de nom, ni de philosophie. À la fin des années 80, le maillage du distributeur est déjà conséquent et son adhésion au jeune groupement Autodistribution, un peu plus tôt, doit contribuer à pérenniser sa croissance.

Mais sur sa zone de chalandise (les départements du 14, 27, 50 et 61), le distributeur fait face à un autre membre de son organisation… Depuis cette époque jusqu'à aujourd'hui, le normand a donc toujours été un adhérent hybride qui profite du soutien de son groupement sur les services amont (pièces, logistique…), mais pas aval (bases clients, gestion des réseaux…).

Le groupe Decharenton rayonne sur les départements du 14, 27, 50 et 61 avec 14 points de vente).

Le plus étonnant dans tout ça est que, finalement, personne ne trouve à y redire. D'autant que Decharenton a pu de cette façon réaffirmer son indépendance, tout en inventant des solutions pour contourner certains problèmes. Sur la partie réseau, par exemple, l'un de ses points forts, ne pouvant développer les enseignes AD (Garage, Expert, Carrosserie), le groupe a construit ses propres enseignes.

Grâce à Primum Auto et Cars, il revendique 120 garages affiliés avec des réseaux présentant un socle d'actions globales communes et des actions propres à chaque site, plus localisées et adaptées aux spécificités de chacun. De quoi placer Decharenton en concurrence directe de son groupement sur plusieurs zones.

Un savoir-faire diversifié

L'autre force du distributeur tient dans son réseau d'agences et leur fonctionnement. Si toutes cumulent distribution et réparation (un sujet incontournable, un tiers des 450 salariés s'y consacrant), 4 des 14 implantations du groupe servent de “sites pivots" avec 50 000 à 60 000 références stockées (2 à 3 millions d'euros en valeur). Des navettes intragroupes font la liaison entre chaque site, et Decharenton peut compter sur des réapprovisionnements quotidiens venant de Réau (plateforme nationale Autodistribution) et Bremstar (plateforme PL du groupement). Dans chaque implantation, une forme de pluralisme est de rigueur.

L'histoire de son évolution faisant, le groupe a pu développer au fil du temps de multiples spécialités. Voitures, poids lourds, véhicules industriels, agricoles ou TP, peinture, diesel, outillage, pneumatique… la palette est extrêmement large.

Notre credo est assez simple : chaque garage ou carrosserie doit trouver chez nous ce dont il a besoinrésume Jérôme Crespin, directeur général du groupe et responsable de l'activité PL.

Une gestion quadricéphale

Aujourd'hui, la feuille de route se veut fidèle à l'image du groupe. "On avance avec humilité et prudence", souffle Pascal Renault, directeur général et responsable de l'activité industrie, agricole et outillage. Ce dernier est confirmé dans son propos par Éric Luquas, dernier membre du quatuor de DG, à la tête du VL : "On n'a pas d'objectifs démesurés. On a eu la chance de reprendre une entreprise qui se portait bien et ne nécessitait aucune rupture."

On en vient là à la dernière grande spécificité de Decharenton. Lorsqu'en 2017, Jacques Pellevet souhaite laisser les manettes de son entreprise pour profiter d'une retraite bien méritée, il entend transmettre cet héritage plutôt que de réaliser une fructueuse opération financière. Face à cette situation, Pascal Renault, qui a rejoint le distributeur en 1994, suivi en 2001 par Éric Luquas, en 2002 par Richard Alleaume et en 2008 par Jérôme Crespin, très attachés à leur patron et l'institution qu'il a montée, reprennent le flambeau.

Jacques Pellevet nous a accompagnés et il était très heureux de voir ses cadres lui succéder, car il était très attaché à la notion de transmission. Les équipes avaient énormément de valeur pour luisalue Richard Alleaume.

Les quatre hommes portent aujourd'hui le projet. Si chacun travaille sur un périmètre bien défini, tous parlent d'une même voix et se complètent bien. "On fonctionne vraiment à quatre, insiste Pascal Renault. C'est une vraie richesse sur le plan humain." Et comme les associés s'apprécient, n'hésitant pas à blaguer et à se taquiner, l'ambiance se trouve elle aussi au beau fixe. De quoi voir venir…