Pièces et pneus : une cohabitation vertueuse façon Distri Cash
Si discret et pourtant si incontournable. En trois décennies (le groupe a été fondé en 1991), Distri Cash a fait sa place dans le monde de la distribution de pneumatiques. De local à régional puis national, son rayonnement n'a eu de cesse de s'intensifier d'année en année. À pas de loup, il est ainsi devenu un mastodonte de la gomme tricolore avec 5,5 millions d'enveloppes écoulées en 2022 pour un chiffre d'affaires de 480 millions d'euros.
Dans un univers en constante complexification, la surmultiplication des références rend ingérable leur stockage chez les revendeurs et renforce de facto le rôle de Distri Cash et de ses confrères. Raison pour laquelle le groupe basé à Sainte-Soulle (17) va encore afficher cette année une croissance à deux chiffres pour un résultat attendu aux alentours des 550 millions d'euros.
Mais réduire sa réussite à sa simple expertise du pneumatique serait mentir. Alors que cette activité a longtemps été développée de façon désordonnée dans son réseau d'agences, Distri Cash a choisi en 2015 de structurer sa diversification dans la pièce détachée. Un nom est adopté – DCA – et une première plateforme, à Gennevilliers (92), inaugurée.
Loin de se croire arrivé eu égard à son succès dans le pneu, le distributeur a abordé ce virage en toute humilité. Appréhender ce nouveau business demandait une remise à plat du fonctionnement. En restant fidèle à ses valeurs initiales (des volumes, des marques, de la disponibilité, de la réactivité…), Distri Cash s'est adapté à ce nouveau monde.
Deux salles, deux ambiances
Mi-octobre, il a ouvert les portes de son site de Berre-l'Étang (13) à ses clients et à une poignée de journalistes. L'occasion de voir de l'intérieur comment cohabitent deux mondes proches sur le papier, mais si différents "à l'usage".
Inaugurée en juin 2020, en plein Covid, la plateforme s'étend sur 7 500 m2. Deux tiers de cette surface sont consacrés à l'activité pneumatique. Y sont stockés en ce début d'automne environ 86 000 produits dans des allées rangées au cordeau où rien ne traîne, du sol jusqu'au plafond juché à 13 mètres de haut.
Comme c'est la stratégie chez Distri Cash, les principales marques premium du marché (Michelin, Continental, Goodyear…) côtoient des noms quality (Kleber, Firestone…) ou budget (Sailun, Taurus, Tracmax…). Chaque jour, en moyenne, 2 300 enveloppes sortent de l'entrepôt et quasi autant y entrent grâce aux semi-remorques qui viennent le ravitailler. Ces flux, gérés par une quinzaine de collaborateurs, permettent de desservir deux fois par jour les clients de la région PACA.
Accolé à ce vaste espace, se trouve le dernier tiers du site, soit 2 500 m2 qui sont l'apanage de la pièce détachée. Avec un certain contraste, tant le calme de l'un tranche avec l'effervescence de l'autre. Logique pour une activité qui demande plus de main-d'œuvre et génère une démultiplication des commandes. Sur trois niveaux, 50 000 références sont stockées selon une logique de marques et de familles de produits.
Le réseau DCA va encore s'agrandir
Si l'espace dévolu à cette activité est plus restreint, la demande est bien là. Plus de 1 500 colis sortent chaque jour de l'entrepôt. Certains dans des cartons, d'autres sous film. Cette technique permet d'éviter les colis "à moitié remplis" avec un contenu mal adapté au contenant, et responsabilise les livreurs. Lionel Gautherie, le directeur du site, fait ainsi remarquer "qu'avec un carton, dans la précipitation, le livreur peut être un peu moins vigilant. Une pièce filmée, comme on la voit, il va y faire beaucoup plus attention."
C'est simple et pratique, encore fallait-il y penser. Quant à la question de savoir si les clients ont pris le pli de s'appuyer sur l'une et sur l'autre de ces deux activités pour leurs propres besoins, le responsable souligne la marge de progression qui existe encore. Mais "la plupart de nos comptes pneus ont aussi un compte pièces", se félicite-t-il.
Voilà donc comment fonctionne la rechange automobile façon Distri Cash. Et la recette semble porter ses fruits. À fin décembre, la pièce devrait peser 18 % du chiffre d'affaires du groupe. C'est quasiment quatre fois plus qu'en 2010. Et les perspectives de croissance sont bien là. En quelques années, le réseau DCA a considérablement grandi. Après Gennevilliers, des sites ont ouvert à Lille, Rennes, Bordeaux et Lyon, en attendant de trouver une solution à Rouen où la société a été victime d'un incendie cette année.
Si celui de Berre-l'Étang porte encore le nom de Logic System, repris en 2018, il n'en demeure pas moins un maillon essentiel de DCA. Une implantation est aussi espérée à terme dans l'Est, et la découverte de Toulouse est actée pour 2024. Le réseau peut par ailleurs compter sur le soutien du groupement Alternative Autoparts, auquel il est affilié depuis fin 2022.
75/25, le ratio idéal
Face à un marché du pneu instable et difficile à lire tout autant qu'à anticiper, Distri Cash voit dans la pièce une force, avec l'assurance d'une activité plus linéaire tout au long de l'année et qui est en réalité le parfait complément de son expertise initiale. Tout ceci vient parfaitement s'imbriquer dans une organisation pneumatique quant à elle bien plus mature.
La Rochelle (17), Valence (26), Dijon (21), Rennes (35) ou Berre-l'Étang constituent autant de vaisseaux amiraux, des "plateformes A" selon la classification maison, qui disposent d'une offre exhaustive. Mais leurs petites sœurs, dont la taille et le rayonnement sont moins importants, le sont tout autant.
Aujourd'hui, avec 27 implantations sur le territoire national, Distri Cash revendique un rayonnement homogène. L'idée n'est plus d'en créer de nouvelles, mais plutôt de moderniser ou d'agrandir certaines existantes. Façon pour le PDG Jean-Philippe Moyet et ses équipes de "choisir de ne pas choisir" face à la complexification du marché.
Pragmatique et réaliste, le PDG estime qu'un ratio 75/25 entre le pneu et la pièce constituerait à l'avenir un bon équilibre pour son groupe. Cela viendrait renforcer le statut de Distri Cash à la fois dans le pneu et dans la pièce.