Exadis revoit les choses en grand
De l'ombre à la lumière, avec ses hauts et ses bas, la vie d'une entreprise se résume rarement à un long fleuve tranquille. Débutée en 2006 à la suite du rachat par Laurent de l'enseigne Secauto, l'histoire d'Exadis est à cette image. Aux alentours de 2015, à cause des difficultés rencontrées par sa maison mère, le réseau de plateformes était dans le creux de la vague. Entre des perspectives de développement réduites à néant, des stocks en souffrance faute de cash pour les financer et des fournisseurs mécontents des retards de paiement, la situation n'avait vraiment rien de réjouissant.
L'éclaircie a surgi de façon inattendue. En septembre 2019, Mobivia entre au capital aux côtés de Renault et du groupement des concessionnaires au losange (GCR) pour s'associer dans un improbable tour de table. Leurs objectifs sont différents : Mobivia veut capter le marché B2B et disposer d'un maillage logistique régional, tandis que Renault entend développer l'offre après-vente avec la pièce d'équipementiers.
Mais leur ambition est identique. Bien lancée, l'histoire aurait pu s'enrayer. En mars 2020, le Covid-19 frappe un grand coup à la porte des Français. Le confinement paralyse tout le pays et gèle, dans de nombreuses entreprises, le moindre projet de développement. Mais pas chez Exadis. Au printemps, ses actionnaires décident d'investir massivement pour compenser la perte du groupe Laurent, qui représentait le plus gros client d'Exadis, et relancer la machine. Un choix gagnant. Peut-être même plus qu'espéré.
Un CA multiplié par deux en trois ans
Car la trajectoire de la société lyonnaise depuis trois ans est juste exceptionnelle. Son chiffre d'affaires est passé de 54 millions d'euros à fin 2020 à 115 millions en 2023. Nommé à la direction générale d'Exadis quelques mois après le rachat, Jean-Christophe Barthelet se félicite d'une dynamique qui ne doit rien au hasard. Avoir des moyens sans stratégie s'apparente à un coup d'épée dans l'eau. Depuis quatre ans, Exadis sait précisément où et comment aller. Sa croissance tient en plusieurs points clés.
À commencer par un enrichissement de l'offre. Toutes les familles de produits ont été renforcées avec l'apport de marques premium (Brembo en freinage, Mann+Hummel en filtration, Gates en distribution, etc.). Le spectre a aussi été élargi avec le développement de l'offre à des segments de pièces techniques et remanufacturées.
La cible de clients potentiels a également été agrandie. Historiquement bien identifiée auprès des centres autos, la société a fait une percée remarquée auprès des acteurs de la distribution traditionnelle. "Une vraie réussite", selon Xavier Barbanceys, directeur commercial adjoint.
Enfin, un travail de longue haleine, toujours en cours, s'est amorcé pour réorganiser le schéma logistique, aujourd'hui composé d'une plateforme nationale, à Saint-Priest (69), et de sept autres régionales aux tailles variables. Après Saint-Priest, Paris demeure la plus importante eu égard au potentiel de sa zone de chalandise. Marseille, Toulouse et Lille s'inscrivent juste en dessous. Récemment modernisés, ces entrepôts concentrent environ 40 000 références. Enfin viennent les sites de Bordeaux, Nantes et Nancy, dont les stocks (environ 20 000 références) devraient augmenter sensiblement à court terme.
La digitalisation au cœur du développement
Si le maillage reste imparfait et à renforcer, ce qui n'est plus au stade de la réflexion mais bien de la concrétisation, c'est la digitalisation de l'entreprise. Un sujet qui a permis à Exadis de se différencier dès le départ, le réseau de plateformes ayant été l'un des premiers en France à déployer un ERP commun à tous ses sites.
Pour aller plus loin dans le suivi de ses opérations et le service proposé à ses clients, la société a investi deux millions d'euros pour changer de système. "On va faire un bond technologique", annonce le directeur des systèmes d'information, Romain Hourné. La migration est attendue pour le dernier trimestre.
L'an prochain, une enveloppe de 400 000 euros sera consacrée au "front office". Plus récemment, une application a été développée pour aider les transporteurs à savoir si leur commande, qu'ils peuvent récupérer dans des casiers à Paris et sur les autres plateformes, est prête.
Saint-Priest va encore évoluer
En perpétuelle mutation, la plateforme de Saint-Priest est à l'image de la stratégie dynamique mise en œuvre par le distributeur. Exadis a emménagé en 2012 dans cet entrepôt autrefois utilisé par La Poste. Pour devenir le porte-étendard de la société, des travaux d'agrandissement ont été réalisés. Le site, qui rassemble 120 des 180 salariés, s'étend désormais sur 9 000 m² déployés et stocke 85 000 références.
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L'intégralité de l'offre y est disponible. Si la zone de réception va être agrandie pour améliorer la mise en rayon des f lux entrants, la plateforme affiche aujourd'hui une organisation bien huilée. Son activité s'articule autour d'un convoyeur BOA qui serpente sur tout le rez-de-chaussée et la mezzanine. Les "fast movers" s'y trouvent à proximité, tandis que les rayons sont rangés par marque. L'étage concentre les "slow movers", soit un tiers du stock qui ne représente toutefois que 20 % de l'activité.
Le diable étant dans les détails, d'autres développements sont à l'étude. Pour optimiser le rangement et la préparation des colis, un scanner 3D pourrait faire son apparition. Un atout pour mieux calibrer les produits, et donc les contenants nécessaires à leur envoi. Sur la phase de préparation, la réflexion porte sur des solutions de fin de ligne automatisées. Une façon de gagner encore quelques points de productivité.
En quête de croissance externe ?
Plus globalement, d'autres axes d'amélioration ont été identifiés. Un gros travail s'opère déjà sur la partie RSE avec des certifications délivrées par Ecovadis et Inteliam, et la définition d'une charte d'engagements. Sur le plan RH, les équipes de la directrice des ressources humaines, Stéphanie Jacuzzi, multiplient les leviers pour séduire et fidéliser. Une vingtaine d'alternants évoluent chez Exadis dans un programme appelé Campus.
"C'est notre rôle d'accompagner ces jeunes, et c'est aussi une manière de préparer l'avenir", abonde Jean-Christophe Barthelet. Pour les plus jeunes cadres, la société a par ailleurs lancé l'initiative "vivier jeune potentiel" pour détecter des talents et les accompagner (sur le plan de la formation) vers des postes de management. Finalement, la stratégie d'Exadis donne l'impression de ne rien laisser au hasard. Tout est allé très vite depuis le rachat.
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L'ambition n'ayant pas de limites, l'idée est d'aller encore plus loin. Et pourquoi pas grâce à de la croissance externe ? "Poursuivre la croissance organique est l'enjeu majeur. Mais toutes les autres pistes de développement sont étudiées. Nous avons prouvé notre valeur pour mener les transformations, générer de la croissance profitable et susciter de la confiance, souligne le président. Exadis est prête à entamer un nouveau chapitre."